20 Janvier 2007
Un Valery (le même qui "emmerde le drapeau national et la Marseillaise" sur le blog de Jean Quatremer, je pense), me laisse un commentaire dans lequel il m'écrit que mes propos sur l'OTAN sont "ridicules. et uniquement fondés sur votre paranoia maladive".
J'avais écrit que l'Union européenne était le pendant de l'OTAN dans une relation contrôlée par les Etats-Unis.
Vaste sujet, sur lequel je me borne à lister quelques citations et faits, grapillés de-ci de-là.
Ce faisant je crains de conforter ce Valéry dans son appréciation, mais qui sait...
1. Zbigniew Brzezinski, dans l'incontournable Grand échiquier :
"l'Europe de l'Ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses Etats rappellent ce qu'étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires."
Rappelons pour les paranoïaques que Brzezinski a été National Security Advisor pour Jimmy Carter. Le conseiller pour la sécurité est choisi par le Président sans validation parlementaire et dirige la cellule de crise de la Maison blanche le cas échéant.
2. Le think tank européen officiel sur les questions de défense a trois objectifs, le dernier étant la relation avec l'OTAN :
"L’IES contribue au développement de la PESC en assurant trois fonctions :
la recherche et le débat sur les questions de sécurité pertinentes pour l’Union ;
l’analyse prospective pour le Conseil et le Haut Représentant de l’UE ;
le développement d’un dialogue transatlantique sur l’ensemble des questions de sécurité entre tous les pays européens, le Canada et les Etats-Unis."
3. Bill Clinton, 1997 :
l’OTAN demeure le soubassement de l’une des oeuvres les plus remarquables de l’histoire : les quinze membres de l’Union européenne ont en effet réussi un véritable tour de force, celui d’avoir aboli la guerre comme instrument de relations entre eux. L’idée que l’Allemagne et ses voisins puissent un jour se refaire la guerre est aujourd’hui inconcevable, et personne ne met en doute la sagesse qu’il y a de préserver cet « espace civil européen » et d’en reculer les frontières temporelles et spatiales aussi loin que possible.
4. même source que 3 ; Joseph Biden, actuel sénateur américain en charge de la Commission des affaires étrangères :
L’élargissement répond en outre à un puissant impératif moral : tenir la promesse que nous avons faite aux anciens pays captifs de les accepter dans le giron de l’Ouest, et j’entends par là de l’OTAN et de l’Union européenne, parce qu’il me semble que les Européens doivent se mettre au diapason.
5. Juillet 2000, Forum transatlantique de Paris, Julian Lindley-French, chercheur au think tank européen pour les questions de défense :
La complémentarité entre l’UE et l’OTAN s’inscrit d’abord dans une logique historique. Elle renvoie au rapport profond entre le processus d’intégration européenne et la relation transatlantique.
· La sécurité est au cœur même du projet d’intégration européenne puisque celui-ci a été conçu comme un moyen de dépasser la logique des politiques de puissances et les coalitions changeantes à l’origine des conflits qui avaient trop longtemps dévasté le continent.
· Ensuite, les premières tentatives visant à donner aux Européens les moyens de prendre en mains leur sécurité et leur défense ont précédé la création de l’Alliance. La plus importante a précédé la création de l’OTAN. Le Traité de Bruxelles a été signé le 17 mars 1948. C’est le document fondateur de l’Union de l’Europe occidentale, qui inclut une obligation de défense collective pour ses membres. (France/Grande-Bretagne et pays du Bénélux.) Le début de la Guerre Froide amène les signataires à inclure les vaincus de la dernière guerre. La RFA et l’Italie rejoignent l’UEO, par les accords de Paris en octobre 1954.
· A l’occasion de la création de l’OTAN en 1949, qui étend à l’Europe la protection du parapluie nucléaire américain, on parle déjà de coopération avec l’UEO et de non-duplication des moyens militaires.
· La Communauté Européenne de Défense avait reçu le soutien des pays membres de l’OTAN qui n’y adhéraient pas (dont la Grande-Bretagne).
6. Pour mémoire, Javier Solana, actuel représentant de l'Union pour la Politique Européenne de Sécurité et de Défense , a été Secrétaire général de l'OTAN juste avant d'occuper son poste de "ministre des affaires étrangères de l'UE".
7. Robert Kaplan, The atlantic Monthly, publiciste américain néoconservateur d'un calibre à peine inférieur à Francis Fukuyama, en juin 2005
The ships and other naval equipment being built now by the Europeans are designed to slot into U.S. battle networks. And European nations, which today we conceive of as Atlantic forces, may develop global naval functions; already, for example, Swedish submarine units are helping to train Americans in the Pacific on how to hunt for diesel subs. [...] NATO is ours to lead—unlike the increasingly powerful European Union, whose own defense force, should it become a reality, would inevitably emerge as a competing regional power, one that might align itself with China in order to balance against us. Let me be even clearer about something that policymakers and experts often don't want to be clear about. nato and an autonomous European defense force cannot both prosper. Only one can—and we should want it to be the former, so that Europe is a military asset for us, not a liability, as we confront China.
Je traduis juste la première phrase, la plus marrante : "les bateaux et autres équipements navals construits aujourd'hui par les européens ont été conçus pour s'intégrer dans le dispositif militaire américain"...
C'est un florilège un peu décousu, mais suffisant pour inviter à la réflexion j'espère.
Voilà cher Valéry, je m'arrête là.
Bien à vous,
Edgar, paranoïaque diplômé