1 Février 2008
L’Union européenne est l’objet d’un tel flot de propagande positive qu’il est difficile de dégonfler le ballon. Mais une analogie avec Apple m’est venue récemment. Voilà en effet une marque qui fait l’objet d’une attention extraordinaire, que l’on peut trouver un peu factice. Même si donc comparaison n'est pas raison, voici quelques idées, pour alimenter le débat...
Trois points me gênent en effet dans les produits Apple.
Tout d’abord, ils sont tout aussi propriétaires que leur concurrent Microsoft. Pendant longtemps les fichiers musicaux Apple ne pouvaient être lus que sur des machines Apple. De même le I-Phone n’est vendu aujourd’hui que sur certains réseaux – donnant lieu à une industrie du déverrouillage. Malgré son image sympathique, Apple est orientée vers le profit maximal et ne répugne pas souvent devant des mesurs destinées à conserver ses marges au détriment du consommateur.
Ensuite les produits Apple sont de conception tout-en-un. Achetez un ordinateur où toutes les pièces sont intégrées dans l’écran : si vous voulez changer la carte vidéo, jetez l’écran, le lecteur de DVD etc… Pas très convival finalement, l'objet est à prendre ou à laisser.
Enfin, les produits Apple sont chers. L’exemple récent du Mac Air montre d’ailleurs un peu les limites du système : la finesse de l’objet (un peu anorexique à mon goût, rendez nous des e-macs joufflus) se paie finalement très cher et l’Asus eeepc remporte un succès encore supérieur à ce nouveau portable Mac aux qualités survendues.
Pas mal de points communs donc avec l’Union :
Le logiciel de l’Union européenne est entièrement propriétaire. Il y a les défenseurs de l’Union, qui ont estimé une fois pour toutes que l’Union est votre avenir, et que vous en mangerez donc ad vitam aeternam, que vous le vouliez ou non. Et chaque nouvelle version est à prendre d’office, en raquant quelques compétences nationales supplémentaires au passage, au bénéfice des bonnes œuvres de l’Union.
C’est qu'enfin, comme pour les produits Apple, le projet Union européenne est à prendre ou à laisser. De même que sur un I-phone, la batterie est soudée à l’objet qu’elle alimente, et il ne paraît finalement possible que de jeter l’ensemble après usage. En ce sens, l’Union européenne est bien, comme les produits Apple, un produit catholique.
Comme l’écrivit Umberto Eco : « le Mac est contre-réformiste et a été influencé par le "ratio studiorum" des Jésuites. C'est un système gai, convivial, amical, il dit au croyant comment il doit procéder étape par étape pour atteindre - sinon le Royaume des Cieux - le moment où le document est imprimé. C'est une forme de catéchisme : l'essence de la révélation est abordée au moyen de formules simples et d'icônes somptueuses. Chacun a droit au Salut.
DOS est Protestant, voire même Calviniste. Il permet la libre interprétation des écritures, réclame des décisions personnelles difficiles, impose une herméneutique subtile à l'utilisateur et tient pour acquis que tout le monde ne peut pas atteindre le Salut. Afin de faire fonctionner le système, il faut interpréter soi-même le programme : loin de la communauté baroque des fêtards, l'utilisateur est enfermé à l'intérieur de la solitude de ses propres tourments. »
(oui la démocratie est sans doute plus protestante que catholique, ça peut se discuter mais il y a des arguments en ce sens).
Enfin, malgré toutes les avancées supposées de l’Union européenne et notamment de sa dernière version, c’est bien cher payé pour si peu d’avantages. Rien de concret à attendre des nouvelles compétences concédées à une technostructure conquérante, et à un prix finalement pas si compétitif : en 2007, l’Europe a coûté à la France 5,5 milliards d’euros, près de 15% de notre déficit public, ou 100% des pertes de Jérôme Kerviel qui ont presque fait chuter la Société Générale.
Qu'en pensez-vous ? (non, je n'ai jamais eu de Mac, malgré les amicales pressions de mon entourage)