La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Sarkozy, l'erreur

A l'heure où tout Paris  ne bruisse que de Yasmina Reza, DSK et Sarko dans un bateau, pas mal de choses s'accumulent pour prouver que notre Président se donne de moins en moins de peine pour séduire  les ex-nonistes, et qu'il se révèle pour un décalque parfait de ce que l'Amérique nous a donné de pire, GW Bush :

- son été a prouvé qu'il entendait bien remplacer Blair comme poodle à côté de son grand homme (qui pourra bientôt lui donner du "Yo Sarko"). Il n'y a guère que Cécilia qui ait sauvé l'honneur, grâce à son angine ;

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- le voyage ridicule de Kouchner en Irak démontre que l'alignement est de rigueur. Notre ministre explique dans Libération, hier, que l'Irak est une "démocratie" (les guillemets sont de notre "ministre"). J'ai rarement vu un "ministre" revenant de visiter une "démocratie" et réclamant la tête du Premier ministre de son hôte. On a appris plus tard que notre "ministre" s'était rétracté ;


-
le processus d'adhésion de la Turquie à  l'UE se poursuit. Sarko avait flatté les nonistesde droite en leur lâchant la Turquie en pâture, il la leur reprend maintenant qu'il est élu. Les américains d'abord (la Turquie est membre de l'OTAN). Pour contenter les nonistes de droite les plus bas de plafond, on leur lâche les procès d'irresponsables mentaux, ça leur fera les crocs (moi je m'en fiche, je suis favorable à l'entrée de la Turquie) ;

-
la défense européenne va se rapprocher de l'OTAN et la France également. Ca tombe bien, la Turquie est dans l'OTAN. Comme ça nous sommes assurés d'avoir une Europe américaine for ever, avec de beaux radars américains dessus ;

-  tout ça nous prépare une Europe qui ressemble à une
Sainte Alliance à 27. D'ailleurs, à propos d'églises :

            1. Alliot-Marie a parlé de réinstaurer des carrés religieux dans les cimetières et de faciliter le financement d'associations religieuses (Le Figaro, 3/7/2007).
           
            2. La même a déclaré ensuite vouloir rénover la loi de séparation de l'église et de l'Etat, ajoutant "Dans un monde qui a vu s'effondrer la plupart des repères idéologiques et moraux, les religions ont plus que jamais vocation à éclairer la société, qu'elle soit civile ou politique. Je remercie l'Eglise catholique de la contribution déterminante qu'elle apporte à ce débat."
           
            3. déclaration le 20 juin dernier "le secrétaire d'Etat du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, a salué mercredi 20 juin un "changement d'orientation" de la France sous l'impulsion de Nicolas Sarkozy à propos de la reconnaissance par l'Union européenne de son identité chrétienne. "Je vois que même la France est en train de changer d'orientation et de position" sur l'identité chrétienne de l'Europe, a déclaré le cardinal Bertone après avoir évoqué les récentes rencontres du nouveau président français avec ses homologues européens. (AFP)", via la Gazette d'Admiroutes.

- hier matin, toujours dans Libération, la Présidente d'une association de chercheurs et militants spécialisés sur le Droit d'asile, réaffirmait la
convergence absolue des directives européennes et de la politique anti-immigration Sarkozy/Hortefeux. Elle décrit comment l'Europe, en notre nom à tous, encourage Khadafi à enfermer chez lui, dans des conditions ignobles, des réfugiés africains qui pourraient être tentés de passer en Europe ;

- Laurent_K me signalait
une analyse dramatisante d'un think tank plutôt pro-européen, Europe 2020. Selon eux, il y a un risque que les fonctionnaires européens s'allient aux extrêmistes qui deviennent de plus en plus puissants, notamment après 2009. Extrait : 

 

L’appareil administratif communautaire, reprenant un cheminement classique dans l’histoire européenne, choisit alors de préserver coûte que coûte le projet communautaire dont il estime être le seul dépositaire, tout en protégeant ses privilèges et son influence.

Il décide donc de s’orienter vers une stratégie de partenariat avec les forces anti-démocratiques et xénophobes et signe le Pacte avec le Diable (persuadé qu’il pourra ensuite se débarrasser de cet allié de circonstances).

Juillet 2009 : Les arrière petits-fils d’Hitler, Franco, Mussolini et Pétain prennent le contrôle de l’Union européenne avec la complicité de l’appareil bureaucratique de l’UE.

 

 
La seule erreur d'analyse de ce think tank c'est que ces extrêmes eux-mêmes sont assez largement le fruit de la construction européenne : les populations, fragilisées par toujours plus de concurrence débridée, toujours moins de protection sociale, comme l'exige la doxa européenne, copie conforme de celle des néo-conservateurs, se jettent dans les bras de n'importe quel démagogue prêt à juger des arriérés mentaux ;


- Pendant ce temps, François Hollande a salué la mort de Raymond Barre, un homme qui séparait le "français innocent" du "juif français", approuvait la peine de mort, estimait que le meilleur moyen de lutter contre le chômage était de retrouver un travail, louait les qualités humaines de Gollnisch et Papon, chanta la gloire de Mobutu, roi du Zaïre. Un homme très rigoureux, on le voit, et  espiègle en plus. Enfin, nous sommes sauvés, Sainte Marie-Ségolène a trouvé ce qui relèvera la gauche, c'est de lutter contre l'assistanat (voir son discours creux , avec la phrase qui va nous sauver : "Tant de gens qui refusent l’assistanat mais veulent des solidarités vraies, efficaces, respectueuses de la dignité due à chacun."). C'était pour ma rubrique "heureusement qu'il y a une opposition pour nous tirer de là", je reprends le fil du rasoir réel ;

- Hors donc, dans ce cloaque infâme qu'est la France d'aujourd'hui, qui trouve 20 millions d'euros pour le dispositif de Martin Hirsch après avoir octroyé une quinzaine de milliards d'euros d'exonérations fiscales à des gens qui n'en avaient pas besoin, Sarkozy veut une présidentialisation accrue du régime - avec la bénédiction de Jack Lang. Il faut lire ici, chez
Jean-Philippe Immarigeon, tout le mal que l'on doit penser du régime présidentiel.

Finalement, et paradoxalement, le salut viendra-t-il des conservateurs les plus classiques ? Je pense déjà du bien des conservateurs britanniques de UKIP, voilà qu'un ancien sous-secrétaire d'Etat au Trésor  américain de l'ère Reagan, Paul Craig Roberts, explique que
ce sont les patrons américains qui ont ruiné l'Amérique, en exportant le travail, et les rémunérations qui vont avec, en Chine.

Pour en revenir à Nicolas Sarkozy, son élection est une terrible erreur, qui finira par nous coûter cher, je le crains. Le pire, toujours, c'est que je ne vois guère de relève même parmi les lionceaux aux dents plus longues que celles des éléphants...










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E
@Antoine : une adresse email, courriel. Pour t'envoyer un courriel !
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A
@Jmfayard, tu as raison de vouloir t'assurer que je ne dis pas n'importe quoi. Je te rejoins dans cette demande. Je confirme le résumé fait de la politique de l'UE.Sur les idées directrices et le concept. Il y a eu des Conseils européens en 1999 et 2004. Il y a surtout le livre vert de la Commission de 2004. Je ne crois pas que ce texte comporte le terme même "d'immigration choisie" mais, tu verras que l'idée est totalement la même. Une immigration légale plutôt large pour des besoins de main d'oeuvre. Sur le mot. "Immigation choisie" ou " de choix" ont été prononcée à l'époque. Il a été prononcé dans les travaux préparatoires.. Sans te garantir le résultat, je vais essayer de te trouver au moins une référence, malgré le temps non extensible et le fait que, malheureusement, j'ai fait, avant les vacances, un gros nettoyage de mes stocks. En tout cas, je garde ta demande en tête. Cela dit, je t'invite à par exemple, comparer les dispositions de la loi de NS sur l'immigration avec les principes de la Commission du Livre vert. Tu pourras constater par toi même je pense, la très grande proxmité des modalités même techniques. Sur internet on doit pouvoir trouver des analyses un peu croisées mais bien sur elles sont à approfondir.Cela dit, il n'y a rien d'étonnant, c'est l'effet logique de la prégnance majoritaire de l'intégration et la place qui devient largement prépondérante des normes de l'UE par rapport à la liberté des Gouvernements nationaux. Le dernier exemple en date qui m'a frappé. Le gouvernement a demandé aux partenaires sociaux d'ouvrir des négociations sur la "flexisécurité", les parcours professionnels, le contrat unique... Je n'ai entendu nul part dans la presse, la radio.. que ces thèmes de négociation ont été demandés par l'UE (je te donne toute les références si tu le veux).Par ailleurs, je m'excuse si j'ai pu te faire croire que je traitais les personnes partisans de l'UE de "fachos" ou de "stalinien", qualificatifs faciles et auxquels je suis de plus en plus litteralement allergiques car ils sont surtout là pour empécher de penser. C'est un procédé que j'execre et je ne crois pas l'avoir fait. Par tempérament, je suis sensisble à la diversité des personnes et n'est pas goût pour les qualificatifs. Par la chance de 2 belles rencontres, je suis au contraire sensible aux structures de pensée qui peuvent se rejoindre malgré des positions matériellement parfois (très) différentes. Si je l'ai fait, je te présente mes excuses.Par contre, il est vrai que je ne peux pas ne pas m'interroger sur l'analogie entre la construction de l'UE et ses modalités, à la construction des empires dont l'Union soviétique (il y a bcp de thèmes présentant une analogie frappante mon sens). Toi même dans l'un des commentaires regrettait l'absence de référendum. De mon point de vue, il n'est pas possible de ne pas penser cette phobie pour les peuples. Est-elle accessoire (mais pourquoi cette conjonction de déclarations concordantes ?) ou est-elle le signe de quelque chose de plus profond... Baroso a parlé récemment d' "empire non impérial", dommage que le débat soit inexistant sur l'UE (houps ! sur l'Europe comme il faut dire officiellement), car c'est une expression intéressante. @Edgard, je ne comprends pas ta demande. Quelle adresse électronique souhaites tu ?
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E
@ Antoine : si tu peux me communiquer une adresse électronique...
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E
JM, Le Monde évoquait, en septembre 2006, le fait que "l'immigration choisie" sarkozyenne s'inscrivait dans les orientations de l'Union :http://www.lalettrevolee.net/article-4009316.htmlMaintenant, si Antoine a plus de précisions, c'est encore mieux.
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J
Après les fachos et les nazis, nous voilà accusés d'être des staliniens. Charmant ! Il ne manque plus qu'un refrain sur les cathos si vous voulez égaler et dépasser ce que "Non" reprochait à Lipietz plus haut.Cependant j'écris surtout pour avoir des informations sur cette phrase d'Antoine :"l'immigration choisie" est un concept venant de l'UEBien entendu.Cependant pourquoi ne pas apporter vos preuves ?Je comprends bien qu'il serait plausible et agréable que l'impression qu'il s'agissait d'une décision autonomne de Nicolas Sarkozy avec l'assentiment jubilatoire ou silencieux du Peuple Français soit fausseEt logique que celui-ci fût sous la contrainte de la "Commission de Bruxelles"Cependant les mensonges des nationalistes, on les a compté par dizaines pendant la campagne de 2005Donc apporter des preuves, ça peut être utile pour permettre à vos lecteurs de disitnguer les infos des intoxHistoire de voire s'il ne s'agit pas simplement d'un réflexe maladif dont la logique de base serait : "je contrebalance, excuse, subsume une saloperie made in France par une perfidie encore plus grosse - plus ou moins imaginaire - made in Bruxelles"Un peu comme Dieudonné dégaine l'esclavage pour contre-balancer la Shoah.
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A
Pour ma part je suis profondément convaincu que les xénophobes ne sont pas là ou on le pense. La négation des nations, de leur identité et de leur souveraineté-liberté (et de leur droit à ces deux biens consubstantiels à leur vie, comme à toute vie) est pour moi le signe manifeste de l'impossibilité de penser l'altérité.Je sais bien que tout le discours médiatique et officiel va contre cette idée mais je trouve que c'est une idée sommaire et  qui me semble résister difficilement à l'analyse concrète et existentielle. C'est vraiment la limite du texte - stimulant par ailleurs - du blog européen : sans doute passer à coté du phénomène marquant pour une projection naive.
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E
"Est-il absurde de se demander si les forces anti-démocrates et xenophobes ne sont pas déjà là ?"C'est exactement ce que j'avais en tête, tu me fais avancer d'une étape. Bien vu sur Monnet également.Enfin, j'ai bien aimé "la route de la servitude" de Hayek, et suis bien conscient d'avoir un peu rapidement invoqué son nom...   Mais autant il est aisé de savoir ce que Hayek ne voulait pas, autant je ne suis pas sûr de suivre ce qu'il voulait...
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A
Intéressé par ta note, je me permets quelques reactions (trop longues? pardon).La pensée de Hayek est beaucoup plus complexe. Je ne suis pas sur que ce soit lui qui règne dans l'UE, ni qu'il soit à l'origine des néo-com... Au contraire, son analyse est celle d'un principe de responsabilité, de proximité, du concret, de défense de la démocratie. Il n'y a pas d'adversaire plus percutant contre le constructivisme à l'oeuvre au sein de l'UE. Ce qui importe n'est pas tant la position particulière mais la structure de pensée en oeuvre dans une philosophie. La lecture de Hayek vaut le coup même si l'on est pas toujours d'accord (ce qui est mon cas sur certains aspects) mais elle réserve bien des surprises. Elle est stimulante.Sur la fin de ta note, j'ai lu un article intéresant sur la perception des néo-com par la droite catholique américaine. Ce n'est pas le grand amour...Obligé de me coltiner toute la journée pas mal de prose officielle de l'UE, il me semble qu'en matière d'immigration la position de l'UE peut se résumer ainsi : ouverture à l'immigration légale qu'on peut qualifiée d'assez large ("l'immigration choisie" est un concept venant de l'UE) mais une grande rigueur contre l'immigration clandestine. Pour travailler dans le nouvel ordre mondial et économiste il faut de la main d'oeuvre par chere et de l'ordre...Référence de Laurent K intéressante. - C'est effectivement un fait que, dans l'histoire, les partisans d'une "grande Europe" n'ont pas forcément été les plus démocrates... - Mais, à mon sens toujours, il faut aller plus loin dans l'analyse et se demander pourquoi. Il est vain d'appeler au secours le Traité de Rome, les valeurs de l'UE.... Encore une fois, les citations des dirigeants de l'UE au sujet du traité constitutionnel bis montrent bien que les constructivistes et idéologues de l'UE ne peuvent - par essence - qu'être anti-démocrates pour faconner une structure politique inédite. C'est ce que permet très bien de penser Hayek : le lien entre constructivisme et totalitarisme ou anti-démocratisme : l'analyse vaut pour l'UE comme pour l'ex. Union Soviétique. J. Monnet - le glorieux père fondateur - c'est exactement cela, un technocrate éclairé mais totalement etranger à toute idée démocratique. Est-il absurde de se demander si les forces anti-démocrates et xenophobes ne sont pas déjà là ? Bien sur, ils ne présentent pas ainsi. Mais dans la phobie actuelles des dirigeants de l'UE pour tout référendum et dans cette volonté d'instauration d'un super-Etat que lire d'autres - au fond - sinon un total mépris pour la démocratie et une haine réelle de l'altérité et de la différence de chacun ?Ce dernier point m'entraîne enfin à une mise en perspective. Je suis frappé par les permanences de l'histoire. L'histoire de la CECA, de la CED montrent que la situation actuelle est la même que sous la IVème répuplique. Ce même Monnet cherchait à créer les Etats-unis d'Europe avec l'appui constant des USA en exigeant des Etats "de ne pas établir de droits de douane ou des contingents" ou quand le même Monnet allait soutenir au nom des USA le général Giraud pour faire de la France un protectorat américain, projet que de Gaulle combattera. Les déclarations du même Monnet sur l'intégration de l'Europe pour le plan Marshall sont aussi connues (pour ceux qui lisent). NS est son européisme n'est qu'une constante de l'histoire européenne récente.
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O
edgar : elle-même en personne, entre deux régates.
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E
sauf, JM, que la politique anti-immigration de l'UE est très antérieure à l'élection de Sarko, et qu'en plus, il serait très anti-démocratique que l'Union se décide au seul regard des positions françaises.La réalité est donc que cette politique est d'autant plus sauvage qu'elle découle d'une analyse purement bureaucratique.Et ne t'inquiète pas pour ton référendum, l'UE n'étant pas démocratique, tu retrouveras la plupart de ce que tu aimais dans le mini-traité.
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