La lettre volée

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L'Europe de Claude Allègre

Claude Allègre est un homme intéressant. D'une maladresse étonnante, il a tout de même une vraie réflexion personnelle, démontrée notamment par ses deux livres "les audaces de la vérité" et "toute vérité est bonne à dire" (les titres font un peu Zorro mais on apprend des choses).

Donc son article du Monde du 26 août sur l'Europe et la recherche, titré "Tony Blair pose les vraies questions", était à lire a priori.

Lecture faite, c''est quand même bien décevant. Il est maintenant courant, et ça devient facile, de vouloir prendre l'opinion du "socialiste moyen" à rebrousse-poil. Louer Tony Blair permet de se donner l'air de reprendre le flambeau du parler-vrai. Mais le raisonnement de Claude Allègre est trop simplificateur pour convaincre. Il explique qu'en effet, Blair a raison de demander la fin de la politique agricole commune, au profit d'un effort de financement accru des politiques de recherche. Pourquoi pas ? Personne n'a rien contre la recherche, qui est évidemment une exigence pour notre développement. La question est : comment fait-on pour continuer à financer notre politique agricole devenue nationale si on doit, à la place, financer un effort de recherche accru alors que nous sommes déjà au taquet en matière de finances publiques ?

Et bien, nous n'en saurons rien.

La suite de l'article est prétexte à exposer la vision européenne de Claude Allègre.

Ca commence avec un petit coup de griffe, immérité, pour les partisans du Non : Allègre appelle à la création d'une Agence Européenne de la recherche "malgré le non français", pour généraliser les exemples du CERN, du synchrotron européen et d'Ariane. Je peux me tromper, mais je pense que ces trois programmes relèvent de coopérations intergouvernementales et ne doivent rien à l'Union Européenne. Le Non et le Oui n'ont donc là rien à voir (mais on continuera longtemps à parler des "mensonges du non"...)

Pour finir, Claude Allègre expose sa vision de l'Europe : une zone euro, à construction fédérale, et une zone de libre-échange euro-méditerranéenne. Voilà qui simplifie grandement les termes du débat ! L'Union Européenne comprend en effet aujourd'hui 25 membres, dont douze seulement sont dans l'euro. Que fait-on donc des 13 pays non euro et non euro-méditerranéens, parmi lesquels figure, au premier rang, rien moins que le Royaume-Uni de Tony Blair ? C'est bien notamment l'intégration des dix pays issus de l'élargissement qui est l'un des problèmes majeurs de l'Union.

Là encore nous ne saurons rien des solutions de Claude Allègre à ce sujet.

Claude Allègre a donc résolu les problèmes européens sur le papier, il a juste au passage oublié 13 pays de l'Union Européenne et fait passer le déficit budgétaire français à plus de 4%.

On espère que pour le prochain article ces points là n'auront pas été oubliés.
 
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