La lettre volée

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L'hymne européen sent le soufre...

Un de mes billets les plus lus, dans la durée, est consacré aux symboles de l'Europe.

J'y soulignais les origines pour le moins étonnantes de la plupart des symboles dont l'Union s'est affublée.

Un article du Monde du 3/4 mai revient l'un de ces symboles, l'hymne, pour souligner qu'il est étrange que la version officielle de cet hymne soit enregistrée par l'adhérent du parti nazi n°3 430 914, Herbert Von Karajan. L'article est signé Esteban Buch, directeur d'étude à l'EHESS.

J'aurais bien ajouté, à sa place, que Karajan a aussi dirigé un Tristan et Iseult devant Hitler, à Paris, pour fêter la victoire allemande contre la France. Que la neuvième a été jouée par les nazis lors de l'ouverture des JO de Berlin, en 1936, puis reprise comme hymne national allemand de 1952 à 1966.

Je pense que s'il avait ajouté tout cela, d'une part on ne l'aurait sans doute pas cru, d'autre part, par une sorte de réflexe conditionné, on aurait balayé cela d'un revers de main en jugeant que c'était trop gros pour être vrai - ou signifiant.

Je me réjouis que, par petits bouts, filtre tout de même une réalité assez massive : l'imaginaire associé au triomphe de l'idée européenne ne sent pas très bon. A côté d'une intention de départ fort généreuse, par dessus cette idée, flotte un parfum de triomphe de l'empire catholique et blanc qui sent véritablement mauvais. Apparemment je ne suis pas le seul dont les naseaux commencent à frémir...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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F
Sarko and co dans leurs documents militaires parlent de plus en plus de l'Occident, notion qui couvre dans leur esprit l'empire euro-étatsunien, héritier de l'empire romain d'Occident ou plutôt de l'imaginaire de l'empire romain d'Occident tel qu'il a vécu dans les têtes catholiques après les invasions barbares. Il est possible en effet que cette notion en vienne à supplanter celle d'Union européenne, notion un peu trop bancale sur le plan du contenu culturel. Et dans ce cas là, en effet, ce sera clair : nous contre les jaunes, les noirs, les basanés et les hérétiques orthodoxes. Mais il y a quand même une petite résistance à ce que ça évolue de la sorte. Résistance outre-atlantique du Middle West profond qui ne veut rien devoir à l'Europe. Résistance aussi de héritiers des Lumières, aux USA et chez nous, qui n'aiment pas cette racialisation du projet politique. D'ailleurs les étatsuniens pour des raisons politique veulent toujours faire rentrer la Turquie dans l'UE. Ca ne simplifie pas la vision sarkozyenne.
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E
Je n'ai pas été jusqu'à dire que le nazisme inspirait l'UE. Mais lorsque l'UE doit se définir, elle est bien en peine de le faire de façon positive. Il y a fort à parier que la définition implicite de cet objet politique soit, in fine, celle d'un empire chrétien blanc (cf. notamment Europe, la voie romaine de Brague). Il ne manque plus que notre moitié transatlantique pour que le tableau soit parfait, mais des gens comme Balladur ou Hervé de Carmoy préparent déjà l'extension de l'Union aux USA. Là nous serons vraiment dans l'empire blanc et chrétien.Pour le reste, le choix de Karajan et même de la neuvième est une faute. Mais l'Union européenne est aussi une façon de remédier au fait que l'on n'a jamais su comment l'Allemagne pouvait payer ses crimes. Morgenthau voulait en faire un champ de patates, l'Union européenne a utilisé ses ex-nazis pour donner le la...Quand on veut oublier l'histoire à tout prix on s'oublie, la faute n'est pas loin. 
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F
"l'empire catholique et blanc" - c'est peut-être un peu excessif. On trouve un peu ça dans l'Europe de Berlusconi et Sarkozy, mais il y a aussi un côté "empire des communautés multicolores", "empire déterritàrialisé, défrontiérisé, mélangé, abstrait" etc (que dénonce l'extrême droite). En fait il y a dans cette Europe, tout le bazar qui traine dans l'inconscient des peuples d'Europe. L'ouverture à l'Est a rendu l'UE un peu plus anticommuniste, un peu plus indulgente envers le nazisme... mais de là à dire que le nazisme inspire l'UE... De toute façon il est inévitable que le nationalisme romantique allemand (qui avait des relents nauéabonds bien avant le nazisme qui l'a récupéré) se retrouve dans notre UE (à travers l'hymne notamment) au même titre que le colonialisme français et tant d'autres vilaines choses.
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O
Incroyable, cette histoire d'hymne européen. Incroyable plutôt surtout que ce ne soit pas plus su.Y a mille raisons d'haïr cette Europe et le pape, et la détester et la combattre. Mais comment voter ?Oui. Les naseaux à frémir et les sabots à frotter le sol.
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