La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Manquer le mouvement du siècle...

il a fallu agir, en prenant chaque jour le risque inhérent à tout changement : s'éloigner de notre identité en changeant trop ; manquer le mouvement du siècle en ne changeant pas assez.  Jean-Marie Colombani, Le Monde, 4 juillet 2007

C'est ainsi que Jean-Marie Colombani justifie son action à la tête du Monde : il lui fallait être in pour ne pas risquer de manquer ce fameux mouvement, le zeitgeist (traduire : prime aux restructurations financières sur les réflexions de fond, prime à la quantité de lecteurs sur la qualité des articles...)

Je soupçonne fort de nombreux pro-européens d'avoir peur de passer, eux aussi, à côté d'un mouvement inévitable et harmonieux, forcément harmonieux, contre lequel il n'est pas plus sérieux de vouloir se dresser que de vouloir faire pipi contre le sens du vent. Je dois dire qu'il m'arrive parfois d'imaginer que, peut-être, dans longtemps, mes enfants et petits-enfants trouveront ringard leur ancêtre qui a, un moment, eu l'idée de refuser les Etats-Unis d'Europe.

Peut-être en sera-t-il ainsi. Il me semble cependant que le fait d'accepter, une seule minute, de se convaincre que quelque chose est bon, parce que conforme à l'esprit du temps, est l'une des plus grosses fautes que quelqu'un d'exigeant puisse commettre.

Colombani n'a peut-être pas compris pourquoi il devait quitter Le Monde, en tout cas il l'a écrit.






Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
L
@Valéry,C'est pour ça que j'ai mis qu'il n'était pas seul. Maintenant, il en était quand même le président et si vous jetez un oeil sur le lien http://www.euro-fam.org/scripts/spop/articleINT.php?LG=FR&XMLCODE=2003-07-17-0752, vous verrez que la façon dont cela s'est passé est loin d'être le modèle de transparence tant vanté puisqu'il a fallu une décision du médiateur européen pour que les ordres du jour et les minutes du Praesidium soient rendus publics une fois les travaux de la Convention finis. Il avait donc bel et bien un pouvoir.
Répondre
V
@Laurent-K : le praesidium ce n'est pas VGE
Répondre
L
Jean-Michel,Je vous remercie pour ce lien très intéressant. Il m'a fallu un peu de temps pour le lire. Malheureusement il ne me rassure pas sur le danger que représente l'union européenne pour la démocratie (le malheureusement n'est pas une figure de style, j'aimerais vraiment m'apercevoir que je me trompe). J'y lis une bonne descriptions des conditions dans lesquelles le pouvoir doit s'exercer au niveau fédéral ou au nouveau inférieur (national, régional) mais dans les cas où la décision dépend du niveau fédéral (notamment lorsqu'il s'agit d'assurer une certains unité du droit), il ne résoud pas mon soucis : comment se protéger de l'arbitraire lorsque le niveau supérieur n'est pas démocratique et qu'il peut imposer ses décisions aux autres niveaux ?
Répondre
A
@Jmfayard. Rassuré par votre respect du NON des peuples (regrettant que votre position ne soit pas celle des dirigeants de l'UE).Un mot simplement, étant très touché par les questions agricoles, il me semble difficile de dire que la PAC actuelle à 30 ans. Pour ne pas être injuste vis à vis des agriculteurs, il faut bien connaître l'évolution de la PAC (et notamment la rupture de 1992, réforme Mac Sharry).Cette nouvelle politique avilit la population rurale et a des conséquences sociales poignantes (pour ne pas parler d'environement, ni de l'organisation mondiale de l'agriculture par OMC). Ce n'est pas une question française : l'UE négocie le marché mondial de l'agriculture avec l'OMC selon des principes totalement technocratiques et en dehors de toute tradition agricole et met - de fait - les Etats et notamment la France, qui avait (anciennement) une très belle agriculture diversifiée dans une situation totalement intenable. Ce sont des questions ardues mais passionnantes et tellement charnelles...PS : je viens d'entendre que la Commission veut s'occuper du sport sur toute l'UE. Je n'ai pas vérifié si c'est dans le TCE bis. Je pense sque non et - en tout état de cause - trouve qu'on atteind les sommets du délire.... C'est beau la subsidiarité de l'UE....@Valery : "La France a 2000 ans..." ! Le débat rationnel avec un certain européisme militant est difficile car il s'agit d'une idéologie totalement déconnectée de la réalité. Sur quel terrain peut-on alors trouver un terrain de discussion ?Tout au plus conseillera t'on la lecture de Braudel ou des auteurs de l'école des Annales.
Répondre
E
Le pouvoir de VGE c'était une réponse à JM Fayard, qui trouvait normal que le négociateur de chaque pays l'engage définitivement à l'égard du TCE.les 2000 ans, c'était une licence poétique. mais l'ordonnance de viller s coteret, bouvines, azincourt, tout ça ça date.
Répondre
L
Comment ça VGE n'a jamais eu aucun pouvoir ? Il n'était certes pas seul mais il avait bel et bien un pouvoir quand on lit dans le traité (page 21) : « Dans ce contexte, la Charte sera interprétée par les juridictions de l'Union et des Etats membres en prenant dûment en considération les explications établies sous l'autorité du praesidium de la Convention qui a élaboré la Charte et mises à jour sous la responsabilité du praesidium de la Convention européenne » . Quant à l'histoire de France, elle n'a pas commencé avec la révolution. Toute monarchique qu'elle soit, la France existait bien avant et ses débuts sont souvent situés aux alentours de 987 avec l'élection de Hughes Capet.
Répondre
V
"Je ne vois pas pourquoi VGE aurait eu le pouvoir de défaire ce que deux mille ans d'histoire ont formé !"D'abord VGE n'a jamais eu aucun pouvoir.Ensuite on nage en pleine mythologie : "2000 ans d'histoire" ??? mais de quoi tu parles ? La France existe depuis 200 ans et encore jusqu'aux années 20 bon nombre de régions avaient une identité bien distincte.
Répondre
J
1) Oui "doit-on aller vers une fédération d'états" est un débat noble et indespensable mais qui a été escamoté en 2005 au profit d'arguments mensongers dans les deux camps ("c'est le TCE ou le chaos" verus "avec le TCE, ce sera le Bolkenstein-Frankenstein, le cauchemar libéral, la fin de la laïcité, l'interdicton de l'avortement et du divorce, ..."). C'est un vrai débat, à savoir qu'il n'y a pas une position obligatoire et une position infâmante et réciproquement, on peut être pour ou contre ou réciproquement. Donc je souhaite qu'il soit ré-ouvert.2) Je vous ai déjà dit que ce n'est pas moi qui ait élu Sarkozy.4) De fait, l'essentiel des progrès en matière d'écologie - qui regroupent des questions se posant typiquement soit localement soit continentalement - proviennent de l'UE. La classe politique française - y compris à gauche - s'est toujours montré extrêmement conservatrice sur le sujet. Les biocarburants sont une absurdité si l'huile de palme est produite intensivement aux dépens de la forêt amazonienne pour être consommés en Europe comme c'est le cas aujourd'hui. Le maintien de la PAC dans sa forme d'il y a 30 ans est une absurdité, je suis bien d'accord, mais cela est du au verrou anti-communautaire de l'unanimité et à son exploitation constante par le jusqu'au-boutisme chiraquien, de plus la France ayant obtenu que le parlement européen n'aie pas le droit de voter le budget de la PAC - dépenses "obligatoires" - celui-ci ne pouvait pas la réorienter (alors qu'il aurait acquis ce droit avec le TCE), ce n'est donc pas une absurdité communautaire mais une absurdité française.5) oui, pour y avoir vécu plus de 3 ans, j'apprécie le système allemand et il me semble être pour l'UE une source d'inspiration plus adaptée que le modèle jacobin français, unitaire et ultra-centralisé. Et alors ?
Répondre
A
1°) Aucune peuple ne veut aller sur une fédération. Il est frappant de voir à quelle point, dans le TCE, le terme "fédération" était remplacé par "communautaire". idem pour ce qu'on nous annonce du TCE bis et c'est le sens de la disparition des symboles (drapeau..). On cache aux peuples que le but est la fédération. Au contraire, il s'agit de leur faire croire que l'UE garde la souveraineté des nations. Ce processus est bati sur un mensonge initial.2°) Je suis content d'entendre votre respect du suffrage exprimé aux Pays-Bas et en France. Nous sommes donc d'accord. Ceux qui ont dit oui pouvant s'engager plus avant. Or, il leur est précisément demandé à ces deux pays de rejoindre la fédération par tout moyen (manipulation sémantique et refus du suffrage exprimé). 3°) Je trouve osé de dire que certains "ont acordé une valeur incomparable au non français".Les dirigeant français, s'excusaient platement et, à titre d'exemple, Junker a dit "ce n'est pas grave, on continue...". On le voit 2 ans après...4°) "nouveaux dangers, nouvelles opportunités" c'est une pétition de principe. En quoi un super-état est-il plus efficace qu'une association d'états souverains sur des projets ? En quoi la fédération est indispensale à l'écologie ? (argument incroyable..., il n'y qu'à voir la PAC, et - actualité oblige - les protestations des associations écologiques contre les conséquences de la décision , qui pouvait sembler bonne, - de la Commisson sur les biocarburants). Le constructivisme abstrait et lointain est source d'une grande perte d'efficacité. C'est une expérience concréte que peuvent faire tous ceux qui travaillent dans des grands Groupes, les absurdités et pertes financières nées de l'application de normes générales pas adaptées à la réalité de la structure et à la spécifité de son activité. 5°) Le principe de subsidiarité est souvent revendiqué mais complémetement subverti de sa signification par l'UE (là encore recours au sémantique contre réalité). Il l'est à mon sens, pour des raisons de com et attirer les catholiques. A l'occasion du traité simplifié, nous avons tous entendu que les polonais ne comprenaient rien, qu'ils n'avaient pas à avoir peur de l'Allemagne... je trouve que vous voulez précisément nous proposer le modéle allemand (dans votre pdf : "les landers gardent la police et la culture...", les Etats les perdent dans le TCE bis... On voit la toute la subsidiarité de l'UE...6°) Il est audacieux de dire que l'UE protège la démocratie française...
Répondre
L
Réponse rapide (il est tard, je dois aller dormir ;-)). D'accord sur le risque du pouvoir personnel de Bonaparte Sarkozy mais à la seule lecture de votre message, je ne vois pas en quoi cette séparation verticale des pouvoirs entre les états et les institutions européennes change la donne puisque in fine, c'est au niveau européen que les décision se prennent de plus en plus et que c'est là que la démocratie pêche le plus. Je lirai votre pdf demain soir pour voir si cela fait évoluer ma position, promis !
Répondre