La lettre volée

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Warriors, Peter Kosminsky

Extraordinaire film, qui suit une compagnie britannique de la Forpronu  pendant une mission en Yougoslavie, en 1992-1993.

On y perçoit l'horreur véritable des massacres tribaux intervenus là, les assassinats de voisins, les guerres de conquête territoriale menées la nuit, hameau par hameau. Au milieu de cela, la mission britannique est là pour observer et ne doit en aucun cas interférer. Pour les jeunes militaires britanniques, armés  et civilisés, ces promenades au milieu des massacres deviennent insoutenables.

warriors.jpg

Pour le spectateur, comme pour eux, le contraste entre la violence de la guerre civile et la paix britannique est très dur. Je regardais ce film avec à côté de moi mon fils de trois semaines, ça ajoute à l'horreur du spectacle.

A la fin, un documentaire rapide, pas mal fait, revient sur l'histoire de cette guerre (texte intégral sur le site d'Arte). Le commentaire indique un moment que "
Chacune des 6 républiques s'empressent de devenir Etat indépendant, de se faire reconnaître internationalement, et, à l'exception de la Slovénie et de la Macédoine, de se faire la guerre". La guerre pour arrêter les frontières de ces nouvelles entités au plus près des clivages ethnico-religieux.

Curieux, je fais une rapide recherche Wikipédia, confirmée et précisée apparemment chez des québécois, qui m'indique que ce sont le Vatican, puis l'Allemagne et l'Autriche qui ont ouvert la boite de Pandore en reconnaissant la Croatie, alors même que l'Union européenne (celle qui nous rend plus forts), discutait une position commune.


L'idée m'est venue un instant que quelques fonctionnaires allemands du ministère des affaires étrangères auraient pu figurer parmi les criminels de guerre qui ont ensuite été poursuivis. J'ai enfoui en moi cette idée absurde
(notamment je pense que JMFayard aura sans doute des précisions & références sur ce sujet). Puis j'ai repensé à l'actuel conflit belge, qui conserve un côté folklorique mais dont on doit espérer qu'il ne s'enflamme pas.

Et puis j'ai repensé à la Charte européenne des Droits fondamentaux, qui commence comme ceci "Les peuples de l'Europe, en établissant entre eux une union sans cesse plus étroite, ont décidé de partager un avenir pacifique fondé sur des valeurs communes. [...] L'Union contribue à la préservation et au développement de ces valeurs communes dans le respect de la diversité des cultures et des traditions des peuples de l'Europe, ainsi que de l'identité nationale des États membres".

Qui sont ces "peuples" ainsi distingués des "Etats" ? Un peuple européen et des Etats, j'aurai compris, des Etats associés j'aurai compris aussi, mais "des peuples" et "des Etats" sans associer les uns aux autres dans une bijection stricte, je n'aime pas du tout, j'y vois source à des problèmes futurs. Et je conserve en tête que l'idée de guerre aux nations n'est pas absente. Le film montre bien ce qui arrive pourtant quand on joue avec le feu.

Bref, le film vaut d'être vu à deux titres. Le premier, c'est qu'il fait ressortir l'horreur des guerres - peut-être trouverait-on moins de supporters de la guerre en Irak si l'on pouvait de visu en constater les conséquences. Le deuxième c'est qu'il incite, dans l'appréhension des débats actuels européens, à la plus grande prudence.




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A
<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> I have not seen the movie Warriors, which pictures a mission at Yugoslavia. I think<br /> <br /> <br /> the movie has got everything about the terrible pictures of war times. I really want to<br /> <br /> <br /> see the movie. Thanks a lot for sharing this brief description about the movie.<br /> <br /> <br /> Thanks.<br /> <br /> <br /> windows help and support<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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O
Merci de ces précisions.L'Espagne non plus (à quelques années près) n'avait jamais été vraiment démocratique... Dans ce pays, les alliés de l'OTAN n'ont pas soufflé sur les braises, ils n'ont jamais encouragé la tentation séparatiste... au contraire même, ils ont aidé la transition et le compromis.Ce que je voulais vous dire, au fond : ne nous laissons pas submerger par le mot d'ordre kouchnerien "paix et démocratie" comme si cela allait de soi, double "mélioration" forcément sidérante (tant de bonnes choses réunies !) et qui recouvre une réalité de poudre et d'acier moins plaisante.
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D
Non, Olivier, je ne vous prête pas des propos que vous n'avez pas tenu. Je relis bien vos message, et je vois que vous n'avez jamais dit que la Yougoslavie était une démocratie.Mais quand je précisais qu'elle était une dictature, c'était pour vous faire comprendre que l'union des peuples yougolaves était forcée, et que la paix yougoslave ne résultait en aucun cas d'un choix sincère des différentes communautés. Depuis sa création au lendemain de la 1GM jusqu'à sa mort en 1991, la Yougoslavie n'a jamais été démocratique. Son régime ne pouvait donc servir d'exemple pour la paix et l'union entre peuples yougoslaves. Lorsque vous dites: "Et surtout, je ne crois pas qu'il y ait eu un lien direct entre le fait étatique Yougoslave, son "union", et la nature du pouvoir en Yougoslavie. Ce sont deux éléments distincts (qui ont peut-être des liens, mais qui demeurent distincts)."Vous avez raison de dire qu'on ne connaît pas de lien logique entre unité yougoslave et dictature, mais le contexte du XXème siècle a rendu cette unité impossible à obtenir sincèrement. Disons, avec plus de pertinence, que c'est justement la dictature et l'unité forcée sur des décennies qui ont stimulé les séparatismes lorsque la dictature est tombée (du moins celle de la fédération de Yougoslavie, je ne dis pas que Milosevic était un démocrate). C'est aussi pourquoi je pense qu'il était vain qu'en 1991 on prie les yougoslaves de bien vouloir rester fédérés.Donc il se peut très bien que l'unité se refasse ensuite démocratiquement entre peuples yougoslaves, mais nous n'en avons pour l'instant aucun exemple historique.
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O
Non Diadore, je ne vous ai pas dit que la Yougoslavie était une démocratie. Relisez et reconnaissez que vous me prêtez des propos que je n'ai pas tenus.Je vous ai seulement dit que c'était en pays en paix, ce qui, vu ce qui a suivi, mérite d'être rappelé.Et surtout, je ne crois pas qu'il y ait eu un lien direct entre le fait étatique Yougoslave, son "union", et la nature du pouvoir en Yougoslavie. Ce sont deux éléments distincts (qui ont peut-être des liens, mais qui demeurent distincts).Le fait que l'Espagne était franquiste ne retire RIEN au fait que ce pays, quoi qu'on en pense, était en paix entre 1939 et 1975. De même pour la Yougoslavie. Il ne faut pas  tout mélanger dans une salade kouchnerienne où le jugement de valeur emporte tout, y compris le réel. Même en ce moment où l'on échauffe les esprits comme à plaisir, on peut encore rechercher la nuance et la modération dans l'analyse.J'insiste, DiadoreCronos : ne me prêtez pas des propos que je n'ai pas tenus, simplement parce que votre analyse politique, votre positionnement, vous conduit à interprêter ma pensée (je n'ai pas fait de vous un oustachi... merci de prendre les mêmes précautions).
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D
Comme quoi je peux être d'accord sur quelque chose avec Valery: oui, Olivier, la "paix" d'avant 1991 était celle d'une dictature. En revanche, Valery, je ne fais pas partie de ceux qui "qui critiquent les républiques yougoslaves qui ont souhaité se retirer de leur union", mais qui critiquent que l'on parle "d'états" dans ces cas-là. Que les croates décident d'avoir un état, avec les bosniaques (au sens de Bosniens ni serbes ni croates) ou séparément d'eux, d'accord. A condition qu'il s'agisse d'un état peuplé de gens qui se reconnaissent croates ou bosniaques. Les faits de 1991 à 1995 montrent que les serbes de Krajina ou de Bosnie ne se reconnaissaient pas comme tels.
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O
Valéry : Qu'est-ce qu'elle a encore fait Ségolène ?
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V
@olivier : oui avant que ça tombe en panne ça fonctionnait très bien, merci.La paix ? pourquoi pas. La Yougoslavie avant la guerre était en paix. Sans doute y avait-il aussi plus d'ordre, moins de criminalité et de ces tribunaux qui rendent la justice plus vite qu'aurait admiré Ségolène Royal...
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V
@edgar : ce ne sont pas les nations qui sont haissables (au sens du sentiment national) mais les Etats-nations qui ne sont pas pertinents, nuance.  Il se trouve que la Yougoslavie était une dictature communiste et non pas une fédération fondée sur la libre adhésion des peuples. Si un peuple décide de se séparer il doit en avoir le droit et pas être maintenu dans l'Union de force. Une des avancées du traité de Lisbonne est la présence d'une clause organisant le retrait d'un pays de l'Union. Ce retrait n'est pas impossible aujourd'hui mais autant le prévoir afin qu'il se fasse dans de bonnes conditions. Étrangement ce sont les mêmes qui dépeignent l'Europe comme un super Etat en gestation qui critiquent les républiques yougoslaves qui ont souhaité se retirer de leur union ou les peuples sans Etat qui sollicitent un statut d'autonomie. Le jacobinisme a sa propre logique qui est une logique autoritariste. Une logique de droite en somme.
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O
DiadoreCronos : "à partir de 1991-92"... c'est à dire que la guerre a commencé lors de l'éclatement de la Yougoslavie.Mais avant, c'était la paix - la Yougoslavie, c'était la paix.
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D
La paix yougoslave?? C'est justement ce qui n'a pas eu lieu à partir de 1991-1992 parce que des états qui ne devaient pas être (dans leurs frontières officielles, héritées des empires austro-hongrois et ottoman) ont été proclamés, fournissant un prétexte à l'agression serbe (dont je ne conteste pas la criminalité).
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