La lettre volée

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Bon courage à Jean-Luc Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon se lance dans la création d'un nouveau parti à gauche. Je comprends que la perspective de rester dans un Parti Socialiste où Ségolène est encore sortie en tête des suffrages (c'est l'effet CAMIF), est un peu désespérante.

Comme l'analyse assez justement Frédéric Delorca, le nouveau parti de Mélenchon et Dolez se retrouvera entre le PS et le NPA, au plus grand bénéfice de... Bayrou, qui du coup se retrouvera de plus en plus menaçant face à un PS recentré (lire aussi les hypothèses d'évolution du futur parti de Mélenchon, sur le site de Marianne2 : fusion avec le PC, rapprochement avec le NPA - moins probable).

Le Ca suffit comme ca, nom provisoire du parti de Mélenchon, a ouvert son site internet hier à 17 heures.


je continue à recommander la lecture du blog de Mélenchon, où il livre des analyses carrées, sans langue de bois et fort intéressantes le plus souvent.

Par exemple sur le gauchissement de Martine Aubry, dans un billet d'humeur plus long  :

au début de l’été, évoquant la mondialisation et le système économique mondial dans sa contribution, Martine Aubry se gardait bien de toute critique globale du «système» et lui trouvait même des vertus : «les mutations des dernières années recèlent autant d’opportunités que de menaces », «la mondialisation entraîne une concurrence exacerbée … mais ouvre aussi de nouveaux champs du possible». Pourtant, depuis début octobre, c’est désormais « le système qui est coupable» (le 1er octobre dans une conférence de presse sur la crise), «c’est au système lui-même qu’il faut s’attaquer» (dans le JDD du 5 octobre) et «c’est le système lui-même qui est en cause» (sur LCI le 8 octobre). A deux mois d’intervalles le système a donc d’abord du bon et du mauvais puis il est carrément à jeter à la poubelle. On comprend trop bien la ruse. Mais ça ne la justifie pas. Les militants socialistes ont déjà du mal à suivre mais que dire des citoyens ?

Sur la position de Hollande et Delanoë sur les retraites :

François Hollande note passivement qu’ « on savait la retraite à 60 ans compromise par la réforme Fillon de 2003 ». Réforme que le PS s’était pourtant engagé à abroger lors du Congrès de Dijon de 2003. Une promesse sur laquelle il est revenu en refusant de « s’opposer par principe » à tout nouvel allongement de la durée de cotisation. Dès lors, dans cette logique, même la retraite à 70 ans devient acceptable … avec des contreparties. C’est ce qu’a expliqué Bertrand Delanoë en appelant à « poser courageusement le problème des retraites ». Et en approuvant le principe de « permettre à un certain nombre de gens qui ont des métiers qui ne sont pas trop pénibles de travailler éventuellement jusqu’à 70 ans », pour peu que l’on « règle d’abord le problème de ceux qui ont une pénibilité au travail ou une espérance de vie plus limitée » Dommage que Bertrand Delanoë ne précise quels sont les métiers pas trop pénibles où l’on pourrait travailler jusqu’à 70 ans. Cela intéresserait sûrement les travailleurs concernés. Et s’il s’agit de tous les métiers à l’exception d’une liste spécifique de « métiers pénibles », on ne voit plus très bien la différence avec ce que proposent d’ailleurs la droite et le MEDEF !

Sur le PS et l'Europe :

l’Europe. Là non plus on ne voit rien qui distingue la motion Aubry des deux autres motions issues de l’ancienne majorité. Elle ne dit pas un mot du Traité de Lisbonne et enterre comme les deux autres les « Non » français, hollandais et irlandais. Pour elle, il faut en effet « préparer les élections européennes de juin 2009 au lieu de refaire le match du référendum de 2005 ». On se demande comment Laurent Fabius a pu signer une telle ineptie. Et la base sur laquelle elle compte préparer ces élections européennes ne laisse décidément aucun espoir au « Non » puisqu’elle appelle à « réinstaller notre parti au coeur du Parti Socialiste Européen ». Le PSE ! La honte !  Un lamentable club de gavés avec ses partis sociaux démocrates qui gouvernent avec la droite  dans plusieurs pays comme l’Allemagne, l’Autriche ou la Hollande. Il propose enfin de nous ranger derrière « le candidat du PSE à la Présidence de la Commission ». Martine Aubry pense peut-être à une candidature du Président du PSE, Poul Nyrup Rasmussen qui s’était illustré comme Premier ministre du Danemark en supprimant l’Impôt sur la fortune ?...

Lire aussi récemment ce long billet sur le scandale que constitue l'implication de fonctionnaires de police dans la filature de Besancenot par la société Taser.

Bref, bonne chance à Mélenchon et à son futur parti...










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V
A priori, je voterai pour le "Parti de Gauche" aux européennes.Mais, pour le reste, j'attends de voir. Avant, je rêvais d'un grand parti républicain de gauche Fabius-Mélenchon-Chevènement. J'ai fait une croix dessus : Fabius a fait l'erreur de rester au PS après avoir été écarté après le 29 mai, il croyait pouvoir prendre le parti face à DSK, ne prévoyant pas du tout la tornade Royal…Espérons maintenant que Chevènement acceptera de travailler avec Mélenchon, et de ne plus avoir le premier rôle… Il n'y a pas la place pour deux partis républicains de gauche.Il faudrait aussi que Fabius pense à autre chose que le pouvoir et la destruction de Ségolène, et se consacre aux idées républicaines…
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F
Un signe de défiance à l'égard de Mélenchon, même de la part d'un type qui n'est pas dans les appareils partisans et qui aurait pu être proche de lui http://bellaciao.org/fr/spip.php?article74292
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F
Particulièrement ridicule le nouveau nom du Parti de Mélenchon. Ca commence mal. Il singe Die Linke jusqu'au nom du parti, il invoque les mânes de Lafontaine dans son comuniqué de presse. Comme s'il voulait être la copié exacte du modèle allemande. Une entreprise qui commence dans le plagiat finit nécessairement dans le dérisoire. signe d'une profond manque d'authenticité, d'un manque de confiance en soi. Singer Die Linke. Ca augure mal de l'avenir...
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F
A non mais je n'ai pas du tout utilisé ça comme un argument. C'était juste un site qui me passait sous la main. J'ai moi même publié un" Programme pour une gauche française décomplexée" en 2007 qui commençait par la nécessité de sortir de l'UE
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G
fred: L'argument employé me semble employer la rhétorique un peu usée selon laquelle le contraire ou l'opposé d'un mensonge est nécessairement la vérité. Une chose me semble certaine : difficile de prétendre être progressiste tout en recourrant aux procédés rhétoriques pour convaincre.olyvier : je suis pour ma part ravi que la multiplication des voix à gauche favorise un réel débat : un débat de fond, d'idées, d'idéaux et d'ambitions. Mélenchon est donc bienvenu dans l'arène : après tout, même si le personnage ne m'inspire pas beaucoup de sympathie, j'apprécie sa tendance rare au PS à parler des idées plutôt que des personnes. Je ne vois pas de raison de m'opposer à ce que son existence publique soit financée par un mandat européen, puisque, de toute façon, le parlement européen n'a aucun pouvoir, et donc, que peu importe qui y siège. Pour cette raison, lui donner les moyens de sa liberté de parole, c'est certainement contribuer à un certain progrès social.
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F
Personnellement il n'est pas exclu que je vote pour lui aux européennes. Le courage personnel de Mélenchon sur le Kosovo et le Tibet y est pour beaucoup à mes yeux (il atteste une sincérité de la démarche). Mais sous réserve que Mélenchon ne commette pas d'erreurs tactiques ou stratégiques graves. J'observe aussi que Mélenchon reste européiste (alter-européiste), une orientation qui n'a de sens que s'il propose quelque chose avec le Die Linke allemand (mais je doute qu'il soit en état de le faire). Sa déclaration sur http://www.casuffitcommeca.fr/ ne fait aucune allusion à chevènement et parle beaucoup (trop) du NPA - toujours la dépendance psychologique à l'égard du trotskisme, une maladie de la gauche actuelle.
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O
Edgar, Gus et Fred : la questıon quı se pose a vous et a moı, ce n est pas l analyse (on aura le temps apres, vous en aurez le talent), maıs "qu est ce que ce partı change pour vous ?".Et pour moı, c tres claır : un partı va en gros correspondre a mes ıdees. Ouf.
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F
Un écologiste européiste dont je viens de découvrir par hasard le blog, argumente en sens inverse : http://blog.claudetaleb.fr/post/2008/04/15/ECHEC-DEFINITIF-DE-LA-GAUCHE-DANS-UN-SEUL-PAYS
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G
Le débat sur ce dernier point en particulier reste, hélas, à faire. On sait pourquoi ce débat n'a pas eu lieu, on sait pourquoi ce débat peut maintenant avoir lieu.
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F
"Le socialisme dans un seul pays"
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