La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Airbus, ou les cafouillages de la politique industrielle européenne

Je signale à l'attention des lecteurs intéressés par un bon papier de fond sur les problèmes de structure actionnariale d'EADS/Airbus, un texte très intéressant. Il est de Pierre-Marie Gallois - avant que quelqu'un ne soulève ce lièvre, oui, Gallois est un gaulliste fort à droite, et oui, son papier est sur un site web très gaulliste de droite.

Il n'empêche que l'homme sait de quoi il parle en matière aéronautique (il était dans la RAF pendant la deuxième guerre mondiale et a travaillé ensuite pour Dassault).

Deux points, pour résumer son papier :

- il revient sur le cadeau monstrueux fait par la gauche à Lagardère (il cite Elie Cohen : « Le seul point fort de la spécialisation industrielle de la France qui était l’aéronautique  est en train d’être bradé ») ;
- il explique pourquoi la coopération entre nations marchait mieux (un chef de file par projet, les autres sont sous-traitants, et chaque nation a son projet phare.) Au lieu de quoi un copilotage égalitaire dans l'affichage se retrouve dissimuler un sac à mauvaise gestion.

Bref, un bon résumé des impasses de la construction européenne.

JM Fayard, à toi le micro...
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
En tout cas, ce texte est intéressant, pointe des manquements et lance des accusations très graves. Les liens entre grand capital, presse, secteur stratégique de l'économie et monde politique sont pour le moins troubles....
Répondre
J
Merci, je vais lire ce papier qui a l'air intéressant en détail.Me basant sur ton résumé, je ferais les analogies suivantes :- l'antique modèle que ce gaulliste appele de ses voeux de simple coopération entre les nations avec contrats de sous-traitance... correspond au niveau politique aux alliances diplomatiques type "entente cordiale" de 1905- le modèle avec lequel Airbus s'est cassé la geule correspond à une construction inter-gouvernemental de type Maastricht-Nice où beaucoup décisions se font à l'échelon "européen", mais où les décisions sont prises lors de foires d'empoignes entre gouvernements européens (et leurs diplomates) décidant à l'unanimité et parfaitement au diapason de leur seuls intérêts nationalistes- ma conception de l'Europe fédérale et démocratique consisterait à faire d'Airbus une compagnie supranationale mais autrement "normale", bref grosso-modo quelque-chose de semblable à Boeing.Si on est d'accord que 2) ne marche pas, il reste donc 1) ou 3).
Répondre
E
Ouaip. On est d'accord sur l'analyse des problèmes, comme souvent. Mon seul point c'est que tout la difficulté de la construction européenne est là : l'impossibilité de choisir des solutions de type 3, parce que les nations ont une réalité, et qu'il n'est pas  plus question que l'Allemagne accepte de voir Airbus devenir français que l'inverse. Et tous les discours sur "les entreprises qui n'ont pas de nationalité" n'y changeront rien.