La lettre volée

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Edmund Phelps, un étrange prix Nobel

On peut faire des travaux très pointus, être pote avec Jean-Paul Fitoussi, recevoir un prix Nobel d'économie et de temps en temps penser par clichés.

Phelps, puisque c'est lui, signe un papier platement binaire et fait une proposition assez étrangement rétrograde.

Le papier du Wall Street Journal fait l'éloge du capitalisme anglo-saxon opposé au capitalisme européen. Les arguments de Phelps sont cependant étonnants. Le modèle européen continental serait caractérisé par des "banques monopolistiques". Je ne sais pas s'il fait référence à l'encadrement du crédit, il faudrait lui écrire pour lui dire que ça a été supprimé en 1984.

Plus loin, il explique que la productivité horaire du salarié américain est supérieure à celle des trois plus gros pays européens, c'est faux. La productivité horaire du salarié français est régulièrement meilleure, encore ici en 2005 selon les stats de l'OCDE (niveau US = 100, France = 101, UK = 83 (cf. sur Blair), Allemagne = 91).

Le reste de l'article allie de l'intéressant à du pas original, pour conclure avec un argument qui mériterait que le concept de jésuitisme eût été créé pour lui. En gros, selon une optique de justice rawlsienne élargie (Rawls, pour faire vite, indique qu'une société juste doit s'assurer que les inégalités bénéficient aux plus démunis - financièrement s'entend), il faut éviter d'entraver les entrepreneurs qui sinon se retrouveraient les plus démunis de "développement personnel".

Bon, mais qui suis-je pour juger un prix Nobel d'économie, avec mon bac+5 ?

De vrais économistes s'étonnent quand même d'une autre proposition de Phelps, qui explique que Bush a eu tort de baisser les impôts des riches, il aurait mieux valu...augmenter les impôts des pauvres !
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H
Je ne sais si Phelps manque de mise à jour dans ses informations su les banques françaises.Son avis ne manque certainement pas de susciter certains échos pour qui connaît l'histoire et la structure des banques françaises.TOUTES les majors de la banque française sont d'anciennes banques publiques ou à participation publique.Certaines d'entre elles, comme le Crédit Agricole ou Dexia France (ex-Crédit Local de France) sont assises sur une clientèle et des capitaux captifs, issus de leur activité 100% publique passée.Ajoutons que les banques françaises, même quand elles sont devenues privées, ont conservé les mauvaises habitudes de leur pedigree : les frais bancaires, toutes opérations confondues, sont 2 à 3 fois supérieurs en France par rapport à la Belgique ou à l'Allemagne. Les banques françaises continuent de surtaxer les virements intracommunautaires, en les faisant payer de 5 à 12 fois plus cher que les virements nationaux, alors que les directives européennes stipulent que ces deux types de virement devraient être au même tarif, etc. Dans leur bilan annuel, ces profits indus (unnecessary profits) pèsent  évidemment très lourd… Toutes ces pratiques sont clairement l'héritage d'un système bancaire non concurrentiel, dirigé par une oligarchie d'État.Point n'est besoin d'aller aux Etats-Unis pour voir fonctionner un système bancaire plus en phase avec les règles capitalistes (quand elles existent…) : Belgique, Allemagne, entre autres…
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E
Phelps parlait de l'Europe, pas de la France.Pour le crédit agricole, il ne faut pas confondre mutualiste et public. Les banques allemandes mutualistes sont très fortes sur leur marché.Les taux d'intérêt sur les crédits conso sont bien plus élevés aux USA et au Royaume-Uni, les appelez-vous aussi unnecessary profits ?Je trouvais juste l'analyse de Phelps un peu lapidaire pour un Nobel d'économie, et je continue.
T
ou aux différentes banques centrales européennes (qui existent toujours malgré la BCE).
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T
Pour les banques monopolistiques, peut-etre fait-il allusion à leur tendance au regroupement (BNP Paribas, HSBC CCF).
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