Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...
27 Mai 2014
Parmi les idées entendues dimanche soir, une convergence gourmande des Verts, du FN et de quelques autres, pour souhaiter le retour de la proportionnelle.
Le FN est cohérent sur cette ligne : il veut des députés. Les Verts représentent le sommet du délire : si véritablement le FN est le danger le plus redoutable du moment, poursuivre les politiques qui l'ont mené à 25% (25% d'un électorat faible, certes) tout en lui ouvrant les portes de l'Assemblée équivaut à une sorte de suicide.
La réaction la plus solide consisterait à repousser tout changement institutionnel et à profiter de la solidité des institutions de la cinquième république pour changer de politique.
C'était une remarque que j'avais oublié de noter hier soir.
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Pour répondre aux commentaires sur ces réactions d'hier, quelques lignes.
Un commentateur me reproche de me méfier encore du FN, de ne pas faire le "grand pari" que défendait Descartes le blogueur, en soutenant un courant "républicain" derrière Philippot. C'est le pas que vient de franchir Philippe Murer effectivement. Le FN comprend encore bien trop de gens peu fréquentables pour que je sois tenté.
En sens inverse, on me reproche de faire trop crédit au FN d'un discours anti-européen qu'il ne couche pas noir sur blanc. Il m'a semblé cependant que le discours était assez clair, notamment sur la volonté d'en finir avec l'euro. Il n'est pas impossible que les documents écrits du FN, que je n'ai pas lu, n'en fassent pas état. On peut interpréter cela de plusieurs façons : il s'agit de ne pas effrayer alors que la majorité des électeurs soutient toujours l'euro ; c'est une tromperie, l'ambiguité permettant d'attraper plus de monde.
L'ambiguité existe donc sur ce sujet. Mais l'ambiguité majeure de ce parti réside qu'il s'agit maintenant d'un parti attrape-tout (comme tout parti "de gouvernement"), sauf que le FN attrape du néo-nazi recyclé jusqu'au chevènementiste fatigué de l'attentisme du Che.
Et je crois que le discours européen du FN est notamment ce qui lui permet de l'emporter haut la main face au Front de gauche. Refuser de reconnaître cela empêche probablement de comprendre ce qui se passe. De la même façon, il est exact que le FN baisse en nombre de voix par rapport à la présidentielle, comme l'ont répété nombre de commentateurs. Mais un très bon tableau sur le site d'un candidat UPR montre que le FN fait mieux que de tripler ses voix par rapport aux européennes précédentes, dans la circonscription Nord-Ouest... Pas le temps de faire le calcul national mais ce serait se rassurer à trop bon compte que de sous-estimer le résultat de dimanche.
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Pour ce qui est de l'UPR, le même effort de clarté intellectuelle doit prendre en compte quelques critiques. Quand Laurent de Boissieu se plaint des réactions de l'UPR suite à un de ses articles, il touche plusieurs fois juste. Il explique en effet qu'il classe l'UPR en divers-droite. C'est d'abord son droit. Ensuite, pour faire cela il se base sur l'appartenance passée de François Asselineau à un parti créé par Charles Pasqua. C'est, au fond, appliquer à François Asselineau le même traitement que celui-ci inflige à Dupont-Aignan, sans cesse ramené à son passage à la fondation franco-américaine. Il rappelle enfin que le titre de son article n'était pas choisi par lui, mais par sa rédaction.
Je crois que la virulence des réactions de l'UPR sur plusieurs sujets peut expliquer une partie du black out médiatique dont ce parti fait indéniablement l'objet. Je me trompe peut-être, Andy Grove, le PDG d'Intel, ayant notamment estimé que "seuls les paranoïaques survivent".
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Un commentaire renvoie à une décision du Conseil d'Etat sur la non prise en compte des dépenses de papier non recyclé dans les campagnes électorales. Apparemment on ne recycle d'ailleurs pas que du papier dans ces exercices. La comparaison avec les élucubrations saladières du parlement européen ne joue cependant pas pleinement : je ne pense pas que l'avis du Conseil ait donné matière à pétitions et mailings à l'ensemble des collaborateurs.
Très bien vu pour Baudelaire. Autant je n'ai jamais lu un recueil de poème, autant je reconnais que lire le poème qui va bien au moment qui va bien est une expérience impressionnante.
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Je recommande enfin la lecture d'un article de Christophe Bouillaud sur l'Italie. Il explique que le score de Renzi, présenté comme celui qui ose réformer l'Italie face à qui Hollande n'ose pas "réformer" la France, provient de deux facteurs que l'on oublie de signaler, avant que d'être le résultat d'un goût des italiens pour la réforme à la sauce Bruxelles : le mouvement protestataire Cinque Stelle est perçu comme dangereux et ne constitue pas un recours attractif ; Renzi par ailleurs n'a cessé de dénoncer l'austérité européenne.