La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Pour une taxe de libre-échange

Il y a, dans les positions d'Emmanuel Todd et des partisans d'un protectionnisme européen, un argument fort : le libre échange dérégulé casse la croissance des salaires et la croissance tout court. Petit à petit, c'est le fondement de nos sociétés qui est menacé par une concurrence outrancière.

Il y a donc quelque chose à faire pour empêcher que le travail de salariés chinois mal payés serve à concurrencer celui de travailleurs protégés par des lois sociales généreuses (certes de moins en moins). Le travail clandestin, qui consiste à contourner, sur notre sol, les lois sociales, est interdit. Mais les patrons qui sous-traitent en Chine, autre moyen de contourner les lois sociales, sont vantés pour leur habileté. Seuls les imbéciles et ceux qui n'ont pas les moyens de délocaliser se font donc prendre au piège de l'Inspection du travail.

Globalement, cette course aux bas salaires se généralisant, un tandem Chine-USA s'est créé. Le patronat américain marche main dans la main avec le gouvernement chinois, pour faire produire en Chine un nombre toujours croissant de biens et services.

Le gouvernement chinois a deux moyens pour que ce jeu dure le plus longtemps possible : le premier consiste à n'accorder aucune couverture sociale aux travailleurs chinois, pour limiter la progression des coûts. Le deuxième consiste à faire en sorte que la monnaie chinoise reste sous-évaluée, malgré les excédents gigantesques accumulés (l'objectif du plan Keynes à Bretton Woods était d'imposer des mesures d'ajustement aussi bien aux pays ayants des déficits qu'à ceux ayant des excédents, cf. un passage de ce texte de Jacques Sapir par exemple.)

La principale idée aujourd'hui, pour protéger les salaires et le socle de nos systèmes de protection sociale, contre l'alliance USA/Chine, est celle du protectionnisme européen. Il faudrait freiner l'entrée de produits fabriqués dans des pays à bas salaires pour protéger notre secteur productif. L'objectif est louable, mais les moyens mal choisis (on laisse de côté le constat de l'incapacité des 27 à décider du contour d'un tel protectinnisme).

Dans le camp du laisser-faire, on pense que tout cela va s'arranger, les choses s'équilibrer (par la progression des salaires chinois, parce que l'OMC harmonisera les lois sociales). Dans le camp du laisser-faire, on a choisi de sacrifier deux ou trois générations de salariés en bas de l'échelle, on s'en fout, on vit dans les cieux, entre deux aéroports (et on vote européen). On a bien tort, dans le camp du laisser-faire, parce que l'OMC ne fera rien avant longtemps, et qu'il n'est pas légitime de sacrifier autrui sans même lui expliquer que c'est pour le plus grand bien de ses arrière-petits enfants...

Il faut donc bien faire quelque chose. Mais pas du protectionnisme, européen ou pas. Pour plusieurs raisons :

1. Le protectionnisme repose sur des théories incertaines. Il sait ce qu'il faut combattre (la pression à la baisse sur les salaires, la déflation généralisée), mais ne sait pas très bien au nom de quoi. Pour Todd, il faut se référer à List. La difficulté est que List justifiait la protection des industries naissantes, et on aura du mal à me convaincre que la France, les USA, l'Allemagne, ont le devoir de se protéger contre une Chine qui serait en avance technologiquement. Ce sera peut-être vrai très prochainement dans certains secteurs, mais nous n'y sommes pas.

Pour Jean-Luc Gréau, dans son excellent livre, il faut se protéger parce que les pays à bas salaires nous livrent une concurrence déloyale. Je préfère cette explication, mais je trouve que Gréau n'enfonce pas assez le clou : ce qu'il faut, c'est un système qui rétablisse les conditions du libre-échange. Il ne s'agit pas de faire rêver à la mise en place d'une société nouvelle en brandissant un concept d'autant mal défini qu'il est destiné à remédier à toutes sortes de déceptions. Il faut prendre le marché au sérieux et remédier à l'une de ses plus profondes distorsions, la fixation arbitraire des taux de change - ce point sera discuté plus loin.

2. Cette incertitude théorique à justifier le protectionnisme se traduit par une difficulté pratique. Comme l'a écrit Philippe Martin dans Libération, "Ceux qui prônent des mesures protectionnistes sont incapables de préciser sur quels biens, quels pays et à quel taux les importations devraient être taxées." (je m'en veux de citer Martin, bien trop rapide, comme l'écrit Sapir, mais sa formule est ici imparable).

Déclarer un principe protectionniste ouvre la voie à une foire d'empoigne pour protéger en premier les fabricants de couteaux à lame pliable, ou les producteursd 'ampoules, ou les fabricants de moteurs de voitures mais pas ceux de train, etc, etc, etc. Sans compter évidemment que les partenaires commerciaux ne se priveront pas de rétorquer, invitant à une surenchère puisque, justement, il n'existe pas de niveau optimal de protection.

3. Le protectionnisme commercial fait l'impasse sur un point important, qui est celui de l'instabilité monétaire : à quoi sert de taxer les automobiles chinoises à 20% si le yuan est de toute-façon sous-évalué de 50% ? Et que faire si le dollar continue à dévisser mois aprés mois ?

Il y a une façon à mon sens relativement élégante (c'est à dire simple, compréhensible et justifiable) d'introduire une forme de juste échange qui ne se limite pas à des imprécations, tout en évitant d'ouvrir la boite de Pandore du protectionnisme. Elle consisterait à introduire une taxe de libre-échange, destinée à se rapprocher, autant que possible de l'idéal du libre échange.

Le pas le plus important, en suivant cette démarche, est le suivant : il s'agit d'accepter l'idée que le libre-échange ne fonctionne pas spontanément, mais qu'en revanche le libre échange est un objectif désirable.

On ne sait pas bien trouver d'autre idée pour définir des lois économiques universelles que celle du marché libre, fiction, mais fiction utile.

L'une des conséquences du marché et du libre échange est notamment que partout sur la planète, un bien identique doit avoir un seul et même prix. Nous en sommes fort loin. S'il est difficile d'établir une mesure des écarts de prix entre un même bien partout sur la planète, l'indice du prix du Mac Do peut donner une idée du problème. Dans un marché parfait, le Mac Do devrait coûter partout pareil. Or, si le prix américain doit servir de référence, le Mac Do était 50% trop cher en zone euro en juillet 2008 et sous-évalué de 50%  en Chine.

La solution à ce problème passe, pour les économistes, par une stabilisation des échanges monétaires (un Bretton-Woods bis). Toutes les idées de réforme du FMI tendent à imposer, par un ajustement du système monétaire global, un équilibrage automatique de ces écarts de valeur.

Une taxe de libre-échange prendrait acte du fait que personne n'est prêt aux concessions que cela implique (les USA veulent continuer à baisser le cours du dollar pour relancer leur économie quand ça leur chante, la Chine souhaite conserver une parité sous-évaluée, et l'Europe est ravie d'être le dindon de la farce à condition que les 27 soient plumés en même temps). Deux étapes suffisent pour mettre en place une taxe pour quilibrer les échanges :

1. construire un indice de parité fiable, plus subtil que l'indice du coût du Mac Do. On ne peut pas faire reposer une règle de stabilisation des échanges mondiaux sur la politique de prix d'une multinationale... Il s'agirait donc de  définir un panier de biens et services unique, d'en mesurer la valeur dans nos pays partenaires, et d'estimer que les taux de change "normaux" permettent de valoriser ce panier à un prix égal partout. Si le panier est, comme le Big Mac, 50% moins cher en Chine, c'est que le yuan est sous-estimé de 50%. On verra dans l'étape 2 ce que l'on fait de ce calcul théorique, il faut juste prévenir avant une objection : oui, il existe une part de subjectivité dans le choix d'un panier de biens, oui c'est compliqué et oui c'est ambitieux. Mais toutes ces difficultés existent pour la construction d'un indice des prix permettant de mesurer l'inflation, et on fait avec.

2. Une fois des écarts de prix anormaux constatés entre pays, et repérés les pays à la monnaies sous-évaluée, on peut définir une taxe frappant les importations en provenance de ces pays. Si la Chine a une monnaie sous-évaluée de 50%, on peut légitimement taxer les importations chinoises de 50% - on notera que selon l'indice Big Mac, on pourra aussi taxer les produits américains.

Quels sont les avantages de cette formule :

1. on sait enfin dire pourquoi, comment, et à quelle hauteur, on va taxer les importations de chacun de nos pays partenaires lorsqu'ils nous font une concurrence déloyale.

2. les taxes ainsi introduites étant justifiées par des régles transparentes, explicites et stables, les rétorsions sont plus complexes. La Chine ou les USA peuvent répliquer par des taxes, ils n'auront pas la même légitimité que dans une guerre commerciale "classique" (où rien ne justifiant le niveau des taxes, la montée aux extrêmes est facilitée). Par ailleurs, nos produits seraient également taxés en Suède, Norvège, de façon parfaitement admissible et justifiée. Nous pourrions même, pour faciliter l'adoption du système, verser nous-mêmes cette taxe aux pays nordiques, pour prouver l'universalité du système.

3. La mesure peut être techniquement adoptée à n'importe quel niveau géographique. Point n'est besoin d'attendre que l'OMC se préoccupe de législation sociale ou que les 27 s'accordent sur un protectionnisme efficace, la France peut décider demain matin d'appliquer ce système. (Juridiquement, cest un autre problème, Bruxelles pourrait un peu couiner. Who cares ? Et il serait plus difficile à Bruxelles et à l'OMC de protester contre une taxe basée sur un principe d'équilibre des marchés, que de contester des protections tarifaires injustifiées).


Dernier point : pourquoi faire reposer sur la parité des changes une mesure de rééquilibrage des échanges internationaux ? La proposition de Maurice Lauré d'un "protectionnisme altruiste" reposait plutôt sur les déséquilibres entre les lois sociales et consistait à taxer les importations des pays aux lois sociales faibles, tout en reversant ces taxes à des organisation chargées de les dépenser utilement. Ce système me paraît bien plus fragile, et incomplet.

In fine
, ce qui explique les écarts de prix entre biens échangés sur le marché mondial tient à ce que les travailleurs des pays les plus "compétitifs" sont les plus exploités. Cela peut-être tout autant par le fait que leur monnaie est sous-évaluée (ce qui les prive d'acheter des biens étrangers), que par des lois sociales insuffisantes. Mais si la monnaie était fixée à un prix d'équilibre, les excédents commerciaux dûs à ces lois sociales insuffisantes, à cette concurrence déloyale, ne tarderaient pas à faire grimper le taux de change, donc à limiter l'avantage indû. C'est aussi le blocage du taux de change, sa fixation à un niveau trop faible, qui permet de faire perdurer une insuffisance des lois sociales.

Disons qu'il peut être efficace de faire reposer des mesures visant à instaurer un juste échange sur des distorsions de législation sociale, mais on ne prend pas en compte les distorsions de change.  Alors qu'en taxant les distorsions de change, on limite les deux phénomènes. Et une taxe basée sur un calcul de juste parité des changes est sans doute plus facile à établir, sachant qu'il est sans doute plus aisé de définir un panier de bien universel (que l'on peut dériver des paniers de biens utilisés pour l'indice des prix), que de définir une législation sociale optimale, à l'heure où elles sont toutes critiquées comme des entraves au libre-échange.








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J
<br /> <br /> Cher Edgar, je trouve votre idée intéressante et j'aimerai en parler plus en avant avec vous. Vous pouvez me contacter sur mon email : jp_6259@yahoo.com<br /> <br /> <br /> Cordialement,<br /> <br /> <br /> <br />
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E
Ah ben il en faut du temps pour en venir aux faits :JP : en quoi votre tace est-elle différente d'une taxe indiscriminée frappant tous les produits d'un pays? Où est la nouveauté?la nouveauté est qu'il ne s'agit pas de taxer les produits chinois parce qu'ils viennent de Chine. Il s'agit de taxer aujourd'hui de 20% les produits chinois parce que le yuan est au moins sous-évalué de 20%. si demain la chine joue le jeu la taxe disparaît.JP : quelle est alors l'utilité de construire le raisonnement à partir du taux de change? N'est-il pas suffisant de se baser sur le différentiel de prix (quelqu'en soit la cause)l'intérêt vous avait échappé. maintenant que vous avez lu le point précédent vous avez compris que l'utilité du raisonnement à partir du taux de change c'est qu'on est capable de dire aujourd'hui 20% demain zéro en fonction de règles transparentes.JP : ne voyez vous pas qu'il est incorrect de voir une cause dans le taux de change? D'abord celui-ci résulte de la balance des paiements, elle-même très dépendante de la balance commerciale. Autrement dit, la relation est une relation d'influence réciproque entre les deux, et, je le répète, même si vous ne trouverez aucun économiste pour vous donner raison là dessus depuis deux siècles, il faut admettre que, toutes choses égales par ailleurs, la relation d'interdépendance est telle que le taux de change tend naturellement à se stabiliser au niveau qui permet un équilibre de la nalance des paiements (balance commerciale). Autrement dit, ce sont les lois de l'offre et de la demande des produits échangés qui fixeront in finez le taux de change.. Votre cause est donc en réalité plutot un effet.sauf que, notamment dans le cas de la chine, il y a manipulation des cours. et si, toutes choses égales par ailleurs, on revenait à l'équilibre, keynes n'aurait pas imaginé un système de bretton woods dans lequel il incombait tout autant aux pays excédentaires qu'aux pays déficitaires(en balance commerciale) de remédier à leurs déséquilibres. JP : votre conception du "prix unique" est complètement erronée Le prix unique n'est pas un idéal, c'est un fait, à chaque fois qu'il y a un marché unique pour des biens identiques. Or un BigMac à Pékin, ce n'est pas plus identique à un Big Mac à Paris que par exemple un baril de pétrole n'est identique à un baril dans 20 ans. Par contre, un Big Mac made in China, s'il était importé à Paris, et s'il était indistinguable d'un made in france, serait au même prix. Ou bien le plus cher disparaitrait du marché. De plus, si au liueu de big mac, on considérait un repas fastfood de cuisine asiatique (3 nems et un riz cantonnais, par exemple), vous le trouverez non pas 2 fois moins cher à pékin qu'à paris, mais 10 fois moins cher. Bref, cette histoire de prix unique n'est qu'un égarement inutile du raisonnement.pas du tout. il est évident qu'un big mac voyage assez mal. en revanche il est assez facile de faire voyager des ipods et de réaliser des marges considérables en vendant à des prix chinois, dans des pays développés, à des prix juste inférieurs aux prix du pays développé. on ne peut d'ailleurs plus comparer avec un ipod fabriqué dans un pays développé, ça n'existe plus. sur une période plus longue. imaginons deux appareils photos de qualité identique, un Agfa et un Canon. Agfa produit en Allemagne et vend dans les pays développés à 50 DM. Canon fabrique en Chine et ça lui revient à 30. Canon va-t-il vendre en Allemagne à 50 DM (pour faire plaisir à JP ?) Non, ils vendent à 40, ils ont une marge qui leur permet à terme d'enfoncer agfa avec un peu de R&D et le tour est joué.par ailleurs ma "conception du prix unique" s'appelle la loi d'un seul prix, c'est un postulat classique en économie, que vous trouverez testé économétriquement ici par exemple (http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=2200364)JP : Car ce que vous voulez considérer, en réalité, c'est la compétition déloyale, le fait qu'un made in china arrive sur les étals de Paris bien moins cher que son équivalent made in france. Et au final, pour que votre taxe atteigne son but, il faudrait qu'elle surenchérisse le prix du madeinchina pour le mettre au même prix que le madeinfrance. C'est à dire qu'il ne s'agira de rien d'autre que de la protection traditionelle par les traditionelles taxes douanières.non. examinons la différence de prix entre le canon et le agfa. le agfa est vendu 50 en allemagne parce qu'il coute 45 à produire et qu'il faut nourrir les actionnaires rapaces. le canon coute souvent en réalité 35 voire 40, mais une manipulation du cours du yuan permet de ramener le prix en allemagne à 40 en conservant une marge. si le cours du yuan n'est pas trafiqué, comment va être justifiée la différence de prix : il ya d'une part une différence dans le fait que l'ouvrier chinois, à productivité équivalente, est moins bien payé en chine que dans les pays développés du fait de la moindre protection sociale. c'est aussi une forme de concurrence déloyale, et on peut envisager une taxe pour compenser cela. mais elle est plus complexe à calculer.JP : en outre, vous faites complètement l'impasse sur l'inconvénient majeur de votre taxe non discriminante: à moins qu'elle ne soit élevée au point de bloquer toutes les importations, elle en laissera passer certaines celles qui sont au départ les plus compétitives, c'est à dire celles pour lesquelles il y a la plus grande diffé&rence de prix entre nos deux pays. Or, il n'y a aucune raison de penser que ces importations restantes sreraient les moins nuisibles pour les salariés et l'économie francaise.C'est en partie exact. les salariés français qui font des produits compétitifs mais se font licencier parce que des produits chinois non compétitifs sans des manipulations de change seront tout de même fort contents de ne pas être licenciés. les produits chinois qui resteront compétitifs malgré un rétablissement correct des parités seront certainement moins nombreux (un quart du volume initial ?, la moitié ?). vous pouvez choisir de voir la bouteille à moitié vide. et puis l'état pourra employer le prouitde la taxe à de la R&d dans les secteurs français non compétitifs par rapport aux chinois (le secteur du nem que vous citiez précédemment, par exemple)JP : Il n'y a non plus de raisons de penser que celles des importations qui seraient stoppées seraient les plus nuisbles. Il est plus que probable qu'une taxation discriminant selon les produits serait bien meilleure, car même si des intérêts particuliers ou corporatistes peuvent parvenir à s'y glisser, il n'y a pas de raison de penser qu'il en résulterait une effet pire que la sélection aveugle opérée par une taxe indiscriminante. Et de plus les intérêts particuliers peuvent être contestés, et l'intérêt commun parvient à être parfois entendu.je ne sais pas ce que vous appelez nuisible. toutes les importations sont "nuisibles" dans une perspective mercantiliste. on peut cependant imaginer que les avantages comparatifs jouent dans un système de change régulé, et que nous ne souffrions pas autant de la concurrence des seuls produits chinois compétitifs que nous ne souffrons actuellement de la concurrence des produits chinois compétitifs et non compétitifs sans manipulations de cours.nous faisons déjà une taxation discriminante selon les produits, ça s'appelle la TIPP. manque de bol elle ne protège pas les producteurs de pétrole français.on peut imaginer en effet qu'un état très intelligent et organisé sache détermnier quels sont les secteurs à protéger, à quel niveau, combien de temps etc... je vous l'accorde bien volontiers. mais je ne vois toujours pas l'ombre d'un critère pour ce faire, et il y a fort à parier que les secteurs qui réclameront le plus une protection seront ceux qui s'aperçoivent qu'ils sont coulés par les produits chinois en raison des manipulations de la devise chinoise... ce que je propose a l'avantage d'être relativement rapide à mettre en oeuvre, simple à mettre en place. ça n'est pas une panacée, je vous l'accorde bien volontiers. mais c'est une bouteille à moitié pleine.merci en tout cas d'avoir enfin précisé vos critiques, cela me permet d'éclaircir mes arguments. N'espérant pas vous av
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J
"vous êtes bien gentil, mais des livres d'histoire économique j'en ai avalé quelques uns, dans un cadre universitaire, dont le mark blaug, donc vous m'excuserez mais je me passerai de vos références."Le tome 1 que j'ai cité est une initiation, très bien faite, aux concepts de base de l'économie, qui sont présentés selon l'ordre chronologique de leur invention. Le sujet fondamental n'en est donc pas l'histoire mais le contenu de la science économique. Je persite à dire que vous vous fourvoyez en croyant pouvoir vous en passer (ou d'un autre manuel équivalent)."par ailleurs, je vois bien que vous êtes chagriné de ne pas me voir sauter de joie à l'idée que le protectionnisme est une panacée, ""Procès d'intention. Ridicule.mais je ne vois pas où sont les arguments que vous opposez à ma proposition initiale."Quels arguments oppoer à une proposition dont les fondements semblent déconnectés du savoir économique?-en quoi votre tace est-elle différente d'une taxe indiscriminée frappant tous les produits d'un pays? Où est la nouveauté?-quelle est alors l'utilité de construire le raisonnement à partir du taux de change? N'est-il pas suffisant de se baser sur le différentiel de prix (quelqu'en soit la cause)-ne voyez vous pas qu'il est incorrect de voir une cause dans le taux de change? D'abord celui-ci résulte de la balance des paiements, elle-même très dépendante de la balance commerciale. Autrement dit, la relation est une relation d'influence réciproque entre les deux, et, je le répète, même si vous ne trouverez aucun économiste pour vous donner raison là dessus depuis deux siècles, il faut admettre que, toutes choses égales par ailleurs, la relation d'interdépendance est telle que le taux de change tend naturellement à se stabiliser au niveau qui permet un équilibre de la nalance des paiements (balance commerciale). Autrement dit, ce sont les lois de l'offre et de la demande des produits échangés qui fixeront in finez le taux de change.. Votre cause est donc en réalité plutot un effet.-votre conception du "prix unique" est complètement erronée Le prix unique n'est pas un idéal, c'est un fait, à chaque fois qu'il y a un marché unique pour des biens identiques. Or un BigMac à Pékin, ce n'est pas plus identique à un Big Mac à Paris que par exemple un baril de pétrole n'est identique à un baril dans 20 ans. Par contre, un Big Mac made in China, s'il était importé à Paris, et s'il était indistinguable d'un made in france, serait au même prix. Ou bien le plus cher disparaitrait du marché. De plus, si au liueu de big mac, on considérait un repas fastfood de cuisine asiatique (3 nems et un riz cantonnais, par exemple), vous le trouverez non pas 2 fois moins cher à pékin qu'à paris, mais 10 fois moins cher. Bref, cette histoire de prix unique n'est qu'un égarement inutile du raisonnement.Car ce que vous voulez considérer, en réalité, c'est la compétition déloyale, le fait qu'un made in china arrive sur les étals de Paris bien moins cher que son équivalent made in france. Et au final, pour que votre taxe atteigne son but, il faudrait qu'elle surenchérisse le prix du madeinchina pour le mettre au même prix que le madeinfrance. C'est à dire qu'il ne s'agira de rien d'autre que de la protection traditionelle par les traditionelles taxes douanières.-en outre, vous faites complètement l'impasse sur l'inconvénient majeur de votre taxe non discriminante: à moins qu'elle ne soit élevée au point de bloquer toutes les importations, elle en laissera passer certaines celles qui sont au départ les plus compétitives, c'est à dire celles pour lesquelles il y a la plus grande diffé&rence de prix entre nos deux pays. Or, il n'y a aucune raison de penser que ces importations restantes sreraient les moins nuisibles pour les salariés et l'économie francaise. Il n'y a non plus de raisons de penser que celles des importations qui seraient stoppées seraient les plus nuisbles. Il est plus que probable qu'une taxation discriminant selon les produits serait bien meilleure, car même si des intérêts particuliers ou corporatistes peuvent parvenir à s'y glisser, il n'y a pas de raison de penser qu'il en résulterait une effet pire que la sélection aveugle opérée par une taxe indiscriminante. Et de plus les intérêts particuliers peuvent être contestés, et l'intérêt commun pavient à être parfois entendu."pour ce qui est de l'idée que je serais  bien insolent d'oser rendre publiques des idées mal assurées, vous vous trompez plusieurs fois."C'estpas vraiment une question d'insolence. mais plutot le fait que vous contribuezinutilement à obscurcir le débat public, d'autant plus que vos idées paraissent construites, à première vue. ce serait sans importance si vous ne faisiez que le onze millième commentaire du café du commerce dans les forum du fig ou de libé. Et acessoirement, c'est dommage, vous auriez les moyens de contribuer utilement sivous étudiez les bases"1. en ne relevant pas le fait que ces idées sont proposées sur un blog au lectorat fort confidentiel, qui a peu de chances d'être confondu avec une revue universitaire."Quelle mauvaise foi! Evidemment, c'est un blog. Mais c'est pas un skyblog. Il n'y a rien qui indique que vous revendiquiez une incompétence. Au contraire."2. que ledit blog est certes sans comité de lecture mais que les commmentaires y sont libres,  dont les vôtres, qui permettront aux esprit faibles qui pourraient être tentés de croire qu'ils ont lu une proposition intéressante de revenir dans le droit chemin."Je vous aime.Cela dit, qu'un blog n'ai pas de comité de lecture universitaire, c'est une chose. Pour autant, ca ne peut pas cautionner -rien ne peut cautionner- que l'on ignore les savoirs communs pré-existants afin d'éviter de remettre en cause ses propres idées. Ca me semble aussi grave que d'ignorer les faits ou les preuves lorsqu'ils nous déplaisent en perturbant  nos théories."3. je ne vous ai pas prié de déguerpir, je vous invite à modérer votre ton et à préciser vos critiques."Mais si, vous m'aviez prié de déguerpir. relisez la fin de votre précédent com. Enfin bon, si vous avez changé d'avis, c'est une excellente chose. 
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E
vous êtes bien gentil, mais des livres d'histoire économique j'en ai avalé quelques uns, dans un cadre universitaire, dont le mark blaug, donc vous m'excuserez mais je me passerai de vos références.par ailleurs, je vois bien que vous êtes chagriné de ne pas me voir sauter de joie à l'idée que le protectionnisme est une panacée, mais je ne vois pas où sont les arguments que vous opposez à ma proposition initiale.pour ce qui est de l'idée que je serais  bien insolent d'oser rendre publiques des idées mal assurées, vous vous trompez plusieurs fois.1. en ne relevant pas le fait que ces idées sont proposées sur un blog au lectorat fort confidentiel, qui a peu de chances d'être confondu avec une revue universitaire.2. que ledit blog est certes sans comité de lecture mais que les commmentaires y sont libres,  dont les vôtres, qui permettront aux esprit faibles qui pourraient être tentés de croire qu'ils ont lu une proposition intéressante de revenir dans le droit chemin.3. je ne vous ai pas prié de déguerpir, je vous invite à modérer votre ton et à préciser vos critiques.
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J
"Pas le niveau de première année", ce n'est pas une impression subjective, que j'aurais. C'est un fait vérifiable par tout un chacun, par exemple en buchant les deux ou trois chapitres pertinents dans le premier tome (les économistes du 19ème siècle seront bien suffisants) de la première des références que j'ai donnée juste au dessus.En deux siècles, il y a eu des dizaines de milliers de papiers scientifiques publiés autour du sujet par des chercheurs dont c'est le métier. Je vous rapelle simplement à la réalité, L'impression que vous avez d'avoir, par la seule force de votre cerveau et vos lectures personelles, pensé quelque chose de valable est une pure illusion, un peu mégalomanique, que vous entretenez en refusant la confrontation avec le savoir universitaire le plus ordinaire, et en m'invitant à déguerpir.Ne croyez pas, au fait, qu'il y a quelque chose de personnel dans mon attitude. Imaginez par exemple que vous ayez quelques réelles compétences médicales, et que vous tombiez surune page web dont l'auteur n'a de fait pas les connaissances médicales de base, mais réussit néammoins à répandre ses idées fausses, possiblement dangereuses, parcequ'il y a mis de l'intelligence, des lectures et du temps de réflexion. Ne seriez vous pas, comme moi maintenant, obligé de dire que ca ne peut pas marcher ainsi, et qu'il faut commencer par faire ses devoirs avant de se montrer en public. 
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E
Je savais que je n'aurais pas dû répondre à votre commentaire.Je ne veux pas dire autre chose que ce dont je suis convaincu :1. Même si ce n'est pas une panacée, une taxe de libre échange telle que je la décris serait un premier pas important dans la régulation des échanges internationaux. C'est une mesure protectionniste mais qui se réfère à un idéal de libre échange (se règle sur l'idée que les marchés sont équilibrés, et que la loi d'un seul prix est valable).2. le protectionnisme en général n'a pas de théorie, et c'est bien ennuyeux pour discuter de ses bienfaits.Quand Allais réclame une dose "raisonnable" de protectionnisme, je ne sais pas ce que cela implique.En revanche, quand il précise ceci :« Pour préserver le développement harmonieux du commerce mondial une protection communautaire raisonnable doit être assurée à l’encontre des importations des pays tiers dont les niveaux des salaires au cours des changes s’établissent à des niveaux incompatibles avec une suppression de toute protection douanière. »je constate que la notion de change est centrale. On peut estimer que les différences de salaires entre nations reflètent, à l'équilibre, des différences de productivité. Sauf si l'on ajoute des manipulations du change. Donc, en rétablissant des taux de change à leur valeur d'équilibre, on résout une bonne partie des problèmes de dumping (reste à corriger aussi le dumping que constitue l'absence de protection sociale).pour le reste de vos remarques, je ne les reprends pas point par point. j'ai eu le tort de vous répondre rapidement sur des sujets plus qu'épineux.je trouve cependant la conclusion de votre commentaire désagréable, pour ne pas dire discourtoise. Si vous avez l'impression de perdre votre temps à lire des notes qui n'atteignent pas le niveau d'un étudiant de première année en économie, comme vous l'indiquez, je vous en prie, passez votre chemin et allez lire les bons auteurs. N'hésitez pas.
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J
"le maintien de la propension à consommer n'a qu'un rapport indirect avec le protectionnisme. "La relation est peut-être indirecte. Mais elle est très forte: maintenir la propension à consommer ne peut se faire autrement qu'en gonflant le pouvoir d'achat des plus petits revenus. Et il n'y apas d"autres moyens pour ce faire que des accords collectifs dopant les bas salires, et/ou la redistribution de prélèvements sur la plus-value produite. Il y a donc nécessité d'un surcout des biens et services produits.Et cela n'est pas compatible (car déficit de compétitivité) avec le libre-échnage."d'ailleurs si ce n'était pas le cas keynes aurait dû construire une théorie du protectionnisme."Keynes n'a pas eu à le faire pour la simple raison qu'au moment (la Grande Dépression), ou l'on a commencé à appliquer ses principes, les nations étaient retournées au protectionisme. " sur le fait que le démantèlement des barrières douanières en europe ait commencé en 1973, ça me paraît douteux. toute la CECA et autres sinistres farces européennes se sont construites parallèlement aux négociations du GATT et avec la même vocation libre-échangiste."La ceca c'est peanuts par rapport au reste de l'économie.En réalité vous débarquez, je ne comprends pas sinon que vous ne sembliez pas être au courant de ce que Maurice Allais répète depuis des lustres: http://contreinfo.info/article.php3?id_article=1520 "en revanche, 1973 c'est l'abandon définitif du système de bretton woods..."Sauf que ce n'est pas "en revanche", mais "parceque le libre-échange ne peut se développer au maximum sinon" que l'on a fait flotter les monnaies.Et pour autant, avant ou après 73, il faut bien comprendre qu'il n'y a pas de laissez-faire monétaire. Les états ont une politique monétaire souveraine après 73."en situation de laisser-faire, les taux de change ne s'équilibrent pas plus que les balances commerciales."Euh, je fais allusion au B-A-BA qui est enseigné la première semaine de la première année de fac d'économie. C'est un principe que personne ne conteste, "toutes choses égales par ailleurs"."si c'était le cas keynes n'aurait pas traité ce point très longuement dans sa proposition pour bretton woods." Les taux de changes peuvent varier pour beaucoup d'autres raisons que la balance des paiements. Et spécialement à cause du non laissez-faire, c'est à dire les interventions étatiques (dévaluations, inflation de la masse monétaire).Vous avez tout mélangé.   Quant au programme du protectionisme, vous allez l'attendre longtemps. Aussi longtemps que que vous croirez qu'il vous est du de vous épargner l'effort de bucher les bases de l'économie au lieu de glaner de ci de là, en amateur, des infos parcellaires, ce qui est la recette pour inévitablement avoir des lacunes telles que vos efforts sont au mieux stériles, au pire dangereux (si vous étiez écouté). Je suis relativement agacé par cette conversation, au final, réalisant après coup qu'elle ne risquait pas de m'apporter quelque chose. Dommage, car il y avait surement à gratter sur la question des taux de change.  Je me permets de vous indiquer l'indispensable pour penser mieux qu'un journaliste:http://www.alapage.com/-/Fiche/Livres/9782247016662/LIV/histoire-des-pensees-economiques-t1-alain-geledan.htm?fulltext=histoire%20des%20pens%E9es%20%E9conomiques&id=241441251206829&donnee_appel=ALAPAGE  et http://www.alapage.com/-/Fiche/Livres/9782248011314/LIV/histoire-des-pensees-economiques-t2-maurice-basle.htm?fulltext=histoire%20des%20pens%E9es%20%E9conomiques&id=241441251206829&donnee_appel=ALAPAGE et   http://www.alapage.com/-/Recherche/?id=241441251206829&donnee_appel=ALAPAGE&choix=fulltext&ap=1&pos=2&com_alapage=&cat=&type=1&fulltext=civilisation+mat%E9rielle%2C+%E9conomie+et+capitalisme&x=0&y=0
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E
le maintien de la propension à consommer n'a qu'un rapport indirect avec le protectionnisme. d'ailleurs si ce n'était pas le cas keynes aurait dû construire une théorie du protectionnisme.sur le fait que le démantèlement des barrières douanières en europe ait commencé en 1973, ça me paraît douteux. toute la CECA et autres sinistres farces européennes se sont construites parallèlement aux négociations du GATT et avec la même vocation libre-échangiste. en revanche, 1973 c'est l'abandon définitif du système de bretton woods...en situation de laisser-faire, les taux de change ne s'équilibrent pas plus que les balances commerciales. si c'était le cas keynes n'aurait pas traité ce point très longuement dans sa proposition pour bretton woods.bref. je ne prétends pas conclure le sujet. mais une taxe telle que je la décris me semble à la fois réaliste et efficace. pour ce qui est du "protectionnisme", j'en attends toujours le programme.
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J
Oh si nous divergeons, vous n'embrayez pas sur Keynes et l'importance primordiale du maintien de la propension à consommer. Comme j'utilise la langue francaise, vous avez à chaque fois l'impression de voir vaguement ce dont je parle, mais sans comprendre vraiment pourquoi je m'y accroche.Non? D'autre part, si vous pensez sérieusement que les 30 glorieuses ont vu le début du démantèlement des barrières douanières, et si vous croyez que le protextionisme a du mal a définir ses objectifs (certes, définir ceux du libre-échange, c'est plus simple), et bien dites vous que vous avez gobé des bobards.L'ouverture des frontières a démarré vers 73. Pile avant que commencent les trente PiteusesHistoriquement, le libre-échange a été l'exception, et le protectionisme la norme. Le présenter ce dernier comme un projet un peu chimérique, difficile à mettre en oeuvre concrètement c'est ungros mensonge.Je vais vous dire un truc, après 10 années à m'intéresser au sujet: lorsque un détail concret semble apporter de l'eau au moulin du libre-échange, il faut gratter, et vous trouverez toujours que le détail était faux ou incorrectement présenté. Toujours.  Quant aux taux de change, attention! Le problème actuel vient de ce qu'ils sont régulés par la Chine, il ne viennent pas d'un laissez-faire. En situation de laissez-faire, les taux de change s'ajustent automatiquement jusqu'à ce que la balance des paiements s'équilibre. (notez quez j'ai pas dit "balance commerciale", la nuance est importante. Il faut bien comprendre que toute rentrée d'argent provenant de l'étranger, sans étre en paiement d'une exportation, est mauvaise pour l'emploi dans les secteurs exportateurs). Enfin, même si vous arrivez à un taux de change équilibrant la balance commerciale, vous n'avez pas résolu grand-chose:1-le keynésianisme sera toujours en voie de destruction2-en europpe, l'emploi détruit dans les secteurs low-tech ne peut pas être reconstruit dans les secteurs plus high-tech. D'où chomage persistant massif, d'où pression sur les salaires, d'où etc... Attac? des amateurs. Autant penser par soi-même.
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E
j'ai l'impression qu'il s'agit plus d'une question de sémantique que d'une vraie divergence.on peut dire que les trente glorieuses ont été des années protectionnistes mais on peut aussi considérer qu'elles ont vu commencer le mouvement de démantèlement des barrières douanières.le problème du protectionnisme c'est qu'il ne sait pas se donner de règle ni d'objectif.réguler le libre échange, en commençant par les taux de change et en suivant par des règles sociales minimales sérieuses, ça peut être un objectif.j'aime bien la conclusion de ce papier d'attac par exemple : http://www.france.attac.org/spip.php?article9538
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