La lettre volée

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Jean-Claude Milner, Le sage trompeur

milner_spinoza.jpgJe dois dire que je n'ai toujours pas saisi l'intention de Milner après lecture de ce livre où il semble vouloir faire de Spinoza le précurseur de Hitler, en mieux élevé.

Quelques points.

 

Milner adopte tout d'abord une démarche d'enquêteur pour interpréter un court passage du Traité Théologico-politique, dans lequel Spinoza affirme que les particularismes des juifs assurent leur survie.

 

Aujourd'hui donc les Juifs n'ont absolument rien à s'attribuer qui doive les mettre au-dessus de toutes les nations. Quant à leur longue durée à l'état de nation dispersée et ne formant plus un État, elle n'a rien du tout de surprenant, les Juifs ayant vécu à part de toutes les nations de façon à s'attirer la haine universelle et cela non seulement par l'observation de rites extérieurs opposés à ceux des autres nations, mais par le signe de la circoncision auquel ils restent religieusement attachés. Que la haine des nations soit très propre à assurer la conservation des Juifs, c'est d'ailleurs ce qu'a montré l'expérience. Quand un roi d'Espagne contraignit les Juifs à embrasser la religion de l'État ou à s'exiler, un très grand nombre devinrent catholiques romains et ayant part dès lors à tous les privilèges des Espagnols de race, jugés dignes des mêmes honneurs, ils se fondirent si bien avec les Espagnols que, peu de temps après, rien d'eux ne subsistait, non pas même le souvenir. Il en fut tout autrement de ceux que le roi de Portugal obligea à se convertir ; ils continuèrent à vivre séparés parce qu'ils étaient exclus de toutes les charges honorifiques.

J'attribue aussi une telle valeur en cette affaire au signe de la circoncision, qu'à lui seul je le juge capable d'assurer à cette nation juive une existence éternelle ; si même les principes de leur religion n'amollissaient leurs cœurs, je croirais sans réserve, connaissant la mutabilité des choses humaines, qu'à une occasion donnée les Juifs rétabliront leur empire et que Dieu les élira de nouveau. De l'importance que peut avoir une particularité telle que la circoncision, nous trouvons un exemple remarquable dans les Chinois : eux aussi conservent très religieusement l'espèce de queue qu'ils ont sur la tête comme pour se distinguer de tous les autres hommes, et par là ils se sont conservés pendant des milliers d'années, dépassant de beaucoup en antiquité toutes les nations ; ils n'ont pas maintenu leur empire sans interruption, mais l'ont toujours relevé quand il s'est trouvé ruiné et le relèveront encore sans aucun doute sitôt que le courage des Tartares commencera d'être affaibli par une vie molle et luxueuse.

Enfin, si l'on voulait soutenir qu'à tel ou tel titre les Juifs ont été pour l'éternité élus par Dieu, je n'y contredirais pas, pourvu qu'il fût entendu que leur élection, soit temporaire, soit éternelle, en tant qu'elle leur est particulière, se rapporte uniquement à l'empire et aux avantages matériels (nulle autre différence n'existant d'une nation à une autre), tandis qu'à l'égard de l'entendement et de la vertu véritable aucune nation n'a été faite distincte d'une autre, et qu'ainsi il n'en est pas une que Dieu, à cet égard, ait élue de préférence aux autres.

 

Milner entreprend alors une enquête (je me souviens que dans un livre antérieur il se déclare passionné de romans policiers).

Il commence par compléter la devise de Spinoza ("caute", prudence en latin), pour poser qu'elle ne se comprend que complète ("Si non caste, tamen caute" - si tu n'es pas chaste, au moins sois prudent, phrase tirée du Livre des courtisans de Castiglione). Il faut faire confiance une première fois à Milner pour admettre sa conclusion. Ce n'est que le premier acte de foi aui est demandé au lecteur, de très nombreux autres l'attendent.

Le raisonnement avance mais la méthode est chaque fois la même. Milner part du principe que Spinoza n'a pas voulu être trop aisément compris, et cherche donc à compléter le texte par des rapprochements, des déductions et des enchaînements logiques parfois hasardeux.

Les raisonnements sont appuyés sur une érudition impressionnante, mais débouhent sur des conclusions qui relèvent de la farce - pour autant qu'il me soit permis d'en juger, sachant que je n'aurai probablement jamais le temps de reprendre point par point le raisonnement de Milner, ni surtout de trouver une documentation encore plus abondante que la sienne pour trouver des explications plus satisfaisantes à quelques vraies questions que pose Milner, après d'autres. Par exemple, le fait que le passage de Spinoza contienne des interprétations basées sur des faits que Spinoza devait savoir faux : l'intégration des juifs en Espagne n'était pas avérée.

De ces questions intéressantes, Milner se fait un prétexte pour arriver à des conclusions puissamment comiques : "Il ne faut pas craindre de comprendre [Spinoza] ; les juifs redeviendront un peuple élu, si et seulement s'ils se convertissent à l'Islam."

Plus loin, Spinoza affirmerait donc assez directement, selon Milner, que "pour que la liberté d'opinion et de parole atteigne son intensité maximale et son extension universelle, le judaïsme doit en être excepté".

En conclusion, Milner ne condescent que du bout de son clavier à trouver quelques circonstances atténuantes à la complicité fondamentale de Spinoza avec le nazisme : "Qu'advienne le règne de la raison et nul sur terre ne demeurera, qui pourrait se dire Juif. De ce jour de lumière [Milner est ici ironique], Spinoza aura été le promoteur. S'il devait se révéler que l'effacement parfait a pu, à l'occasion, passer par des exécutions ou des assassinats, Spinoza en serait innocent. Il ne les a pas inclus dans son programme. Il a enveloppé de circonlocutions les propos qui auraient pu les y inciter".

Pas besoin d'appliquer les techniques de lecture de Milner avec la même intensité qu'il ne les applique à Spinoza : les nazis, les terroristes islamistes ne sont que des lecteurs particulièrement compétents de Spinoza ("sauf qu'ils ne sauront pas qu'ils sont spinozistes" écrit cependant prudemment, à propos des nazis du futur, Milner, dans sa phrase de conclusion).

Pourquoi se soucier d'un livre aussi outrancier ?

Pour plein de raisons.

On peut d'abord imaginer que Milner a voulu rédiger un immense canular, pour tester la capacité d'attention de la classe littéraire : "Spinoza précurseur des nazis, vous en dites quoi ?"

Pas grand chose apparemment, sauf un texte de Blandine Barret-Kriegel, qui n'est plus en ligne, mais dans lequel elle réfute assez clairement Milner, en lui reprochant notamment d'avoir extrait du Traité Théologico-Politique (TTP) un texte, sans jamais le raccrocher à l'ensemble de l'ouvrage.

A propos des erreurs de Spinoza, de rapides recherches personnelles me font tomber sur un texte de la revue d'histoire des religions de 1958, qui indique que dans le TTP, Spinoza a inclus des passages d'un texte plus ancien, texte qui attaquait les juifs après que Spinoza avait été exclu de la communauté juive d'Amsterdam. Si ce que Milner appelle le "manifeste" est un passage de ce texte, cela pourrait expliquer qu'il contienne des erreurs de jeunesse, des détails incohérents. Il y a donc fort probablement d'autres explications aux erreurs de Spinoza qui ne conduisent pas à en faire un islamiste antisémite.

Si ce texte est un canular, on appréciera enfin l'apologie rédigée par un fan de Milner, qui a bien compris ce que flagorner veut dire. Et l'on se demandera si Milner n'a pas voulu se dénoncer en titrant son ouvrage "le sage trompeur".

 

On peut également penser que Milner est très sérieux dans ce qu'il écrit. Il faut alors regretter la forme de son argumentation.

On peut légitimement considérer que Spinoza, dans son TTP, défend des politiques d'assimilation qui s'avèrent impuissantes à effacer la haine éternelle des juifs. C'est l'un des débats qui ont conduit à la naissance du sionisme.

Milner va cependant bien au delà de ce simple débat. Il infère des lacunes et des imprécisions de la pensée de Spinoza des éléments bien trop aventureux. On peut alors se demander ce que vise Milner. Qui sont les spinozistes qui s'ignorent auxquels il fait référence en conclusion ? Faut-il ranger parmi eux quiconque pense que la laïcité est une valeur positive en politique ?

J'aimerais que Milner, que j'ai trouvé brillant sur d'autres sujets, dise précisément ce qu'il craint dans le spinozisme. Si l'on suit Milner, ce qu'il rejette est ce que Spinoza semble vouloir : l'effacement du nom juif. Suffit-il alors d'accepter l'existence d'Israël pour être un honnête homme du XXIème siècle ? Je crois que rejeter l'existence d'Israël est effectivement une erreur, je rejette l'antisionisme. Mais l'anti-antisionisme n'est pas une politique.

*

Il reste à attendre le deuxième tome de ce livre qui reste un exercice de lecture fort intéressant. A rapprocher, par un côté exercice de style, du Qui a tué Roger Ackoyd de Pierre Bayard (que je n'ai pas lu, mais dont je peux donc gloser avec assurance, avec l'imprimatur de Bayard lui-même).



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V
<br /> "en scindant droit et religion on court au drame"<br /> <br /> <br /> C'est précisément ce qui est reproché à Spinoza, par toute l'Europe du XVII° siècle. C'est-à-dire par toute l'Europe de la propriété féodale pour qui il n'y a d'état concevable que chrétien et<br /> qui par conséquent n'aurait pu qu'applaudir à l'antijudaïsme supposé de Spinoza. Lire à ce sujet de Paul Vernière, Spinoza et la pensée française jusqu'à la révolution. Un auteur qui prend au<br /> sérieux la réception de l'oeuvre de Spinoza, sans s'occuper des éloges et blâmes que toute pensée digne de cenom suscite.<br /> <br /> <br /> Et point encore plus important, c'est aussi tout le débat qui traverse la future Allemagne, sur la question de l'état et de la religion, débat articulé autour de l'oeuvre de Hegel. Et il est<br /> incontestable que les partisans d'un état en phase et donc non scindé d'avec sa culture et ses origines chrétiennes sont pour le coup les précurseurs de l'hitlérisme à qui ils donneront, en tant<br /> que courant politiques libéraux-conservateurs toute latitude pour se déployer politiquement. Sans parle des petits arrangements financiers entre amis. Et sur le dos de qui ?<br />
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E
<br /> ah ! pour éclaircir vous me traitez d'âne ! oui j'ai une certaine révérence toute petite-bourgeoise pour un normalien agrégé de philo. oui je vois bien tous les travers insupportablement précieux<br /> de milner. oui j'ai bien vu le côté bouffon de son attaque sur spinoza. mais je me suis retenu car je n'ai pas tout compris de son livre, et surtout j'ai beaucoup aimé son traité politique. au<br /> plaisir.<br />
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V
<br /> Errata<br /> <br /> <br /> en fait le<br /> <br /> <br /> Milner est tout sauf un esprit grossier<br /> <br /> <br /> est de Stella et non de Edgard<br />
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V
<br /> Edgard trouve que<br /> <br /> <br /> Milner est tout sauf un esprit grossier<br /> <br /> <br /> C'est exactement ce que dit Milner à propos de Spinoza. Et cela pour une bonne raison: la très haute opinion qu'il a de lui-même. D'ailleurs il s'en prend toujours à quelqu'un qu'il juge digne de<br /> sa personne. Spinoza, Mallarmé... Et n'a que faire d'un vulgaire droit commun, comme l'éjecté de 2012 qui se demandait ce qu'il allait bien pouvoir dire aux victimes ?<br /> <br /> <br /> Ben ! Qu'il en était une, pardi!<br /> <br /> <br /> Il n'empêche que Milner fait de la philosophie de Spinoza une saleté sans nom. Et donc, Edgard, peut, comme Milner, se tortiller les méninges, pour se situer supra partes, l'essentiel est<br /> ailleurs et peut être exposé comme suit:<br /> <br /> <br /> Comme moi, Milner, normalien, ex-stalinien, maoïste repenti, Spinoza est tout sauf un esprit grossier, nonobstant le fait que j'ai découvert des choses qui donnent à penser le contraire et que<br /> personne avant moi n'a soupçonné... C'est dire ma puissance et ma gloire! Je suis le seul qui soit retourné au texte originel. En fait le sage trompeur, c'est moi !<br /> <br /> <br /> Alors écrire que Milner est tout, etc., seul un petit bourgeois, pardon! un membre éminent des classes moyennes, peut écrire une ânerie pareille. Ce qui ne me surprend nullement. Ce<br /> préjugé émis à l'égard des grands, des puissants, des biens nés, des convenablement éduqués, est plus que millénaire.<br /> <br /> <br /> Et donc, moi! Je prétends que l'ouvrier le plus frustre qui accepte la dure discipline du travail a l'esprit plus sain que tous les aigrefins exta-fins à la Milner !<br /> <br /> <br />  <br />
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E
<br /> valentini : je crois que je vous comprends mais vous n'êtes pas clair.<br />
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V
<br /> Stella, avant d'écrire :<br /> <br /> <br /> telle est la "solution" Spinoziste pour éliminer les juifs : qu'ils abandonnent leur désir de durer en tant que juifs et qu'ils se convertissent.<br /> <br /> <br /> Mais non pas qu'ils disparaissent en étant exterminés, assassinés, massacrés, comme Hitler en rêva effectivement. J'espère que vous voyez la différence.<br /> <br /> <br /> relisez Milner qui affirme clairement que la "solution spinoziste", mise, en quelque sorte, aujourd'hui, en oeuvre, en Europe, n'est que le parachèvement de la destruction des juifs<br /> européens par le nazisme. Alors oui ! La différence existe. Mais non ! Elle ne contredit nullement l'idée que Spinoza et Hitler, c'est kif kif bourricot! Dans le même sens tendancieux, captieux,<br /> fallacieux, lire "les penchants criminels de l'Europe démocratique", même auteur, même édition.<br /> <br /> <br /> Milner ne plaisante absolument pas. Et il s'inscrit totalement dans le mouvement de restauration conservatrice que l'ère reagan-thatcher a initié. Maintenant savoir s'il a un grain ou si c'est un<br /> provocateur, je m'en moque. Ce qui importe est qu'il a choisi son camp : les possédants quelle que soit leur idéologie libérale, conservatrice, socialiste, social-démocrate, totalitaire, contre<br /> la masse des déshérités de toute nature et de partout. <br />
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V
<br /> Les raisonnements sont appuyés sur une érudition impressionnante<br /> <br /> <br /> Peut-être ! Je n'en jurerai pas ! Mais la question est avant tout celle du contenu de l'érudition en question, érudition qui, de<br /> surcroît prend de haut, toute l'édudition critique, développée à propos de Spinoza, en la balayant d'un revers royal de main,<br /> <br /> <br /> ce n'est qu'un perpétuel éloge !<br /> <br /> <br /> Ce qui est absolument faux ! <br /> <br /> <br /> Même un ouvrage basique, destiné à des élèves de terminale, comme le gradus philosophique se fait l'écho, d'un point de vue<br /> absolument inverse. Comme suit :<br /> <br /> <br /> Le diable a séduit un grand nombre d'hommes, qui semblent tous être à ses gages, et s'attachent uniquement à renverser ce qu'il y<br /> a de plus sacré au monde. Cependant, il y a lieu de douter, si parmi eux, aucun a travaillé à ruiner tout droit humain et divin avec plus d'efficacité que cet imposteur, qui n'a eu d'autre chose<br /> en vue que la perte de l'état et la religion.<br /> <br /> <br /> (comprendre l'état féodal et la religion chrétienne)<br /> <br /> <br /> Et ce morceau d'anthologie férocement élogieuse, et qui est loin d'être un fait isolé, même si, sous d'autre plumes, en d'autres<br /> contrées, en d'autres temps, élaboré de manière plus cauteleuse, est signé d'un certain docteur Musaeus.<br /> <br /> <br /> Tiens ! Avec un M comme Milner.<br /> <br /> <br /> Mais quel idiot je fais !  Cette citation est citation mise en situation. C'est une citation in situ !  Une (c)ituation !<br /> Elle est violemment exhibée pour mieux berner les non initiés (les schmocks, les nases), disant ce qu'en réalité, elle ne pense aucunement et espérant secrètement qu'en réaction tout le monde se<br /> mette à crier, avec elle, mais elle, sub rosa, de manière subrogatoire : Spinoza est grand !<br /> <br /> <br /> Nul n'est censé ne pas savoir que le boul'mich de la contradiction principale est pavée de contradictions républicaines<br /> secondaires.<br /> <br /> <br />  <br />
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V
<br /> Milner part du principe que Spinoza n'a pas voulu être trop aisément compris<br /> <br /> <br /> Vous êtes gentil ! Milner est (hait) littéralement Spinoza. Au point d'en faire l'éloge. Pas un mot qui ne soit à sa place dans le<br /> TTP. Pas un mot qui ne fasse sens. Pas un mot qui ne soit mûrement rapporté à des événéments historiques. Pas un mot qui ne dissimule une vérité adressée au lecteur initié.<br /> <br /> <br /> Que voulez-vous qu'il fît, ce misérable Spinoza (l'auteur trompeur dans la peau de son personnage pas si sage)?<br /> <br /> <br /> Eh bien qu'il périsse (le narrateur détrompé par l'auteur trompeur, bondissant hors la peau de son personnage) pour s'être fait le<br /> précurseur d'un hitlérisme démocratique. D'un Hitlérisme sans Hitler. Une sorte de criminel de paix. L'Europe actuelle, certes ! Mais je parie pour le Marx (juif de négation, juif de<br /> savoir, juif éclairé) de zur die Judenfrage von Bruno Bauer. J'image déjà le titre du prochain livre!<br /> <br /> <br /> le procès Spinoza à Lagrasse ou le dernier acte de la grande révolution culturelle par le dernier garde rouge<br /> germanopratin. Aujourd'hui l'histoire se répète si vite que la comédie est quasi contemporaine de la tragédie qui l'inspire.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Et à propos de caute qui ne se comprendrait qu'en référence à si non caste tamen caute, il est à remarquer que<br /> cette méthode ne s'applique pas au passage interpolé du TTP hodie judaei qui devrait logiquement être relié à l'ensemble de l'oeuvre. Encore un système antisystème! Ce que précisément<br /> Milner justifie comme parti pris.<br /> <br /> <br /> Et un petit livre rouge (de honte? de colère?), un !<br />
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E
<br /> Odp : milner est très intéressant néanmoins. il tire ses raisonnements à l'excès mais il est brillant.<br />
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O
<br /> Bonjour Edgar (et Stella) - à vrai dire, je ne souhaitais pas donner mon opinion sur votre controverse en raison de mon ignorance du sujet ainsi que des acteurs en question. Néanmoins,<br /> poussé par la curiosité, j'ai lu les entetiens Badiou/Finkielkraut et Badiou/Milner qui, sans aborder spécifiquement le cas de Spinoza, permettent de bien saisir le contexte et les<br /> enjeux... <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> A cette aune, je dois dire que je pencherais plutôt du côté d'Edgar; car si Milner précise bien qu'à ses yeux Spinoza n'est pas l'initiateur d'Hitler, il dit également que les modernes (i.e. les<br /> nazis) ont résolu, à leur manière, le problème que posait Spinoza; faisant de ceux-ci, en quelque sorte, les héritiers de celui-là - peut-être illégitimes, mais héritiers tout de même. Si l'on<br /> ajoute le contexte de la brouille Badiou/Milner (autour de la figure de Benny Levi) et les bouffées délirantes exprimées par de dernier dans Les penchants criminels de l'Europe démocratique,<br /> ilparaît clair que Milner considère en réalité Spinoza comme un apostat qu'il le punit symboliquement en le replaçant dans une généalogie antisémite.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Aussi, je suis d'accord avec Edgar pour dire que ce bouquin (torchon?) est en fait une attaque masquée contre la laïcité; avec Milner dans le rôle du Singe Trompeur. La seule bonne nouvelle,<br /> c'est, comme l'a dit un autre commentateur au sujet d'un papier précédent, que dans 15 ans, les lacaniens auront disparu du paysage intellectuel. On respirera mieux. <br />
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