La lettre volée

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Stiglitz : sortir de l'euro c'est douloureux, y rester c'est pire

Peu de temps pour creuser de nouveaux sujets en ce moment. Mais l'euro et l'Ukraine restent pour un moment probablement, d'actualité.

Sur ces deux sujets, des petits faits vrais que les uns balaieront d'un revers de main tandis que les autres y verront confirmation de leurs idées. Des fois, il faut savoir se contenter de cela.

Donc, côté euro, Stiglitz met les points sur les i : sortir de l'euro, c'est douloureux, mais y rester est encore pire. Stiglitz évoque la situation de l'Espagne et de la Grèce particulièrement.

Il ajoute une réflexion que je trouve très juste : la pire des situations est celle à laquelle nous assistons. Quand la situation devient intenable, on lache quelques mesures sociales, un prêt de quelques milliards, et on repart. C'est une mort à (plus ou moins) petit feu, qui fait que l'on continue dans un jeu où, l'un dans l'autre, c'est Stiglitz qui l'ajoute, la zone euro a probablement, depuis sa création, causé plus de dégâts qu'elle n'a amené d'avantages. [s'il y a un volontaire pour transcrire en français tout le passage de Stiglitz, je publierai volontiers]

 

*

Côté Ukraine, un lecteur fidèle me signale le programme de Svoboda, ce parti ukrainien que Catherine Ashton adore.

 

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Oleh Tyahnybok, patron de Svoboda, à droite.

Donc le programme de ce gentil parti qu'est Svoboda, parti qui veut rejoindre l'Europe-c'est-la-paix, vaut la peine d'être lu. On y trouve des articles très empreints des valeurs européennes : "demander l'aide des USA et du Royaume-Uni pour restaurer les capacités nucléaires de l'Ukraine." Un peu plus haut, le corollaire : "en appeler à l'Assemblée générale et au Conseil de Sécurité de l'ONU pour envisager la possibilité de frappes nucléaires sans déclaration de guerre"... A côté de cela, lire que les manifestations d'ukrainophobies seront considérées comme des actes criminels relève du zakouski.

Le lecteur sera rassuré d'apprendre que Svoboda n'a que quelques portefeuilles au sein du gouvernment ukrainien actuel, dont celui de la Défense, celui de Vice-Premier ministre, les finances, l'éducation...

*

En conclusion c'est donc avec un tel gouvernement de baltringues provisoire, autoproclamé, pas confirmé par des urnes, que l'Union Européenne entend signer en urgence un accord d'association, dès le 21 mars. Le gag absolu c'est que ce sont les gouvernants ukrainiens qui sont obligés de freiner la signature, tant ils redoutent des troubles dans leurs régions orientales.

On remarquera, et appréciera, la pudeur de violettes de nos bons médias, discrets sur ces accords. Reuters est plus direct et titre "Berlin ouvre la voie à une coopération politique avec l'Ukraine".

L'article commence comme ça : "Le gouvernement allemand a approuvé un projet européen pour une coopération politique plus étroite avec l'Ukraine, indique une source gouvernementale, mercredi. 

Cette approbation devrait permettre à la chancelière Angela Merkel de signer la première partie d'un accord de partenariat lors d'un sommet de l'Union européenne cette semaine."

Ce média mal dégrossi a l'air d'insinuer que les 27 membres de l'UE seraient complètement à la remorque de l'Allemagne. On nous aurait menti ? Cela ne se peut.

*

Je ne sais pas si l'Europe c'est la paix, mais qu'est-ce qu'on rigole...


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A
<br /> Je ne vois pas comment et pourquoi la BCE saborderait l'euro, cela ne convient pas aux allemands pour l'instant, et pas non plus à Mario Draghi, pour ça je crois à son éclatement dans la<br /> douleur. <br /> <br /> <br /> Les calculs sur la sortie de l'euro ne sont pas dû seulement à Sapir, on a aussi Artus qui s'est penché sur cette question. Et dans un billet récent Sapir revient sur ce qui se dit aux Pays<br /> Bas http://russeurope.hypotheses.org/2138 <br /> <br /> <br /> L'idée d'un euro pour le sud me semble farfelue pour le coup. Je crois qu'on a que deux options soit on reste dans l'euro jusqu'à la mort, soit on revient aux monnais nationales contraints et<br /> forcés. Les hommes politiques sont trop frileux pour trouver des solutions raisonnables et négociées.<br />
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E
<br /> Ah, te voilà dialecticien ODP.<br /> <br /> <br /> J'ai toujours dit que je ne me souciais pas du détail des chiffres de sapir. Mais je crois 1. que le sens de ces calculs est correct et que 2. l'ordre de grandeur est correct. c'est à dire que<br /> pour ce qui est de l'ordre de grandeur, l'euro est le handicap numéro 1 de l'économie française en ce moment, qui nous coute en cumulé depuis 2002 plusieurs dizaines de milliards d'euros de PIB.<br /> Ensuite qu'en en sortant on recommencera à croître, la france comme l'espagne ou la grèce etc.<br /> <br /> <br /> pour ce qui est du démantèlement partiel de l'euro, je crois que l'euro n'est que le dernier gadget en date de la religion européenne. donc je ne crois pas à un possible éclatement partiel de la<br /> zone euro. sortir n'importe quel pays de l'euro aujourd'hui c'est admettre que l'euro n'est pas bénéfique en soi, c'est donc faire exploser toutes les justifications qui, partout dans l'eurozone<br /> aujourd'hui, sont avancées pour faire desz sacrifices au nom de la monnaie unique.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> pour ce qui est de l'ukraine, ton point de vue est, techniquement, cynique : peu importe la démocratie et/ou la volonté des peuples, ce qui compte est d'engluer tout le monde dans un carcan<br /> occidental. c'est oublier que les peuples ne demandent pas que de la sécurité, mais peuvent avoir envie d'un minimum d'autonomie, ou d'indépendance, ou de démocratie. par ailleurs, c'est<br /> également oublier que vouloir confier les clés de la maison, en ukraine, à ce que l'on croit être une marionnette qui permettra de ramener l'ordre que l'on souhaite, c'était exactement le calcul<br /> de von papen en 1933. mais parfois la marionnette peut surprendre. c'est à mon humble vis très couteux de s'éloigner des principes démocratiques. quelle urgence a l'ue à signer un accord avec un<br /> gouvernement provisoire en ukraine, sinon d'obéir à une volonté géopolitique qui ressemble fort à une pure politique de puissance...  agrandir l'espace vital de l'UE, on en a vraiment besoin<br /> ? c'est un discours convaincant en 2014 ?<br /> <br /> <br />  <br />
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O
<br /> Hello Edgar... si je voulais être taquin je dirais que tu travailles pour moi.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sur l'euro, ce papier de Stiglitz n'enterre-t-il pas en grandes pompes (mais sans les honneurs) les fantaisies de Sapir?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> D'abord, il reconnait que pour l'Espagne ou la Grèce (il aurait pu aussi citer le Portugal), le fait de sortir de la zone euro se traduira initialement par de très fortes turbulences dont les<br /> inconvénients devraient, à terme, être effacés par les bénéfices de la dévaluation.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> On est bien loin de la vision paradisiaque de Sapir qui promet une croissance à 2 chiffres pour la Grèce dès la 1ère année de dissolution de la zone. Je crois me souvenir qu'un commentateur a<br /> indiqué que personne de sérieux n'avait critiqué les chiffres de Sapir; il me semble que l'on peut considérer Stiglitz comme étant à la fois sérieux et peu susceptible de monétarisme<br /> dogmatique. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Ensuite, corrige-moi si je me trompe, mais nulle part il n'indique que la France devrait sortir de la zone euro. Son analyse se focalise sur la périphérie (Grèce, Espagne, Portugal); et, à<br /> l'opposé de Sapir, il pense que le scénario le plus favorable serait la constitution d'un "euro  sud"; soit par césession des pays "méditérranéens" (y compris la France); soit, cas encore<br /> plus favorable car cela éviterait la banqueroute nominale des Etats et du secteur financier du Sud, par "exfiltration" de l'Allemagne et des pays qui souhaiteraient la suivre.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> C'est aussi ce que je pense et justifie d'une certaine façon la logique du "rapport de force avec l'Allemagne" type Mélenchon ou Ohanna. Un blogueur que tu connais probablement (Joël Halpern) a<br /> d'ailleurs déniché, sur le sujet, une interview très intéressante du conseiller principal du Ministre des Finances allemand<br /> (http://bloc-notesdejoelhalpern.hautetfort.com/media/01/00/680694436.pdf).  <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> ***<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Sur Svoboda, c'est un peu le même tonneau: si les mots ont un sens, il n'y a rien de néo nazi dans ce programme; et c'est d'ailleurs parce que j'avais lu ledit programme (il y a plusieurs mois)<br /> que je me suis permis de soutenir cette position.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Il y a certes quelques "incongruités" dont des frappes nucléaires préemptives telle que tu le comprends serait un peu le sommet. Mais je me demande, étant entendu que cette proposition vient dans<br /> leur programme avant celle de la renucléarisation du pays, s'il ne faut pas comprendre l'inverse, à savoir des craintes de frappe nucléaire préemptives russes. Dans dans tous les cas c'est<br /> baroque; mais pas néo-nazi. <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Enfin, cerise sur le gâteau, FD, qui parle là d'or, sabote lui même les craintes de "gouvernement fasciste" ou "néo-nazi" en soulignant que, de toutes façons, puisque c'est le trio<br /> Bruxelles/USA/FMI qui tient les cordons de la bourse, ce seront eux qui fixeront les bornes "acceptables" de la politique locale. A cette aune, il me semble que les probabilités d'une nuit de<br /> cristal dans les mois qui viennent sont assez faibles.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et si en plus, comme ça a été le cas pour Itzebegovic ou Tudjman (FD dixit encore), l'UE parvient à "civiliser" ces barbares asiatiques (l'Europe c'est la paix je te dis...), alors on vivra dans<br /> le meilleur des mondes! <br />
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F
<br /> Oui, le problème de ce parti, comme celui du FN, c'est moins le programme qu'il affiche que la culture des militants qu'on lui connaît. J'observe en tout cas (à part les délires anticommunistes<br /> et antiKGB) que le parti n'est pas spécialement libéral sur le plan économique, à la différence de l'extrême-droite hongroise par exemple. Mais bon, Mme Ashton et l'Union européenne savent bien<br /> que les programmes des partis politiques sont sans importance (et les partis eux-mêmes non plus d'ailleurs), ce qu'il faut juste ce sont des gens pour mettre sur la photo dans les médias et dire<br /> "voilà les gars qui vont appliquer notre programme bruxellois". Peut-être aussi nos grands sachems espèrent-ils faire convaincre Svoboda d'oublier sa haine des Juifs, comme ils ont persuadé<br /> Izetbegovic (en Bosnie) ou Tudjman en Croatie il y a 20 ans de ne plus trop dire de bien des divisions SS. Bon, après le pari fonctionne tant qu'on a des euros à mettre sur la table... mais en<br /> avons-nous encore ?<br />
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E
<br /> j'en sais rien, je ne l'ai pas lu en détail, j'ai juste relevé quelques perles. en le lisant vite on peut lui trouver un côté gaullien, de rétablissement d'une souveraineté nationale malmenée.<br /> après, il y a une foule de détails qui relèvent plutôt de la tyrannie en puissance : détecteurs de mensonges pour les fonctionnaires et autres joyeusetés. surtout quand on ajoute au texte du<br /> programme le contexte des militants de svoboda et de leur goût prononcé pour les traits d'esprit pronazis et autres bras tendus.<br />
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F
<br /> qu'est ce quite gène le plus dans le programme de Svoboda ?<br />
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