La lettre volée

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L'Europe selon Verhofstadt

source iconographique: http://usinfo.state.gov/journals/itps/0604/ijpf/frtoc.htm
Une interview savoureuse de Guy Verhofstadt dans Le Monde du 10/2 ("Des Etats-Unis d'Europe avec les pays de l'euro").

Le premier ministre belge commence par expliquer que rien ne marche en Europe aujourd'hui (c'est marrant, avant le référendum ça ne transparaissait pas ces appréciations critiques). Pour finir, Guy Verhofstadt nous explique la véritable priorité de l'Europe (vous savez, le contrepoids aux USA) : devenir un « pilier de l'alliance Atlantique » !

Bravo à cette interview vérité, qui n'ouvrira peut-être pas beaucoup de yeux, mais peu importe, petit à petit l'Europe sera vue comme elle doit l'être : une pathologie qui se prend pour un remède.

  1. D'abord, donc, les aveux : « Pour le moment, nous n'avons qu'une sorte de catalogue d'objectifs, la "stratégie de Lisbonne", qui, en vérité, n'est pas une stratégie. On s'est fixé des buts à atteindre, sans dire comment, et avec quels moyens. » Là, l'électeur qui a voté non et à qui on a expliqué qu'il était ignorant doit comprendre qu'il n'était pas si bête, il avait bien repéré que la stratégie de Lisbonne, tout ce qui nous reste de politique macro-économique, est un tissu d'âneries inefficaces.

  2. Ensuite, la Constitution, au fond, on s'en fout : « Une des raisons du non français, et peut-être néerlandais (au projet de Constitution), est le sentiment que l'Europe n'avait pas la bonne réponse face au textile chinois ou au plombier polonais. Les vraies questions sont : comment rendre compétitives nos entreprises, quelle peut être notre approche commune des adaptations du marché du travail, comment éviter de tomber dans le dumping social ? Ce n'est pas en lançant quelques projets intergouvernementaux ou en essayant de sauver quelques éléments de la Constitution qu'on y répondra. ».

  3. Pour continuer, toujours plus de ce qui ne marche pas : « créons une fédération des Etats-Unis d'Europe avec les Etats de la zone euro. [...] Il faut désormais développer, sur la base de la convergence, non de l'harmonisation, une politique économique et sociale cohérente, au moins à l'intérieur de la zone euro. Avec un gouvernement économique ? En s'appuyant sur les compétences existantes, la Commission peut jouer ce rôle en rassemblant les commissaires responsables dans un vrai gouvernement socio-économique. » Là, petit interlude de ma part : je ne comprends pas comment on peut envisager que les Commissaires soient à la fois ministres des Etats-Unis d'Europe au sein de la zone Euro, et en même temps jouent un rôle pour le reste des Etats de l'Union non membres de la FEUE (fédération des Etats-Unis d'Europe, NDLR). Et puis s'il faut compter sur la compétence de Barroso pour nous sortir du marasme...

  4. Enfin, l'essentiel (la partie la plus longue des réponses de Verhofstadt) : « Quelles autres idées avancez-vous ? Je propose de développer l'espace Schengen pour créer un vaste espace commun de sécurité et de justice [Robert Badinter aussi, cf. ici ce que je pense de cette idée dictatoriale]. Ensuite, de bâtir une défense européenne pour en faire un pilier de l'Alliance atlantique. Nous pouvons aller plus loin que nos quelques expériences récentes de rapprochement, en nous interrogeant sur l'efficacité des dépenses militaires de l'Europe. Elles représentent la moitié de celles des Etats-Unis mais leur efficacité doit être de l'ordre de 10 % par rapport à elles. Troisième proposition : une véritable diplomatie européenne, avec notamment des représentations communes dans les institutions internationales. »

Bref, ce qui nous fera vraiment avancer, c'est de renoncer à nos armées qui ne servent pas assez, pour les placer au service de l'OTAN. Comme cela elles iront prendre l'air en Irak. C'est très bien, ça fera aussi baisser le chômage des jeunes. Et tant qu'on y est, il faudra que la France abandonne son siège à l'ONU au profit de la FEUE, puisque là est la signification de ce point 3.

Voilà une interview qui a le mérite d'être révélatrice. Vous l'avez sous les yeux, la nullité de ce projet anti-démocratique est flagrante. Peut-être que sur les cinquante lecteurs de ce billet, l'un d'entre eux un se trouvera-t-il convaincu de ce que j'expose.
C'est pour lui que j'écris.

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