23 Janvier 2008
Ma journée d'hier a une nouvelle fois été un concentré de notre nouvelle Europe : sommet franco-espagnol le matin où j'ai retrouvé Alberto Navarro, rencontre avec le ministre des affaires étrangères roumain, Adrian Cioroianu, le soir.
Les esprits chagrins, on le sait, sont convaincus que cette Europe à 27 ne peut pas fonctionner. Que la diversité est facteur de blocage et que les décisions de l'Union à 27 se résument au "plus petit commun dénominateur" entre ses membres. Et si ce point de vue n'était finalement pas le bon ? Ma journée d'hier me convainc en effet du contraire.
Sur des questions aussi difficiles que la Turquie ou le Kosovo, les points de vue nationaux restent très différents. Néanmoins, les Européens se rejoignent dans la conviction que l'unité européenne est indispensable sur ces grands sujets. Plus encore, la sensibilité particulière de chaque Etat membre peut contribuer à l'émergence, au fil des discussions entre partenaires de l'Union, d'une position commune prudente et raisonné.La division est dans le national, l'Europe c'est l'unité. Car voyez-vous, l'Europe c'est la raison, c'est même la Raison :
La confrontation de ces points de vue, jamais réellement inconciliables, permet l'émergence de positions communautaires équilibrées, raisonnables, en un mot de bon sens.
l’Union européenne doit plus que jamais montrer aux Serbes qu’elle est prête à leur garantir l’avenir européen auquel ils aspirent. [...] L’avenir des Balkans est dans l’Union européenne. C’est en permettant à la Serbie de suivre résolument ce chemin que nous pourrons libérer les formidables potentialités, humaines, économiques et culturelles de ce pays.
- Sarko ne ferait que tenir sa promesse de ne pas faire de référendum (oui, mais c'était pour un traité simplifié, pas pour le même que celui qui a été rejeté),
- Les allemands ne font pas de référendum, ils sont pourtant démocrates (certes, mais ils ne vont pas jusqu'à s'asseoir sur les résultats de leurs élections, sauf, peut-être, en 1933...),
- "Devrions-nous rejouer le mauvais film de 2005 quand, pour de nombreux motifs n’ayant rien à voir avec le texte constitutionnel, le non français a mis fin à l’espoir d’un traité améliorant le fonctionnement de l’Union ?" (les français sont des imbéciles qui ne savent pas pourquoi ils votent. Euh... Sommes-nous certains que les parlementaires vont voter comme le leur demande Sarko, pour de bonnes raisons ?).
Le pire argument, le plus foutraque et satisfait à la fois :
"La ratification parlementaire est aussi en parfaite cohérence avec le traité lui-même qui donnera un rôle plus important aux parlements nationaux dans le processus de décision. Tant mieux si les parlementaires y sont associés dès maintenant."
Comme si les parlementaires français avaient besoin d'être informés de l'existence de l'Union européenne !
Il faut un sacré culot, une assurance extraordinaire pour prendre les gens pour des billes avec une telle constance. M. le Ministre a ce qu'il faut. L'Europe c'est chez lui, et merde aux grincheux qui s'y sentent sans repères :
On pourrait croire que le ministre a la grosse tête... Point du tout. C'est un martyr de la cause européenne, il s'est fait violence pour cette nouvelle incarnation de la Raison dans l'histoire qu'est l'Europe :
Quelle bonté d'âme ! Avant lui il y en a un autre qui avait fait don de sa personne à la France pour faire une Europe nouvelle... Le sacrifice est à la mode en ce moment. Généralement on le loue pour sacrifier un tiers...
Bon. Intéressant et effrayant voyage en Europie que ce blog ministériel. Qu'on se le dise, rien ne résistera aux vagues européennes... J'allais écrire "armées" ; ce ne sera peut-être pas toujours une image...