14 Mai 2007
Il y a eu quelques tirades sur le côté creux, nombrilique, narcissique de la blogosphère.
Et puis il y a tout de même des débats vraiment intéressants, et sur certains points en avance sur les bagarres de cour de récré (c'est pas moi m'sieur, c'est elle. Non c'est lui...) de la presse grand public.
D'abord chez Allegro Vivace, une réflexion qui rappelait le fort contenu idéologique des discours des deux candidats, même s'ils ne défendent, l'un et l'autre, pas l'idéologie qu'on aurait pu attendre (pas de surprise pour moi côté Ségo, ça fait longtemps que je suis convaincu qu'elle est foncièrement de droite).
Chez le même, réaction à la victoire de Sarko : il a gagné en tenant bon sur un discours de droite et en adaptant un programme très travaillé à des thèmes de droite. Y'aka faire pareil à gauche (Piketty a dit un peu la même chose).
Du coup, chez Frédéric LN, un rebond sur le thème y'en a assez des programmes qui ne sont que des coups de pouce à droite ou à gauche par rapport à une situation considérée comme donnée, à laquelle on ne veut, au fond, rien changer. Arrêtons de partir de l'existant, partons de nos objectifs pour chercher, ensuite, des moyens.
Passage marrant :
Le discours énarchique classique, j'en ai vu des exemples, est construit sur la grille suivante, absolument universelle :
a* Beaucoup de choses vont bien ... [avec un complément si le discours est émis par le pouvoir : beaucoup de choses vont bien grâce à nous].
b* Mais il y a des améliorations qui s'imposent ...
c* Les voici. [discours émis par le pouvoir : et c'est ainsi que nous accomplirons une continuité parfaite avec ce qui va déjà bien ; par l'opposition : et c'est ce que vous ne voulez pas faire malgré notre insistance continuelle].
Au fond, ce que vise Frédéric c'est le discours Thatchérien: il n'y a pas d'alternative, repris par Minc (le cercle de la raison), ou par des socialistes-libéraux qui estiment que Sarko fera, en plus vigoureux, un travail nécessaire "d'adaptation aux réalités", et que dans cinq ans la gauche viendra avec du sparadrap soigner les bobos (sans jeu de mot).
Illustration admirable de concision, chez Commentaires et Vaticinations :
Nous voici donc forcés, avant d’en arriver à l’étape Blair, de passer par la phase Thatcher : la société va devenir plus dure, moins coopérative, plus inégalitaire, moins solidaire pendant quelques années mais les grands équilibres finiront par être rétablis lorsque la gauche, recomposée autour d’un projet clairement social-démocrate, reprendra la main sur une droite ayant achevé le sale boulot.
Conclusion :
Il y a deux camps qui se forment, ou se cherchent, qui ne sont pas exactement ceux que l'on croit :
- Le camp de l'adaptation aux réalités (et, contrairement à ce qu'écrit allegro vivace je crois plus aux proximités entre Ségo et Sarko, à ce sujet, cf. La possibilité d'un centre, qui range Ségo et Sarko dans un camp jacobin. Les sociaux libéraux sont là également pour démontrer des proximités fortes).
- Un autre camp, qui se cherche, qui estime qu'il faut chercher autre chose : Bayrou (cf. sa méthode décrite par Frédéric LN. Même si Frédéric voudrait encore plus, Bayrou admet une rupture assez forte entre l'existant et les objectifs), et puis pas mal d'alters en tout genre (parvenu à ce point, on se souvient d'avoir lu des choses sur le Lanza-del-vastisme originel commun à Bayrou et Bové, et on remarque le ralliement récent du vert Jean-Luc Benhamias).
Est-ce que quelqu'un a suivi jusqu'ici ?
De toute façon, je m'arrête sur cette conclusion provisoire...
Si on poussait le raisonnement jusqu'au bout, Bayrou ne serait pas un nouvel entrant, à gauche, par le côté droit, se plaçant entre le PS et la future UDF-canal renégats, mais bien un transfert direct depuis l'ancien centre droit vers la gauche du PS ! C'est le PS qui se retrouverait à droite de Bayrou, non l'inverse. Je crois que ce serait profondément dans la logique des choses. Il faudra probablement du temps à FB pour franchir ce pas, comme les verts ont mis du temps à s'inscrire à gauche, avant d'être torpillés par Hulot et par le vote utile.
J'ai passé toute la campagne à penser que Bayrou est plus à gauche que Ségolène, sans penser que cela pouvait s'étendre à leurs partis. Si Bayrou va jusqu'au bout (vas-y François !), ne va-t-on pas finalement arriver à la même conclusion au niveau des structures également ?
Restez à l'écoute !