La lettre volée

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Ceinture et bretelles...

Le 12 juin prochain, l'Irlande votera pour ou contre le traité de Lisbonne.

Aux dernières nouvelles, le "Non" remonte : les bookmakers ont ramené le Non de 4 contre 1 à 2 contre 1. Au fil des sondages, les indécis se prononcent, plutôt pour le Non que pour le Oui.

La bataille fait donc rage, y compris au niveau iconographique.

Une bonne illustration du clivage oui / non : un Non légèrement ringard mais faisant appel à un imaginaire commun, un oui moderne pointant vers un imaginaire totalement mercantile (les multiples spams enlarge your penis...)

Je meurs d'envie, bien évidemment, que le Non l'emporte.

Mais il y a aussi une deuxième possibilité, certes plus mince, de bloquer ce processus antidémocratique.

En effet, un millionnaire conservateur britannique, Stuart Wheeler, a introduit une plainte visant à obtenir un référendum sur l'adoption du traité, qui vient d'être jugée recevable. Il invoquait à l'appui de sa demande la promesse de référendum faite par le parti travaillsite lors des dernières législatives britanniques.

Et bien sa plainte a été jugée recevable par l'une des formations de la Cour suprême britannique. Début juin, les 9 et 10, la justice britannique pourrait donc contraindre le gouvernement à tenir un référendum (souhaité,
selon les sondages, par 57% à 83% des britanniques).

Même si c'est peu probable, voilà qui pourrait ajouter après la ceinture irlandaise, des bretelles britanniques, pour tenir la démocratie à sa juste hauteur.

Si l'Irlande seule refusait le TCE, sa voix risquerait de ne pas être entendue, on referait voter ces "petits", ingrats, oublieux des tonnes de subventions déversées sur leur beau pays (entendu Cohn Bendit s'écrier que l'Irlande ne pouvait voter non, vu l'argent reçu. Belle conception de la démocratie).

Si le Royaume Uni seul refusait, d'autres voix s'empresseraient de réclamer le retrait de l'Europe de cet intrus, jamais assez européen.

Si, dans un cas idéal, les deux pays étaient en position de refuser le TCE, nul ne pourrait plus contester que ce projet est mauvais, nul et non avenu.

Le rejet pourrait enfin calmer les ardeurs tyranniques de la Commission,
qui s'en prend maintenant à la participation régionale allemande dans le capital de Volkswagen. Voilà qui vient s'ajouter à d'autres msures plus navrantes les unes que les autres, avec les poulets chlorés par exemple. Alors même que la Commission est sous la pression d'un référendum prochain, elle se mêle de prendre des mesures ineptes, impopulaires et inefficaces. Imagine-t-on ce qu'il en serait après ratification ?












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R
On compte sur les Irlandais la semaine prochaine!Cette campagne me fait penser à la publicité ridicule pour EU.tube l'an dernier qui était proche d'un petit érotique de RTL9.Pornographique, telle est l'Europe d'aujourd'hui.Un peu de dissensus fait du bien, bravo aux pêcheurs!Sinon, la France est en train de se faire rouler sur les directives temps de travail  (maintien de l'opt out) et intérim mais chut... Jean Quatremer n'en parle pas!
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H
L'indifférence est une alternative. La stratégie du pire une autre. Les deux peuvent se mener de front, voire, s'associer à une troisième : le soutien pervers mais conscient aux conservateurs européens.
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O
Comme tous les patriotes français, je croise les doigts - poing serré, si j'ose dire.
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E
Hatebeak : donc il faut voter oui pour se débarasser plus vite du problème. C'est l'argument pour le oui le plus paradoxal que j'aie jamais lu !
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H
"Je meurs d'envie, bien évidemment, que le Non l'emporte."L'Europe nous ressortirait alors un traité re-simplifié, conservant l'essentiel de lisbonne, lequel conservait l'essentiel de la constitution européenne, et on repartirait pour un tour de manège. Les fonctionnaires européens, payés avec nos impôts, ont l'éternité devant eux : la bonne volonté et la liberté des militants bénévoles, elle, a des limites.
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E
Si on savait ce qui fait basculer un centre...Très bon votre début de reportage !merci
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G
Sans vouloir vous vexer, aucune de ces trois affiches n'est présente dans Dublin... Mais je note que les deux du young finn gael ont un retentissement particulier dans la blogosphère francohpone ;-)Les affiches sont soit de grands portraits A2 des différents parlementaires européens avec la mention OUI ou NON inscrite dans un coin, soit des slogans chocs.Quand à la reconnaissance du ventre évoquée par Cohn-Bendit, une bonne partie des nonistes s'en moque éperdument puisqu'ils axent leur campagne sur la peur d'une harmonisation fiscale menée par Bruxelles qui remettrait en cause la concurrence fiscale dont ils ont tiré profit pendant de nombreuses années (alors que *toutes* les dépenses d'équipement sont co-financées par l'UE). Peur injustifiée puisque même Gordon Brown a assuré que les Britanniques n'auraient jamais laissé passer un tel texte (et la Grande-Bretagne n'est pas prêteuse, c'est bien une constante immuable de sa politique étrangère).Campagne aussi axée sur l'intérêt qu'il y a à profiter du système tel qu'il est ("Europe has been great for Ireland; let's keep it that way" est le slogan le plus révélateur).La remise en cause de la neutralité irlandaise, la mort de la démocratie en Irlande ou la future autorisation de l'avortement par Bruxelles sont plus des chiffons qui ne convainquent que les partisans et ne feront pas basculer le centre.J'avais commencé un recensement des différents acteurs en présence : http://geabulek.over-blog.com/article-19295871.html mais j'ai arrête tant les arguments, des uns comme des autres, devenaient répétitifs...La seule conclusion que je tirerais est que l'effervescence ici est comparable à celle en France en 2005 et que compte tenu du nombre d'indécis, tout est possible.
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