La lettre volée

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Gestion de l'euro : toujours plus démocratique

Un billet sur Publius, fort intéressant.

On y apprend que, pour prendre en compte les considérables modifications de l'économie de la zone euro dues à l'entrée de Malte et de Chypre, le poids des membres au sein de la Banque Centrale Européenne va être modifié.

Un critère de pondération des votes va être introduit, qui tiendra compte du PIB des différentes économies (pourquoi pas) mais aussi de la taille de leurs secteurs bancaires.

C'est assez technique et, a priori, pas de quoi effrayer. On peut discuter du critère du PIB, qui avantage, à population égale, les pays les plus riches - le PIB par habitant doit quand même varier de +/- 50% au sein de la zone euro, ce qui est déjà une distorsion importante par rapport au principe un homme une voix.

Mais le critère de l'activité bancaire est proprement ahurissant, voire scandaleux.

Quelques recherches permettent de relever que le Luxembourg, avec 459 000 habitants, collecte 846 milliards d'euros (la collecte est la principale mesure de la taille d'une banque).

La France, avec 62 millions d'habitants, collecte 1 288 milliards d'euros.

Avec 0,7% de la population française, le Luxembourg obtiendrait ainsi, sur ce seul critère, 65% des droits de vote français ? Un luxembourgeois vaudrait ainsi 88 français ?

Ce n'est pas qu'une bizarrerie exotique : rappelons qu'il y a en jeu, la conduite de la politique de change et de la politique monétaire, puisque Jean-Claude Trichet a décidé qu'il était Monsieur Euro, et qu'aucun dirigeant européen ne lui conteste ce droit.

On peut douter que la France, pays dont le principal souci est - ou devrait être - la croissance, ait les mêmes besoins que le Luxembourg, qui se positionne comme pays d'accueil de l'évasion fiscale (pardon : dont les citoyens sont de vertueux épargnants) et a donc intérêt à la plus stricte stabilité monétaire.

Tout ceci demande à être précisé, mais force est de constater qu'il vaut mieux ne pas attendre que les experts alertent les citoyens sur les décisions importantes qui sont prises en leur nom.

Il est temps d'arrêter cette farce, qui n'a plus qu'un rapport très lointain avec la démocratie.





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L
Pour ma part, ce qui me choque plus que la décision (qui pourrait (peut-être ? être justifiée, c'est :1°) La quasi-impossibilité de faire évoluer le système. Valéry a raison en disant que nous avons approuvé la décision d 'une banque centrale indépendante mais il apparaît quasi-impossible de la faire simplement évoluer (par exemple ajouter la notion de croissance dans ses objectifs). Il faut tout faire exploser pour faire bouger les choses ? Ca me paraît un peu extrême comme solution.2°) L'idée que comme c'est technique, les gens ne comprendront pas et n'accepteraient pas des décisions difficiles et qu'il faut donc laisser les décisions techniques aux "experts". Chacun voit midi à sa porte, qu'il soit banquier ou smicard. Si les décisions de l'un affecte en profondeur la vie de l'autre, celui-ci doit pouvoir dire son mot sur la question sinon il sera systématiquement le dindon de la farce et finira par rejeter totaltement l'autre. Pas vraiment souhaitable.
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E
Il est fascinant de voir à quel point, quoi qu'on fasse, on est toujours coupable de vouloir entraver la marche vers le bonheur européen.Je n'ai rien contre le Luxembourg, j'exprime simplement l'idée qu'il ne me paraît pas normal qu'un pays qui, précisément, a la taille d'une ville comme Lyon, ait la moitié du poids de la France pour fixer les taux directeurs.Je ne vous empêche absolument pas de trouver cela formidable, ni d'écrire de longues pages pour vanter ce système.Je n'estime pas utile d'entreprendre de longs développements pour juger que le principe un homme = 88 voix est choquant.Mais, encore une fois, libre à vous de trouver cela excellent.
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P
Edgars,je trouve ces remarques lapidaires un peu courtes:- donc selon vous, la politique monétaire devrait être dirigée par le Conseil des Ministres, est-ce plus démocratique? Et donc le Luxembourg n'a pas plus son mot à dire que Lyon?Je n'aime pas trop cette manière de mettre le Luxembourg au banc des nations européennes...
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E
Philippe :"ultra technique" veut dire que la bas peuple ne doit rien en savoir. Le fond du problème est pourtant parfaitement clair, il s'agit de savoir qui influe sur le cours de l'euro.L'idée que le Luxembourg "se mouille" pour l'euro car il abrite la fraude fiscale allemande et française est à ranger au rayon des chefs-d'oeuvre de la propagande.
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P
Je suis assez d'accord avec Valery ...Les règles actuelles (mais elles sont transformables pour peu que nos partenaires le veuillent) font que chaque représentant des banques centrales nationales a une voix.L'UE n'a pas de reserves d'or pour couvrir l'Euro, les réserves sont dans les Etats membres sous la responsabilité des gouverneurs nationaux. L'idée de donner un poids dans la décision à hauteur de leur implication dans l'Euro (comparativement les Luxembourgois se "mouillent" plus que les Français) est-il idiot alors que cette décision est avant tout ultra technique et la Banque centrale indépendante?
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F
"de la taille de leurs secteurs bancaires."<br /> <br /> ?! Suffrage universel, réveille-toi, ... !
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L
A quand le droit de vote indexé sur le salaire du citoyen ? 1815 en France, 1830 en Belgique. C'est le suffrage censitaire appliqué lors de la restauration de la monarchie (il était basé sur l'impôt et non le salaire). Allez, encore un p'tit effort et nous serons à la monarchie absolue !
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L
Un luxembourgeois qui vaudrait près d'une centaine de françaisenfin une prise en compte plus conforme à la réalité (sourire)²J'habite près du Luxembourg et effectivement une partie de l'activité de la Lorraine gravite autour de ce petit paysL'argent est ce qui compte le plus dans notre monde maux d'hernedont rien d'étonnant dans ce type de décisions.A quand le droit de vote indéxé sur le salaire du citoyen ?
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E
on est en effet si loin des tentations démagogiques que personne n'entendra parler de cette réforme scandaleuse.par ailleurs que la monnaie ait été reléguée à un domaine technique est ens oi un problème, sans parler enfin du fait que la politique de change n'était pas censée l'être.
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V
En ratifiant le traité de Maastricht les Européens ont souhaités déconnecter la gestion de la monnaie du politique. Il s'agit en effet d'administrer les affaires monétaires de manière sereine indépendante des tentations démagogiques. La démocratie n'est donc pas en quesiton ici puisque la monnaie est dans notre pays désormais gérée de manière technique et non pas selon des critères politiques. Ta critique est donc sans fondement.
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