29 Juin 2014
Plus généralement, la fourniture gratuite de services publics est un moyen de redistribution plus efficace que la fiscalité.
De fait, la fiscalité, quand elle vise à redistribuer, est souvent contournée : la pression est forte pour que les barèmes soient revus à la baisse, les exceptions et niches se multiplient, sans même parler de la fraude.
La fourniture de services publics à prix préférentiels ou à titre gratuit est, en sens inverse, bien plus vertueuse.
Donnez 100 euros à quelqu'un qui en gagne 1000, c'est 10% de son revenu. Donnez 100 euros à quelqu'un qui en gagne 2000, c'est 5% de son revenu. Autant prélever la même somme à tous est anti-redistributif (ce qui est reproché à la TVA), autant donner la même somme à tous est profondément redistributif.
Fournir gratuitement l'éducation, les frais de cantine ou d'autres services est donc vertueux et efficace sur le plan de la redistribution.
S'agissant de la gratuité des cantines par ailleurs, l'aide ainsi fournie aux familles les moins bien pourvues en ressources bénficie directement aux enfants.
Si les fantasmes sur les familles qui vivraient grassement d'allocations ont le moindre soupçon de réalité, ce n'est pas avec la gratuité de la cantine que les parents des gamins qui en bénéficient pourront s'acheter une Jaguar.
Je suis pour ma part favorable depuis longtemps à la gratuité totale des crèches.
Par ailleurs, un réseau de grands services publics de qualité est aussi ce qui fédère une population, autour d'un vécu commun, d'une propriété collective, tout autant que des valeurs qui ne doivent pas rester qu'abstractions - la fraternité c'est bien, la cantine gratuite pour les gamins dont les parents ont peu de ressources c'est la matérioalisation de cette fraternité.
J'avais, en 2007, voté Bayrou, car il avait fait une campage très "services publics", pendant que Ségolène tapait sur l'assistanat.
Voilà pour les lecteurs qui me trouveraient léger sur cette affaire cantinière.