9 Juillet 2014
L'amende infligée par les Etats-Unis à BNP Paribas est grotesque.
A un point tel que les officiels français commencent à froncer un demi-sourcil : que coule l'industrie du pays passe encore (que PSA soit interdit de vendre des véhicules en Iran juste au moment où GM y remet les pieds), mais si l'Inspection des finances est accrochée, là c'est grave.
Réactions donc :
Christophe de Margerie (qui n'est pas un officiel mais à ce niveau chez Total on n'est pas non plus un quidam) suggère que le pétrole pourrait être payé en euros.
Sapin s'inquiète du rôle illégitime que confère au dollar cette décision (lire un article de solidarité et progrès auquel renvoie mon moteur de recherche préféré, en réponse à une requête sur "la réaction française amende BNP Paribas". Merci de ne pas penser qu'il s'agit d'une suggestion d'adhésion. Les infos originales sont parues dans le FT de toute façon, ce ne sont pas des élucubrations).
Si l'Union européenne voulait avoir l'air d'un truc utile, elle pourrait donc décider de payer son pétrole en euros. Elle a refusé le principe de voir l'euro jouer un rôle plus important, en une demi-journée, en 2009.
Et Michel Barnier a expliqué que ces sanctions sont très bien.
Il y aurait pourtant de quoi réagir.
Quelques calculs simples montrent en effet que :
1. l'aide du plan Marshall à la France était de 2 488 MUSD de dons en 1950 (1948-1952).
2. Une conversion en valeur du dollar 2013 donne un montant de 24 100 MUSD (24 milliards), soit 17,7 milliards d'euros.
3. L'amende BNP Paribas représente 40% de cette somme.
C'est donc 40% du plan Marshall que les USA s'apprêtent à réclamer à BNP Paribas, pour des infractions dont les juges américains eux-mêmes peinent à démontrer la gravité.
*
Je crains que malgré tout, la formule de Claude Cheysson ne s'impose, appliquée à un pays occidental cette fois-ci : "comme d'habitude, nous ne ferons rien".