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21 Octobre 2014
La modulation des allocations familiales est une mesure peu réfléchie, pour plein de raisons - pas seulement parce que je vais en souffrir directement.
J'entendais Bourlanges et Pech en parler à l'Esprit public. Pech expliquait que ce n'est pas pour des allocations qu'on fait des enfants.
Bourlanges lui a répliqué en invoquant, plus justement, un contexte : on a réduit la portée du quotient familial, les crèches ne sont toujours pas gratuites et généralisées, et on réduit maintenant les allocations familiales. Indépendamment de tout calcul de type homo oeconomicus, une accumulation de mesures de ce type contribue indéniablement à rendre moins facile le sort des parents.
Je n'exclus pas également que les parents reçoivent les allocations comme on se réjouit d'une légion d'honneur : un signe de reconnaissance du fait qu'on a fait quelque chose de bien, ou de méritoire.
Pas mal de voix à gauche ont dit qu'il s'agissait de lutter contre les inégalités : pas normal de donner à un couple avec 2 enfants gagnant 8 000 euros la même chose que ce que l'on donne à un couple avec 2 enfants gagnant 4 000 euros. Le problème c'est que les allocations sont une mesure d'équité "horizontale", pas "verticale" : il s'agit de donner à un couple avec 2 enfants une partie (faible) des dépenses auxquelles il doit faire face, alors qu'un couple sans enfants gagnant la même chose ne les supporte pas. Les allocations sont là pour avantager le couple gagnant 4000 euros avec deux enfants par rapport au couple sans enfants gagnant 4000 euros également.
Par ailleurs, ce sont souvent les mêmes qui rejettent le principe de la TVA, au motif que prendre la même chose à tous est plus couteux pour les pauvres que pour les riches (ce qui est exact). En sens inverse, donner la même somme à tous est redistributif : donner 100 € à quelqu'un qui en gagne 100 double son revenu, alors que cela n'apporte que 25% à quelqu'un qui en gagne 400 !
Guillaume Allègre enfin, explique enfin fort bien que, de façon générale, "les systèmes sociaux qui ciblent le moins les pauvres sont également ceux qui ont la plus forte capacité redistributive", défendant l'universalité des systèmes de protection sociale.