La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Pulvérisation d'un état souverain - Bonne année quand même !

Article de Libé ce matin sur la nouvelle étape de la décentralisation.

Plat de résistance : Lyon devient métropole européenne. Cela implique que le département du Rhône disparaît, remplacé par, d'un côté, ladite métropole, et de l'autre côté les bouseux du Beaujolais, du Val de Saône, des monts du Lyonnais et des monts de Tarare (ajout, suite à un commentaire justifié : les bouseux est à lire entre guillemets, j'ai écrit trop vite. A mon sens, cette partition départementale révèle l'intention profonde du projet européen : séparer la classe européenne, les élus, et les bouseux, les autres, que l'on peut laisser à leur arriération profonde. Mes lecteurs réguliers auront compris, je l'espère, que je ne partage en rien cette vision).

Cela s'inscrit dans une orientation générale dans laquelle chaque région pourra s'organiser comme elle l'entend : ici la compétence école primaire aux communes, là à la région, ailleurs aux départements.

 

pole_metropolitain_lyon.jpg

Une superbe tâche de léopard, annonciatrice de bien des imbroglios politico-administratifs locaux


Tout cela est tellement éloigné des habitudes que cela paraît surréaliste. On voit mal comment, dans un tel schéma, organiser une politique nationale.

Cela sans doute se produit parce que l'idée même d'une politique nationale s'efface, "comme à la limite de la mer un visage de sable".

La France est lâchée à Bruxelles et ses restes sont offerts aux féodaux locaux, qui en frétillent d'avance.

L'effacement des états est la conséquence directe d'une volonté d'oublier qu'un moment il y a eu des citoyens, responsables et comptables de leurs politiques.

L'idée n'est pas exprimée mais elle est si forte que dans un article consacré aux économies de l'état allemand, une journaliste du Monde peut écrire : "Selon le quotidien Rheinische Post, vendredi 4 janvier, le ministre des finances, Wolfgang Schäuble, préparerait ainsi un nouveau train d'économies de 5 à 6 milliards d'euros, grâce à une réduction des dépenses. Objectif : ramener le budget de l'Etat fédéral à zéro d'ici à 2014." Là on n'élimine même plus le déficit, c'est le budget tout entier qui disparaît ! Joli lapsus.

Dans cette ambiance très européenne, qu'attendre ?

Rien de très bon.

Paul Krugman, dans un papier ce matin, écrit que "les leaders européens, qui ont créé une terrible dépression dans les pays endettés sans restaurer la confiance, continuent d'affirmer que la solution passe par plus de sacrifices".

Mark Mazower, professeur d'histoire à Columbia, évoque "Weimar 2013" dans un papier consacré à la fragilisation des démocraties européennes, à commencer par la Grèce.

Jan Werner Müller, dans un article très long d'Eurozine, explique que les intellectuels pro-européens ne savent plus quoi faire pour justifier leur projet : ils viennent de décourvri que l'Union Européenne une fois construite n'est qu'un bête état de plus - encore moins démocratique que les précédents !

*

Alors, la seule chose que l'on puisse souhaiter en 2013, c'est que progresse l'idée d'un retour aux démocraties nationales.

En France, l'UPR progresse, et c'est une très bonne chose. Au Royaume-Uni UKIP met une très grosse pression pour obtenir un référendum de sortie.

Voilà, très honnêtement, les seules voies possibles à mon sens pour une amélioration de notre condition politique en 2013.

A part ça, bonne année !

 


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J
<br /> ça se confirme pour le référendum de sortie. Excellent, y'a plus qu'à espérer que cet idiot utile de Cameron ne soit pas battu :)<br /> <br /> <br /> http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/01/23/cameron-proposera-un-referendum-sur-le-maintien-ou-non-du-royaume-uni-dans-l-ue-apres-2015_1820960_3214.html<br />
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E
<br /> <br /> il faut surtout espérer deux choses :<br /> <br /> <br /> 1. que les britaniques ne se laissent pas impressionner par le bombardement qui va démarrer dès ce jour sur le thème "si vous quittez l'UE, Big Ben sonnera le Horst Wessel Lied",<br /> <br /> <br /> 2. que s'ils votent non, on respecte leur choix. On a pris l'habitude de faire revoter jusqu'à ce que les peuples trouvent spontanément la bonne solution dans l'UE...<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> JM :  puisque les nouveaux textes européens reprennent toujours les précédents, un vote non en 2005 pouvait aussi être compris comme un non à l'ensemble de la construction européenne.<br /> <br /> <br /> Pour ton texte sur l'interdépendance, il est probablement valable au plan individuel, mais on ne peut comparer des démocraties à des individus. Les démocraties sont déjà, par elles-mêmes, des<br /> structures coopératives, où l'on accepte de se plier aux lois plutôt que de recourir à la force.<br /> <br /> <br /> on ne peut pas prouver le besoin d'union européenne. <br />
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N
<br /> Je vous prie de m'excuser, mais je ne lis pas couramment la langue de Shakespeare, à ma grande honte.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas si la souveraineté nationale est "souhaitable", elle est en tout cas, historiquement, la condition sine qua non de la démocratie. Démocratie moderne et nation sont intimement liées<br /> depuis les origines et, progressivement aveuglés par le côté romantique du projet européen, beaucoup d'europhiles n'ont pas pu (ou pas voulu) voir qu'en s'éloignant de la nation, ils tournaient<br /> aussi le dos à la démocratie... Les plus cyniques le reconnaissent.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Vous me parlez de "quelque chose de supérieur", je vous pose la question: qu'est-ce qui est supérieur à la démocratie?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Quant à l' "inter-dépendance", je me demande si à l'heure actuelle les Grecs et les Allemands sont ravis d'être "inter-dépendants"...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Cela étant, ne croyez pas que, pour moi, indépendance nationale soit synonyme d'autarcie ou d'isolationnisme. Bien sûr que non. Je suis pour la coopération pacifique entre états, et pour le<br /> commerce. Mieux vaut commercer que faire la guerre, n'est-ce pas? De fait, les nations du monde sont inter-dépendantes aujourd'hui, bien au-delà de l'horizon européen. Mais la souveraineté<br /> nationale, et notamment monétaire, nous permettra de défendre nos intérêts légitimes, et notamment un secteur productif qui doit être suffisamment développé pour financer notre protection social<br /> (pour aller vite). Car, voyez-vous, je ne suis pas convaincu que les Allemands ou les Finlandais aient très envie de financer l'hôpital qui est près de chez moi. Dans la vie, il vaut mieux<br /> compter d'abord sur soi-même, ce qui n'empêche pas de faire des choses avec les autres. La souveraineté nous permettra aussi de décider quel degré de coopération nous souhaitons. L'<br /> "inter-dépendance" n'aurait de sens qu'entre deux peuples ou deux pays également riches et également peuplés. Sans quoi, l'inter-dépendance se transforme vite en soumission.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je l'admets, la nation, la souveraineté et l'indépendance nationales, tout cela n'est pas de saison. La nation, c'est du sang et des larmes. Cela ne fait plus rêver. Mais la nation, c'est le<br /> cadre initiale de la démocratie. Et c'est une grave erreur de croire qu'une démocatie "hors-nation" est possible. L'UE nous prouve tous les jours qu'il n'en est rien...<br />
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J
<br /> La souveraineté nationale n'est pas quelquechose de souhaitable en soi. Dépasser le mythe de l'indépendance nationale cela peut signifier accéder à quelquechose de supérieur qui est le stade<br /> d'inter-dépendance. Un bouquin que je viens de lire explique cela mieux que je ne saurais le faire :<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br /> We each begin life as an infant, totally dependent on others. We are directed, nurtured, and sustained by others. Without this nurturing, we would only live for a few hours or a few days at<br /> the most.<br /> <br /> <br /> Then gradually, over the ensuing months and years, we become more and more independent -- physically, mentally, emotionally, and financially -- until eventually we can essentially take care<br /> of ourselves, becoming inner-directed and self-reliant.<br /> <br /> <br /> As we continue to grow and mature, we become increasingly aware that all of nature is interdependent, that there is an ecological system that governs nature, including<br /> society. We further discover that the higher reaches of our nature have to do with our relationships with others -- that human life also is interdependent.<br /> <br /> <br /> Our growth from infancy to adulthood is in accordance with natural law. And there are many dimensions to growth. Reaching our full physical maturity, for example, does not necessarily assure<br /> us of simultaneous emotional or mental maturity. On the other hand, a person's physical dependence does not mean that he or she is mentally or emotionally immature.<br /> <br /> <br /> On the maturity continuum, dependence is the paradigm of you -- you take care of me; you come through for me; you didn't come through; I blame you for the results.<br /> <br /> <br /> Independence is the paradigm of I -- I can do it; I am responsible; I am self-reliant; I can choose.<br /> <br /> <br /> Interdependence is the paradigm of we -- we can do it: we can cooperate; we can combine our talents and abilities and create something greater together.<br /> <br /> <br /> Dependent people need others to get what they want. Independent people can get what they want through their own effort. Interdependent people combine their own efforts with the efforts of<br /> others to achieve their greatest success.<br /> <br /> <br />  <br />
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N
<br /> nationaliste jacobin n'a rien oublié. Et surtout pas le fait que tous les partisans de Maastricht rabâchaient à l'envie que ce Traité ne porterait nullement atteinte à la souveraineté<br /> nationale...<br /> <br /> <br /> Mais pour qu'un peuple accepte ou pas de perdre son indépendance, encore faudrait-il avoir l'honnêteté de lui poser la question franchement. Or les européistes ont toujours éludé la question,<br /> parlant de souveraineté "partagée" et non point "transférée" ou "abandonnée". C'est en général après-coup qu'ils admettent à demi-mot avoir menti. Cette malhonnêteté récurrente des tenants du<br /> projet européen devrait quand même faire réfléchir les gens de bon sens qui défendent encore l'Union européenne comme le plus bel avenir démocratique qui soit...<br />
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J
<br /> Dans la page ci-dessous on peut cependant compter la bagatelle 38 référendums positifs ou négatifs sur l'union européenne. Sans compter le référendum permanent que constitue le fait de voter en<br /> permanence quasi systamatique pour des partisans de l'union européenne.<br /> <br /> <br /> http://en.wikipedia.org/wiki/Referendums_related_to_the_European_Union<br /> <br /> <br /> Merci pour me reconnaitre de la 'franchise'<br /> <br /> <br /> En revanche le qualificatif de 'partisan de l'Union européenne' je m'y reconnais de moins en moins si on entend par là non pas un soutien de principe envers le principe d'une « union sans cesse plus<br /> étroite entre les peuples européens » mais<br /> un soutien à l'UE telle qu'elle est actuellement.<br /> <br /> <br /> Si on veut être objectif elle s'appliquerait plutôt à un Fabius ou à un Mélenchon qui ont<br /> <br /> <br /> 1) plaidé - et avec quelle ferveur - pour le traité de Maastricht qui a posé les baes institutionelles de la fin de l'indépendance national lors d'un référendum que nationaliste jacobin semble<br /> avoir oublié<br /> <br /> <br /> 2) confirmé leur vote de 1992 en faisant voter NON au TCE ce qui avait pour effet mécanique de laisser les institutions précédentes en place, comme j'ai dû le rabacher, j'espère que c'est admis<br /> maintenant.<br /> <br /> <br /> 3) ne proposent rien depuis de sérieux pour en sortir.<br /> <br /> <br />  <br />
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E
<br /> nationaliste jacobin : tout juste ! JM Fayard a vendu la mèche avec une franchise qui manque<br /> encore à trop de partisans de l'Union européenne !<br />
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E
<br /> nationaliste jacobin : tout juste ! JM Fayard a vendu la mèche avec une franchise qui manquent encore à trop de partisans de l'Union européenne !<br />
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N
<br /> "pour savoir si les citoyens veulent retouver leur indépendance"<br /> <br /> <br /> Ah bon? "Retouver leur indépendance"? C'est donc que ces peuples l'ont perdue, leur indépendance. Sans qu'on leur ait jamais vraiment demandé leur avis d'ailleurs...<br />
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J
<br /> Tant mieux, que les anglais se tirent, ça ne rendra que plus probable l'émergence de la fédération européenne.<br /> <br /> <br /> Personellement je crains désormais moins les eurosceptiques que les partisans fanatiques du status-quo.<br /> <br /> <br /> Je propose des référendums dans tous les pays pour<br /> savoir si les citoyens souhaitent retrouver leur indépendance (Angleterre, France?, ...) ou rejoindre une fédération européenne (dont la constitution sera rédigée par une convention ou<br /> constituante ad-hoc) qui regroupera les pays ayant voté OUI.<br />
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