La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

François Bayrou, encore

Comme Frédéric LN m'a encore fait l'honneur d'une longue réponse, je me permets de faire durer le plaisir et de répondre à la conclusion de son commentaire.

Il résumait ainsi son point de vue :

"il me semble que pour François Bayrou, le handicap de la France par rapport aux autres pays, la raison pour laquelle nous sommes "le" pays déclinant en Europe, c'est le manque de démocratie ; c'est l'autisme de la technostructure énarchique et de ses prolongements, par pantouflage, dans les grandes entreprises. Spécificité française qui a contribué à notre développement accéléré à l'époque de l'industrie lourde, de l'équipement planifié et de l'exode rural (disons 45-65), et qui fait de notre société, à l'échelle macro, un dinosaure menacé d'élimination dans la société de l'information et de la lutte pour les matières premières."

Quelques points d'accord et de désaccord. Je ne suis pas sûr que la France soit l'homme malade de l'Europe. Il y a sans doute pire. Je suis bien certain en revanche que la démocratie française est malade, et que la technostructure est désignée trop vite et recrutée sur des bases trop étroites.

Mais il y deux choses à prendre en compte :

1. la technostructure européenne n'est, en rien, plus ouverte que la française. Dans 15 ans, les anciens du Collège de Bruges auront trusté toutes les places intéressantes, et pour longtemps.

2. il y a, en contrepoint à la technocratie française, une opinion publique. C'est elle qui a fait pression récemment sur le fichier Edvige. C'est elle qui sait descendre dans la rue, comme en 1995, pour affirmer son attachement au coeur de notre système social. Je ne crois pas qu'une telle opinion publique existe à l'échelle européenne.

C'est pour cette raison que je crois réellement très dangereuse la concentration excessive des pouvoirs à Bruxelles, car elle n'est balancée par rien. Et le lien fort plausible entre Edvige justement et des réflexions à l'échelle européenne n'a rien pour me rassurer.

Voilà pourquoi je persiste, Bayrou se trompe dans l'analyse des racines du mal français. C'est bête à dire mais elles sont à Bruxelles.





 


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G
FredericLN: Le problème est qu'on a tendance à considérer en France que politique étrangère = usage des forces armées à l'extérieur du territoire national + liberté de porter des jugements de valeur sur les régimes extra-européens, surtout basanés.Comme je le soulignais, la France est déjà présente aux côtés de l'Union, voire, de l'ONU à l'étranger dans de nombreux programmes d'intervention civils, non-militaires. Mais comme ça ne valorise pas nos politiciens en quête de soutien dans l'opinion, ça ne compte pas. Alors que du sang sur le carreau, ça, ça marche.L'hypothèse de voir cette stratégie appliquée par nos politiciens à l'échelle européenne me terrifie.
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F
"Pour ce qui est des "engagements internationaux" de la France n'ont-ils pas commencé avec l'Union européenne ?";-) c'est bien ce que je voulais dire par "la même question". La planète étant de plus en plus petite, il faut de plus en plus souvent s'y mettre à plusieurs pour faire face aux problèmes - mais le mécanisme disponible est habituellement juridique - conventions, traités - qui a le grand inconvénient de la rigidité. Exemples : le droit de la mer (Cf. bateaux poubelles, piraterie en eaux internationales, risque de bateaux suicides...), l'Office européen des brevets, les interventions de Casques Bleus (hyperdifficiles à cesser), etc.L'Union européenne est un peu moins pire, avec un embryon de gouvernement et de Parlement, donc de responsabilité politique et de débat public. Hélas, un peu moins seulement.
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E
Hé bien disons que l'aventure européenne justifie tous ceux que tu dénonces, dans leur immobilisme (l'énarchie, les élus locaux satisfaits de leurs fiefs, les médias etc...)Pour ce qui est des "engagements internationaux" de la France n'ont-ils pas commencé avec l'Union européenne ?...
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F
Bonjour,répondre à des commentaires par des billets entiers, tout l'honneur est pour moi !Je crois les points que vous mettez en évidence - edgar et les débatteurs ci-dessus - sont importants et même quintessentiels ;-) en particulier la question de l'opinion publique européenne, du débat européen. Par exemple, pour moi, la moitié du Parlement européen devrait être élue sur des listes paneuropéennes. Ça obligerait les partis à expliciter leur programme POUR L'EUROPE (y compris s'il s'agit de la démanteler).Et je doute que ce qu'écrit edgar ici soit à l'opposé de l'opinion de François Bayrou, par exemple, sur les mêmes sujets.En revanche, je ne verrai certainement pas dans les défauts de la démocratie européenne, des causes essentielles de l'échec (relatif) de la démocratie française, au regard de ses voisins européens - ce qui était le sujet du commentaire que vous reprenez dans le billet.La société française n'est peut-être pas "déclinante", je pense qu'elle a énormément d'avenir et de potentiel, en revanche, notre État est dans les cordes et compté huit (à la fois). C'est pas la faute à Bruxelles, c'est la faute à la France - son administration toute-énarchique, ses médias tous-parisiens, son jeu de la barbichette entre "partenaires sociaux", son lacis autobloquant de "collectivités territoriales", le fardeau toujours croissant de sa bombe atomique, et quelques autres aberrations. Dont aucune ne vient de Bruxelles, pour le coup.Tenez, le gouvernement vient de capituler sans conditions sur Edvige, alors que le PS n'avait poussé qu'un vague grognement, et si la France était tenue par Bruxelles là-dessus ... en ben ça s'est pas beaucoup vu. ... Quant aux explications de vote de François Bayrou sur l'Afghanistan hier (sujet du billet initial), elles me semblent tenir la route http://afp.google.com/article/ALeqM5hQvpq6k0i88tUPtiKa1bfXsVZHtAmais comme justement elles s'appuient sur les "engagements internationaux" de la France, elles posent un peu la même question : où est la "démocratie internationale" qui permettrait de gérer politiquement, devant l'opinion, la guerre contre al Qaïda ?
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S
"poignée(ets) de ... apatrides-mondialistes-prédateurs-civilicides....".Je sens comme une odeur de souffre tout à coup.
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E
Cigalette, c'est sans doute plus compliqué... La Commission fait ce qu'elle vuet parce que le projet européen est une idéologie porteuse, qui impressionne les opinions publiques et les gouvernements. Sans ce soubassement idéologique, la Commission n'est rien.
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C
Bonjour,Le mal à Bruxelles ?Je préciserai LA COMMISSIONElle s'arroge des pouvoirs qu'elle n'a pasElle prend des décisions favorables aux U.S.A.Elle incite à casser toutes les structures des pays de l'Union(tissu industriel, services publics, etc...)En un mot elle ne vibre pas de la fibre Européenne mais travaille pour quelques poignets de trusts apatrides-mondialistes-prédateurs-civilicides qui font du loobying.Cordialement.
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G
En défense de sav, j'aimerais souligner que, souvent, ce qui vient de Bruxelles vient en fait de Washington, c'est à dire, du débat transatlantique : que Bruxelles contribue grandement à animer, il est vrai, comme on le voit actuellement avec ACTA.Les esprits chagrins observeront que Bruxelles n'a pas mandat à cela, mais qui s'en soucie ?
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E
C'est l'hopital qui se moque de la charité.1. l'Union a accepté de donner la plupart des données passagers aux usa, servilement2. idem pour toutes les données de paiement interbancaire via swift et euroclear, qui passent aux usa sans problème ni contrôle3. au passage, la commission se déclare compétente pour vérifier la législation française, et la fin de l'article lie bien edvige à une réglementation européenne : "Il se veut d'autant plus vigilant que la Commission est susceptible de<br /> devoir instruire des plaintes contre le projet français, si celui-ci<br /> présente la moindre faiblesse par rapport à la législation européenne."Ce serait fascinant si c'était le cas que les journaux français ne donnent que le rôle positif de la commission sans jamais mentionner le rôle de cette même commission dans la création d'edvige... parlons de transparence...
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S
Concernant Edvige, vous avez lu ça? edvige-les-mises-en-garde-de-bruxellesBruxelles encourage visiblement Sarko à réviser sa copie. Toujours le mal absolu?
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