La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

A gauche avec Bayrou

J'ai la nuque raide et je n'aime pas m'engager pour d'autres : je réponds de moi, mais comment assurer mes lecteurs, les personnes que je fréquente, du  comportement futur de tel ou tel candidat ?

Il n'empêche que je n'aime pas que la candidature Bayrou semble patiner. Je crois qu'il est important qu'en 2007 nous décidions de, collectivement, rechercher ce qui nous rassemble, en suspendant temporairement la primauté du clivage droite/gauche, le temps de choisir un président-arbitre.

Je crois que Bayrou saura être cet arbitre, lui qui a commencé à évoquer, dans son Projet d'espoir, la spécificité du projet français : "Nous sommes la seule nation qui ait choisi comme devise l'énoncé de trois vertus, liberté, égalité, fraternité. Trois princpes moraux qui décrivent non pas un avenir national ou une loi nationale, mais un projet de société, et même un projet de développement personnel." (citation re-lue sur Carnet de nuit).

Spartacus, les Gracques, ont déjà commencé à l'évoquer, je crois qu'aujourd'hui, le meilleur candidat face à Sarkozy, pour un électeur de gauche décidé à en finir avec une guerre civile artificiellement entretenue, c'est François Bayrou. Le clivage droite-gauche a besoin d'être repensé (sur l'Europe, certainement), mais plus tard. Aujourd'hui, il faut choisir un candidat qui ne tente pas le grand écart entre Guy Moquet et le club de l'Horloge, ou entre Louise Michel et les camps de redressement pour jeunes.

J'ai bricolé un petit logo suffisamment explicite pour cela, et j'invite qui le souhaite à s'en emparer :



Il restera chez moi, en tout cas, jusqu'au 6 mai !
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
J
à FrédéricLN<br /> En plus de ce que dit Edgar, il y a un clivage entre la gauche et les libéraux démocrates qui se retrouvent dans la différence entre leurs projets de sixième république (celle de la C6R, des Verts et maintenant de Ségolène Royal conre celle présentée par l'UDF). Nous penchons pour un régime parlementaire solide pour préserver en toutes circonstances la capacité à agir de l'état qui est un instrument majeur de la solidarité (mais pas le seul !), tandis que les libéraux sont pour un régime présidentiel bien souvent impuissant (ex de Clinton qui n'a eu un Congrès démocrate pendant 2 ans puis 6 ans de cohabitation avec un congrès républicain).<br /> Ca ne veut pas dire que nous sommes pour signer un chèque en blanc à la coalition parlementaire majoritaire, mais plutôt qu'une limitation à priori, nous sommes pour assoir le principe de responsabilité sur un contrôle à posteriori : renforcer le pouvoir de la cour des comptes, de l'opposition, avec notamment cette proposition inspirée par la perfide Albion de garantir que la présidence de la commission des finances sera confiée à  l'opposition.
Répondre
F
je suis moins d'accord avec jmfayard !<br /> <br /> "L'électorat est beaucoup plus fractionné que ça", ah bon, mais l'électorat, c'est le souverain ! N'a-t-il pas le droit de l'être, fractionné ? N'a-t-il pas le droit d'être représenté à l'Assemblée, lieu du débat national, comme il est, et non tel que deux petites fractions le voudraient ?<br /> <br /> Ce qui bloque la vie politique, ce n'est pas la diversité des partis. C'est le fait que des gens qui pourraient conduire un même projet sont divisés entre deux camps qui se présentent comme irréductiblement ennemis - obligeant chacun des deux à focaliser leur discours et leurs projets sur des sujets artificiels ... CPE et identité nationale en étant deux exemples récents.<br /> <br /> Ce qui ferait avancer la vie politique, c'est que les gens qui partagent les mêmes projets soient dans les mêmes partis ...
Répondre
E
Il y a deux points dans ta réponse Frédéric.Le premier, c'est le fractionnement évident, et normal, de l'électorat : doit-il être reflété parfaitement à l'Assemblée ? Il n'est pas évident qu'un reflet parfait puisse conduire à une assemblée "gouvernable".Le deuxième point que tu évoques est celui des reclassements nécessaires : je suis bien d'accord que si durablement l'UDF devait refléter mes choix politiques mieux que le PS, il serait logique que je rejoigne l'UDF - et ce raisonnement ne vaut pas que pour moi, bien sûr.Ces deux remarques se rejoignent lorsqu'on évoque la nature d'une majorité de gouvernement éventuelle : on peut avoir là des partis différents qui se rejoignent à l'Assemblée nationale pour supporter un gouvernement.Le pari de Bayrou est que son élection permettra, d'une manière encore incertaine, de faire émerger une majorité de gouvernement.L'idée de faire rebaptiser l'UDF parti démocrate peut aider une partie des électeurs du PS à franchir le pas en changeant de parti, tout comme il peut aider le ralleiment éventuel du PS à une majorité de gouvernement bayrouiste.Mais il est encore un peu tôt pour cela, il faut d'abord gagner !(et je maintiens que l'idée d'un Sénat entièrement à la proportionnelle aurait un double avantage : faire avancer le débat public en remettant de la proportionnelle sans fragiliser par trop le gouvernement et améliorer la représentativité douteuse de cet organe. Il ne représenterait certes plus les collectivités, ce qui nécessiterait sans doute une modification de la constitution.)
J
Mes calculs sont à la louche, je ne m'en cache pas, mais il est clair que ça aurait été très tangeant pour la gauche plurielle qui n'aurait probablement pas pu être formée, ou du moins et ça c'est clair n'aurait pas tenu 5 ans puisqu'il y a eu de nombreux votes majeurs ou tantôt les communistes tantôt les verts/radicaux/citoyens s'abstenaient ou votaient contre.<br /> <br /> L'UDF dans la position du FDP ? Celui d'il y a 20 ans peut-être, mais le FDP actuel, ça fait 3 législatures de suite qu'ils sont dans l'opposition avec aucune garantie d'en être la prochaine fois.<br /> <br /> Moi je veux bien qu'on passe à une grande dose de propotionnelle comme en Allemagne, mais alors on importe aussi le système des partis qui y rénait entre 1950 et 2000. Parce qu'avec seulement 3 ou 4 partis au-dessus de 5% dont deux à 30% et plus, c'est gérable, mais on voit bien là avec l'irruption du Linkspartei qu'avec 5 partis on est à la limite du système. En France, l'électorat est beaucoup plus fractionnés que ça.
Répondre
E
Je suis tellement d'accord avec toi que j'ai repris ton commentaire en billet !
J
Pour vérifier cette hypothèse, je suis allé tester le résultat des élections législatives gagnées par la gauche en 1997 pour voir ce que ça aurait donné avec la réforme Bayrou.http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lections_l%C3%A9gislatives_fran%C3%A7aises_de_1997Gauche plurielle : 319 siègesRPR-UDF : 253 siègesAvance : 66 siègesAvec la réforme Bayrou : * moitié des députés élue au scrutin uninominal majoritaire :  33 sièges d'avances pour la gauche plurielle* moitié des députés élus à la proportionnelle :partis au-dessus de 5% : PCF, PS, Verts, RPR, UDF, Divers-droite, FNTotal des partis au-dessus de 5% : 91,73272 sièges à pourvoir soit 2,96 députés par pourcent obtenuPCF : 9.92% ==> 29.4 députésPS : 23.51% ==> 69,7 députésVerts : 6.84% ==> 20,2 députésRPR : 15.67% ==> 46,4 députésUDF : 14.23% ==> 42,1 députésDivers-droite : 6.61% ==> 19,56 députésFN : 14.95% ==> 44,2 députésTotal gauche plurielle : 119 députésTotal droite+extrême droite : 152 députés, soit précisément 33 de plusBilan :  la gauche plurielle n'aurait probablement pas pu gouverner le pays avec la réforme qui sera mise en place si Bayrou est élu. Dans presque tous les cas, l'UDF se retrouve au pouvoir. Sympa ça ;-)
Répondre
E
Oui, sauf que cela doit aller avec un redécoupage j'imagine, qui peut changer pas mal de choses.L'UDF se retrouverait en une position de type "super FDP", est-ce si criminel ?
J
J'ai la nuque raide et je n'aime pas m'engager pour d'autres : je réponds de moi, mais comment assurer mes lecteurs, les personnes que je fréquente, du  comportement futur de tel ou tel candidat ?C'est évidemment impossible, c'est pourquoi la confiance est une notion clé en démocratie (aujourd'hui à reconstruire). Mais chez Bayrou le problème acquiert une toute autre de dimension puisque membre à la fois du parti de Giscard au niveau national et du parti de Prodi au niveau européen, nul ne sait lequel de ces deux modèles prendra le pas sur l'autre si jamais il était élu. Il y aura forcément un cocu : soit son aile gauche qui votant pour une alliance du centre et de la gauche et se retrouverait dans le lit de l'UMP, soit l'inverse.En suspendant temporairement la primauté du clivage droite/gauche, le temps de choisir un président-arbitre.Le coup du "temporairement" est astucieux, et c'est vrai que dans une condition exceptionnelle.. c'est vrai qu'en 2002, Bayrou aurait été dans le rôle de sa vie s'il avait été à la place de Chirac. Doit-on souhaiter pour autant une réédition de 2002 ? Fermons la parenthèse.Une suspension temporaire donc. Sauf que François Bayrou veut également, cela ne t'a pas échappé, introduire une dose massive de proportionnelle (la moitié des députés) dans l'élection de l'assemblée nationale. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu'une telle réforme induit que les coalitions classiques n'auront bien souvent pas la majorité requise, et qu'il faudra en repasser nécessairement par une coalition de type pensée unique gauche-centre-droite. C'est donc un choix qui nous engage pour bien plus que 5 ans, l'argument du temporaire ne tient pas.(PS: pour représenter les courants de pensée minoritaires, ce qui est une cause juste, la bonne solution me semble être une faible dose de proportionnelle à l'AN et la proportionnelle intégrale au Sénat, assemblée délibérante.)"Nous sommes la seule nation qui ait choisi comme devise l'énoncé de trois vertus"En Allemagne, c'est "Enigkeit und Recht und Freiheit", ça marche aussi. Spartacus, les GracquesComme François Mitterand outre-tombe je n'en finis pas de soupçonner un lapsus révélateur dans le choix de ces pseudonymes<br /> <br />
Répondre
E
Tout à fait d'accord avec toi sur ce point (comme sur d'autres !) : la proportionnelle intégrale au Sénat me paraît la meilleure solution, de très loin.Ceci dit, la loi électorale ne relève pas de la Constitution, c'est donc un choix qui ne nous engage pas pour l'éternité.Question coalitions pensée unique un européen tel que toi doit quand même en connaître un rayon : PPE et PSE votent régulièrement ensemble sans que personne ne s'en émeuve. Il faudrait donc que nous jouions à Paris à la Révolution française pendant que Bruxelles donne dans "la technostructure s'amuse" ?J'ai vu FM d'Outre-Tombe, une plume superbe, qui reprend effectivement de façon saisissante tout ce qu'il y avait de plus débectant chez Mitterrand : la mauvaise foi, l'arrogance et le dédain.
F
D\\\'accord avec toi et trouve l\\\'attitude des socialistes lamentable... j\\\'ai tracté hier dans l\\\'Oise et j\\\'ai croisé des socialistes qui se demandent que fera Bayrou au deuxième tour s\\\'il n\\\'y était pas... appellera t\\\'il à voter Ségolène me lance un militant... que répondre ? Je lui ai répondu, alors  c\\\'est plus un candidat de droite, Bayrou ? Il me répond que si ... je lui demande alors pourquoi demander qu\\\'il soutienne Ségolène Royal au 2e tour dans ce cas ? Il a eu un moment de flottement avant de reconnaître que si Bayrou réussit à récupérer des voix de gauche celle par le PS n\\\'est pas propice pour récupérer les voix centriste en cas d\\\'absence de Bayrou au second tour... en tous cas en tant qu\\\'homme de gauche je vote Bayrou comme toi en me disant qu\\\'avec d\\\'autres personnalités le PS aurait pu faire la différence mais avec Ségolène Royal... il est mal barré !
Répondre
E
Très d'accord. Je n'aurais jamais pu assumer de diffuser le programme du PS dans la rue, tant il est mensonger. Celui de Bayrou me paraît assumable.Bon courage sur le terrain, moi qui ne fais que du militantisme en chambre, je te tire mon chapeau !