La lettre volée

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Protectionnisme européen, ha ha...

Je suis en train de lire la trahison des économistes, de Jean-Luc Gréau. Livre fort bien écrit, plaidoyer pour un protectionnisme intelligent (trop peu détaillé dans ses modalités, j'y reviendrai).

Un article du Financial Times hier matin me laisse penser que ceux qui votèrent oui au TCE en souhaitant faire adopter la cause du protectionnisme européen se mettent le doigt dans l'oeil.

En effet, une majorité d'Etats-membres ont voté la suppression de droits de douane exceptionnels mis en place contre les chaussures chinoises et vietnamiennes.

Apparemment Peter Mandelson conserve, malgré ce vote, la faculté de faire ce qu'il veut (à rebours de ce que racontent les zélateurs de la gentille Europe contre les méchants états, la commission semble avoir le pouvoir de décision y compris contre les états membres en matière de droits de douane). Il prendra sa décision début octobre.

Le motif des quinze pays abolitionnistes est la lutte contre l'inflation...

La réaction de Mandelson, telle qu'annoncée par le FT, est assez décalée. Partant en Chine, il s'apprêterait à protester contre la fermeture de ce pays aux investisseurs étrangers (oubliant tous les débats sur les droits de l'homme en Chine, il se penchera donc sur les droits de l'investisseur)...

A ma connaissance, le nombre de sociétés occidentales produisant en Chine est déjà
suffisant pour concurrencer nos industries. Quand bien même il augmenterait, je ne vois pas bien en quoi le sort des économies européennes s'en trouverait amélioré...

Je suis persuadé que si les zélateurs de l'Europe se donnaient la peine de suivre le fonctionnement et les décisions quotidiennes de cette usine à gaz, le souverainisme récolterait un grand nombre de soutiens...

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E
Malakine. Comment peux-tu dire à la fois (mais c'est la position du PS, tu n'es pas seul !) que les orientations libérales du traité sont "gravées dans le marbre" et qu'en même temps il ne faut pas vouloir en sortir.La réalité c'est que la seule chose qui reste c'est que quand la gauche arrive au pouvoir elle ne parle plus d'Europe "alter" parce que l'Europe d'aujourd'hui est "inaltérable". Donc la seule voie d'avenir est d'en sortir. Ad augusta per angusta.  :-)
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G
Malakine: Il est selon moi bien évident qu'aucune solution politique n'existe à la question européenne : ne serait-ce que pour une raison : tout homme politique aspire à occupper tout siège politique disponible. Ce n'est donc pas sur les politiques qu'on peut compter pour faire avancer l'Europe (quel que soit le sens qu'on veuille donner à ce terme) mais sur les citoyens.Si cette bureaucratie qu'est l'Union Européenne finit à l'avenir par se contenter de gérer le bien-être animal et autres sujets sans enjeux, elle ne sera pas davantage un problème que ne le sont l'ONU, le Conseil de l'Europe, j'en passe et des meilleures, c'est à dire : toutes ces institutions internationales qui, ayant échoué, se sont vus petit à petit par l'opinion publique retirer toute légitimité et toute capacité d'action.
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M
@ GusC'est sur cette question que je me différencie des nonistes, même si je suis de la famille. 1- Bloquer toute évolution institutionnelle ne change rien à l'orientation libérale de l'Europe. Ces dispositions là, sont bien au chaud au fond des traités et personne ne les remet en cause2- Evoquer la sortie de l'UE est une perte de temps. Personne n'y croisJe préfèrerais que l'on consacre son énergie à imaginer une autre europe pour lui proposer un autre projet. Pourquoi pas une Europe polycentrique d'ailleurs ... C'est apparemment ce que veut faire NDA aux européennes. On verra s'il arrive à oublier son nonisme pour parler projet alternatif ...
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L
Le problème me parait moins être l'Europe que sa politique de libéralisme forcené depuis des décennies. Vus que les états membres ont signé des deux mains, ils devaient être d'accords, non ? Pratique pour mettre en place des politiques qui auraient été refusées dans nombres de pays par la population -il s'agit ni plus ni moins que de piller les richesses de la majorité au profit des dirigeants-.Et j'en reviens au problème numéro 1 de l'Europe : ce n'est pas une démocratie car sinon cette politique de rapine aurait été rejetée depuis longtemps. Ainsi que nombre d'élargissements.Pas sûr qu'on puisse encore sauver ces institutions. J'aimerais car reconstruire après avoir tout cassé est très difficile mais elles ont été trop loin dans le mensonge.
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G
Malakine, si vous souhaitez "nettoyer" les traités de l'ensemble des éléments qui prescrivent des politiques, vous auriez plus vite fait de les ré-écrire de zéro. Ne serait-ce que pour une raison simple : le projet de Delors, l'Acte Unique, n'a pas séduit les anglais pour rien : c'est simplement un projet de convergence politique et institutionnelle de l'Europe vers les USA : avec 100% de l'effort à consentir fourni par l'Europe en guise de "cadeau de mariage" (puisqu'il était évident aux yeux des deloristes, strauss-kahniens & co que tout citoyen européen avait à gagner à vivre dans les merveilleuses institutions américaines et notamment, leur illusion monétaire et financière, déjà flagrante à l'époque de la bulle techno de la fin des années 1980.J'ai souvent évoqué l'exemple du projet de traité dit Spinelli de 1984 : 70 articles lisibles et clairs. On pourrait en revenir là, à quelques détails.Mais je suis d'accord avec Edgar pour dire qu'on aurait plus vite fait de laisser l'actuelle Union Européenne s'effondrer et refonder autre chose, par exemple, autour du projet Spinelli (ou autre chose de simple) avec un petit groupe de pays fondateurs : la Wallonie, par exemple.
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M
ben oui !! L'objectif de libre échange mondial est inscrit dans les traités ! Je sais ! ce n'est pas une découverte. TCE ou pas, ça ne change rien sur ce point. Le refus du TCE n'a rien changé non plus à ces dispositions. C'est pourquoi je plaide pour un traité modificatif qui nettoierait tous les traités existants des dispotions qui prescrivent le sens qui doit être donné aux politiques communes. Mettre en commun la politique commerciale est une chose, se fixer comme objectif qu'elle sera libre échangiste en est une autre.
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B
Quelques fondamentaux, de la source la plus officielle :http://ec.europa.eu/trade/issues/newround/index_fr.htm"L'Union Européenne est un des acteurs essentiels de<br /> l'Organisation mondiale du commerce (OMC). A cela une raison : l'UE est<br /> dotée d'une politique commerciale commune qui permet à la Commission<br /> européenne de négocier au nom des 27 États membres de l'Union. Ainsi,<br /> l'UE est-elle une des forces dynamiques du cycle actuel de négociations<br /> commerciales multilatérales de l'OMC, le programme de Doha pour le<br /> développement (PDD). Au menu du PDD citons la poursuite de l'ouverture<br /> des marchés et le renforcement continu de l'assise réglementaire"Le soutien et la promotion de l'OMC, grand organisateur de la mondialisation et notamment du libre-échange, est au coeur même du projet européen et des traités depuis l'Acte Unique de 1986.Prétendre que l'Union pourrait protéger l'économie européenne des importations des pays en voie de developpement est tout simplement faux, absurde et impossible : l'un des premiers objectifs de l'Union est précisémennt de contribuer activement, aux côtés de l'OMC, à cette mondialisation. Elle ne peut donc en aucun cas promouvoir une politique exactement contraire, à moins de revenir en arrière dans la construction européenne jusqu'à l'Acte Unique, il y a vingt cinq ans.
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