La lettre volée

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Le Monde critique la politique d'émigration de l'Union européenne

Un article du 2 avril dernier, titré "Embarqués en Libye, plus de 200 migrants ont disparu en mer". Sous-titre : "Le drame met en cause la politique de l'Union européenne à ses frontières".

Quelle attaque violente ! Certes, nous sommes en page 5, au fin fond de la page International. Pas question de la une, réservée à des sujets importants (les tarifs élevés de la téléphonie mobile, entre autres).

L'article de Philippe Bernard n'est même pas très explicite, on doit deviner entre les lignes de quelle façon la politique de l'Union européenne est en cause ici. Allusion la plus directe : "La répression contre les départs, encouragée par l'UE".

  Comme il s'agit de la Libye, on comprend que l'Union européenne encourage la Libye à réprimer les candidats à l'émigration.

On n'en saura pas plus. Seule indication supplémentaire, timide, citée par le Monde, le nombre de morts aux portes de l'Europe dépasserait 12 000 personnes depuis 1988, selon Fortress Europe, une association.

Mais le journal énonce doctement que ce chiffre est "invérifiable". Sur le site de Fortress Europe, il y a pourtant une revue de presse détaillée qui rend les méthodes de comptage de l'association a priori plutôt crédibles.

Je ne suis pas journaliste, mais je dois être plus curieux que M. Philippe Richard, journaliste au Monde, payé à temps plein pour informer ses lecteurs.

J'avais déjà trouvé, il y a presque un an, plusieurs articles dénonçant la politique d'immigration de l'Union et celle de son agence dédiée à cette tâche, Frontex (cf. ce billet de mai 2008). Il évoquait notamment le naufrage, par des policiers marocains, d'une embarcation qui portait 29  personnes, toutes noyées. Et une association marocaine dénonçait le fait que cette répression criminelle est encouragée par l'Union européenne.

Bref, il y aurait, pour un journal digne de ce nom, qui ne serait pas confit dans une idôlatrie européenne, matière à quelques articles dévastateurs pour cette m... d'Union.

Gageons que ces articles ne sortiront pas, en tout cas pas avant que le gogo n'ait été voter correctement pour le Parlement européen. Je transmets à Marion Van Renterghem, qui aura à coeur de nous expliquer, en cinq minutes, combien la politique d'émigration de l'Union européenne est digne, humaine et adaptée.


*

Post scriptum : lire cette polémique à l'encontre de Philippe Bernard, accusé de prendre à la légère la réaction africaine au discours de Dakar. On y lit ceci : Le Monde est un grand journal qui n’échappe pas, en France, à la règle générale qui régit les services africains des médias : la promiscuité de l’excellence et de la médiocrité. On y trouve des hommes et des femmes de compétence et de rigueur, respectables, tout soucieux du développement du continent ; comme on y trouve aussi les rebuts de la presse française, des aventuriers sans culture, fanfarons, au ton toujours péremptoire, affairistes, qui broient du nègre, dont la seule force réside dans leur ancrage dans le système de domination et de prédation que nous ne cesserons jamais de dénoncer avec force et entêtement ; ces faux spécialistes – il y en a de plus en plus dans les médias français - ne sont là, en vérité, que parce qu’ils ne sont spécialistes de rien. Nous les connaissons, et Philippe Bernard en est un.







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E
M. Couvert, dès le début nous avons identifié ce désaccord : vous êtes persuadé que l'Islam nous menace, je n'y crois pas une seconde. Nous ne changerons sans doute pas d'avis sur ce point prochainement.Frédéric : merci pour tes précisions sur l'Andalousie, qui dépassent de très loin tout ce que j'aurais pu dire sur le sujet.
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F
Bon sur la question de la manière d'aider l'Afrique (y compris l'Afrique du Nord) à "accoucher" d'une démocratie authentique c'est vraiment très complexe, d'autant que je ne suis même pas sûr que le multipartisme soit un critère (si on réfléchit sur le rôle de l'arbre à palabre comme modèle africain de la démocratie^par consensus par exemple, on se rend compte que le pluripartisme n'est pas compatible avec ça)Sur Al andalus, je pense qu'on est en train d'essayer de nous faire basculer d'un extrême dans l'autre. Bien sûr la vision "Camif" comme dit le lecteur du blog, était stupide : bien sûr il n'y avait pas de tolérance dans Al Andalus, il y avait just eune cohabitation difficile des communautés comme partout dans le reste du monde islamique (mais c'est quand même mieux que la conversion forcée des musulmans et l'expulsion des Juifs sous les rois catholiques). Et Al andalus était prospère, puisque Cordoue était 30 fois plus peuplée que Paris Au Moyen Age seule les villes méditerranéennes sous contrôle musulman avaient plus de 100 000 habitants. Et la capacité à nourrir une ville (base de la civilisation) est un indice majeur de la prospéritéDe même personne n'a jamais prétendu que TOUT l'héritage grec était venu par l'Espagne musulmane (une bonne partie est aussi venue par Byzance, et peut etre en effet dans certains monastères catholiques avait on gardé des textes, le rôle des monastères de la vallée de la Seine par exemple est reconnu notamment par Moore dans son bouquin sur la révolution des clercs). Et personne n'a dit qu'Averroès avait lu les Grecs dans le texte. Mais il n'en demeure pas moins que le califat de Bagdad fut un facteur majeur de la transmission de l'héritage (cfPensée grecque, culture arabe, Dimitri Gutas) et que c'est par les Arabes que l'Occident est devenu aristotélicien et scolastique (voir Le Goff Les intellectuels au Moyen Age entre autre)
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E
Merci Frédéric pour ces encouragements à plus de clarté et de précision.<br /> Le fricotage avec des gouvernements non démocratiques est dénonçable quand il s'agit de tractations destinées à encourager des gouvernements autoritaires à prolonger leur action autoritaire dans des directions qui nous arrangent. Je n'aurais pas les mêmes préventions à l'égard de programmes de coopération, même avec des pays autoritaires, qui tendraient à développer l'agriculture de ces pays pour éviter l'immigration etc...<br /> En l'occurrence il ne s'agit pas de cela et je me sens à l'aise pour dénoncer la politique de Frontex.<br /> Pour ce qui est d'inciter à la démocratisation de pays africains, il y a effectivement pas mal d'écueils : néocolonialisme, paternalisme, mais aussi aveuglement et complaisance.<br /> Dans le détail, je ne suis pas assez au fait de ce qui se fait et ne se fait pas, mais pas mal d'initiatives pourraient aller dans un sens d'encouragement non colonial, si l'on commençait par définir ce qu'est une démocratie à partir de quelques critères (pluripartisme, élections, presse...)<br /> c'est un autre vaste sujet.<br />  <br />  <br />  <br />  <br />  
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G
Je ne fais pas allusion simplement à ce livre, dont la contestation est uniquement nationale - parce que la fiction-camif de l'Andalousie tolérante et prospère n'existe pratiquement que chez nous - et qui illustre une partie d'une thèse connue depuis longtemps puisque c'est celle qui prévaut dans le monde. Vous remarquerez d'ailleurs que les instigateurs du lynchage se comptent dans les rangs des bobo, des libertaires/libéraux, des européistes forcenés ... pour moi c'est cohérent. Ça dérange les braves consciences normalisées de la social-démocratie mais c'est ainsi : la pensée grecque (pas seulement Aristote) est connue et étudiée à Monte Cassino (quelques preuves ont échappées à la seconde guerre mondiale), ainsi que dans les monastères d'Anatolie ou de Syrie. Faut-il rappeler que les envahisseurs de la chrétienté orientale sont les musulmans et qu'il se construit encore des églises en Tunisie au Xeme. siècle. Les échanges avec Byzance ont toujours perduré, comme d'autres plus locaux en Sicile ou dans l'ancien royaume wisigoth. Sans compter l'influence judaïque et le fait que Averroès ne parlait pas grec et qu'il n'a jamais eu en main de manuscrits mais des copies de traductions chrétiennes. Ceci pour remettre quelques idées en place et tenter de les extraire de la gangue de la pensée unique dégoulinant de bons sentiments et nourrit d'autocritique morbide. Ensuite ; la pensée occidentale se forme peu à peu, elle est une pensée dynamique, explorant parfois des impasses, souvent hésitante, mais toujours mobile, inventive. Nous savons lire dans notre corpus les traces des penseurs philosophes, artistes ou politiques, qui ont marqué cette évolution ... qui est capable de déceler le moindre déplacement du credo musulman du fait de la lecture -partielle et partiale- de UN philosophe grec, par une poignée d'intellectuels aux ordres, durant 40 ans il y a un millénaire ! Je vous invite à lire les ouvrages des réformateurs musulmans d'aujourd'hui (M. Sifaoui par exemple) vous verrez qu'ils ne disent pas autre chose, parce qu'ils savent, de l'intérieur, que le l'Islam est un corps spirituel mais creux, incapable de novation sur ses propres fondements. Nier que l'imprégnation chrétienne - et c'est un agnostique laïque qui l'écrit - n'a pas facilité l'assimilation des Italiens (et autres) dans le creuset Français c'est tout simplement nier la culture humaine ! je suis très étonné de lire cet argument ici. Parallèlement nier que l'Islam produit l'effet inverse c'est ne jamais avoir étudié le Coran (le livre saint de l'ignorance bédouine comme le disait Atatürk). Qu'ils aient envie ou pas - et qu'elle envie ? - n'est pas ce qui importe ici, en ont-ils la possibilité ? Êtes-vous aveugle, voulez-vous la liste des agressions contre notre mode de vie, de pensée, contre notre droit ! L'islam n'est pas soluble dans la république, et ce pour des raisons philosophiques et culturelles. Les vagues antérieures le purent, certains ont fait ce choix et il ne sont plus musulmans (quand bien même ils disent le contraire), l'usage - qui devient systématique et revendicatif- de l'arabe dans la sphère publique est un bon marqueur. Il n'y pire sourd que celui qui ne veut entendre.
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D
J'approuve les dernières remarques d'Edgar (je n'aime pas dutout cet usage polémique de l'historiographie qui consiste, après que 50 universitaires sérieux pendant 30 ans aient expliqué comment l'école de Tolède a traduit Averroes, Avicène, et -entre autres - le corpus aristitélicien antique conservé en araba après avoir transité par Bagdad, vont brandir un historien marginal en disant "c'est lui qui a raison, il a démystifié l'intox" - dans le genre délire complotiste on ne fait pas mieux).Par contre, comme M. Couvert je ne comprends pas bien le sens initial du billet, même éclairé par les les commentaires d'Edgar. Sans doute parce qu'il y manque un maillon. Un souverainiste français peut-il taxer à l'Union européenne de "fricotage avec des gouvernements non démocratiques, dans des conditions obscures." Il s'agit de négociations, de coopération politique. Les "conditions obscures" sont peut etre dues à la sensibilité des opinions publiques, je ne suis pas sûr que la France toute seule ferait mieux. Mais surtout comment peut-on vouloir la souveraineté de notre peuple, et reprocher à ceux du Sud d'être "non-démocratiques" (car on a l'impression que c'est sur ce "non démocratique" que repose toute l'accusation) ? qu'on reproche à l'UE de ne pas l'être c'est légitime. Qu'on reproche aux pays du sud de ne pas l'être c'est plus problématique (d'ailleurs quelle démocratie veut-on leur "apporter" ?). Il manque un maillon du raisonnement :il faut dire alors que nous sommes souverainistes, mais aussi, dans un sens, interventionnistes, car nous voudrions impsoer aux pays du sud un mode de répression "démocratique" de leur émigration. Comment cet interventionnisme "démocratique" peut-il ne pas être néo-colonial . En inventant un internationalisme "socialiste", à la Chavez ? Une sorte d'internationalisme socratique, maïeutique ? qui aiderait les peuples (africains) à accoucher de leur propre démocratie, sans rien leur impsoer ? Je ne serais pas loin de le penser, mais on voit bien que c'est quelque chose de très difficile à dessiner dans le détail. Quant à la question migratoire plus généralement, on sait bien qu'elle ne trouvera de solution que dans un cadre révolutionnaire : réappropriation complète des conditions de leur développement par les peuples du sud, révolution culturelle (et économique) en France pour redonner aux gens le goût du travail manuel.
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E
Vous faites allusion au livre de Gougheneim, Aristote au Mont Saint Michel, qui est plus que contesté.<br /> Mais peu importe. Je ne crois pas que le christianisme soit pour grand chose dans l'intégration des italiens et des polonais en France, et je ne pense pas que les musulmans de France n'aient pas envie d'être français.<br />  <br />  
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G
Les Italiens, les Polonais, les Espagnols, les Arméniens, les Russes, etc. étaient chrétiens et avaient une envie réelle de devenir Français.Nous proposions une société sure d'elle, laïque, républicaine qui étaient un modèle envié ...La culture Française ne s'est pas tant nouri des autres (un peu le même genre d'intox que pour la transmission musulmane du savoir antique) que l'on veut bien le proclamer, mais j'aime bien votre image de porosité, même si je n'y souscris sans doute pas au même niveau que vous.Aujourd'hui nousavons une nécéssisté immense de faire une pause dans les "influences" c'est tout ce que je dis.Et puis pour "faire des Français" comme vous dites il faut une volonté des deux cotés, vous croyez qu'elle y est ?
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E
s'il y a une exception française, c'est d'avoir su faire des français avec des italiens, des polonais et toutes autres nationalités.je ne vois pas pourquoi la france ne continuerait pas à assimiler régulièrement des étrangers, qui seront les bons français de demain.La culture française existe, mais elle est nourrie des autres. ni ouverte à tous vents, ni fermée à double tour. poreuse.
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G
L'Afrique revivra si elle conserve ses hommes, ses cultures propres et son agriculture réelle (écologie intrinsèque et capacité vivrière).C'est sur ces fondements (et un partage matériel avec le nord) que nous n'irons pas droit à la catastrophe ici et la-bas.Le rideau de fer n'est pas la solution, mais un moyen de la mettre en place.Les bons sentiments ne suffisent plus (d'ailleurs ils sont aussi une forme de racisme),mais ce qui me préoccupe le plus c'est la diversité culturelle et je crois que l'exception française est une réalité (elle permet du reste ce dialogue entre nous deux) qui et utile à l'humanité.
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E
oui. et ce n'est pas en mettant un rideau de fer entre l'Europe et l'Afrique que l'Afrique revivra...
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