La lettre volée

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L'Europe, ou la régression technologique

Le Monde, 31 mai : "la Commission européenne menace la France sur les prix régulés de l'électricité" (ici).

Le problème, selon la Commission, est que, dans une dérégulation, "si les prix réglementés sont trop bas, les nouveaux entrants sont exclus du marché".

Comme les prix de l'électricité en France sont bas structurellement, du fait du choix stratégique du nucléaire, il va falloir les élever pour permettre à de nouveaux entrants de produire, peut-être avec des centrales à charbon ?

Et si on les élève, EDF va engranger de super profits, en vendant à des tarifs indexés sur le pétrole une énergie d'origine nucléaire ?

Cette politique est absurde, complètement idéologique, et contraire à nos intérêts nationaux.

Les entreprises en France subissent des surcoûts liés à une protection sociale de haute qualité. En contrepartie, elles bénéficiaient, comme les individus, de services publics de qualité, parmi lesquel une énergie moins chère que dans la plupart des pays européens.

C'est tout cet équilibre que la Commission remet en question, morceau par morceau.

Nous devons nous plier à la vision d'une économie de lawyers, dans laquelle une conception ultradogmatique du marché (le marché pour le marché, comme on adore l'art pour l'art) doit prévaloir sur tout.

Traditionnellement, la France est plutôt une nation d'ingénieurs, pas de "robins", nous sommes donc perdants, dans ce jeu nouveau qui s'instaure au nom d'un droit de la concurrence sanctifié - rappelons son omniprésence dans le TCE, celui qui va bientôt nous être resservi en version en kit.

Cela ne fait pas beaucoup de bruit, car les élites françaises sont encore majoritairement pro-européennes. Mais j'espère que les polytechniciens et autres ingénieurs qui ont fait la croissance des trente glorieuses, vont finir par comprendre que l'Europe ne leur laisse plus d'autre choix que d'aller travailler à Londres pour faire de la modélisation financière ou de se mettre au droit de la concurrence, à monter des partenariats public privé. Je ne crois pas que cette vision soit compatible avec l'idéal qui anime encore les jeunes ingénieurs français.

Et je ne crois pas, non plus, qu'à son poste, Nellie Kroes soit la mieux qualifiée pour donner des leçons de droit de quoi que ce soit, y compris de droit de la concurrence, à qui que ce soit - cf. ici un résumé de ses fréquentations douteuses.







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