7 Septembre 2014
C'est un entretien dans Marianne du 4 septembre, dont j'extrais quelques passages. Il faut lire l'ensemble (post-scriptum : l'entretien est en ligne sur le site de Marianne).
J'en retiens qu'un intellectuel dont la position est très particulière (il est régulièrement invité à parler à la Règle du Jeu, dont le principal soutien est BHL), y défend très clairement un retour à une vision politique bien plus nationale qu'européenne.
Les questions, en rouge gras, sont du journaliste :
"… le doute s’est inspiré dans l’esprit des français sur le caractère national de leurs gouvernements.
Que voulez-vous dire ?
Aujourd’hui, l’esquisse même de réalisation d’un programme de type Front Populaire serait tout bonnement impossible. A cause de l’Europe. Même le programme qui avait été défini par François Hollande lors de la dernière élection présidentielle ne serait complètement applicable qu’à la condition de rompre avec plusieurs principes posés par l’Europe – je pense à la règle de libre concurrence qui interdit à l’Etat de soutenir des entreprises en difficulté. Or, la possibilité que l’Etat soit un acteur économique faisait partie de l’identité nationale.
L’Union Européenne fonctionne-t-elle comme une machine à dépolitiser ?
Oui, et les conséquences de cette dépolitisation sont particulièrement aigues pour la gauche française. Elle tient à garder dans sa rhétorique une référence aux précédents de 1936 et de la Libération mais, à supposer qu’elle veuille s’en inspirer, elle se heurte, dans le réel, aux empêchements nés de traités qu’elle a elle-même ratifiés. On soutient que le Parti Socialiste, à la différence de son homologue allemand, n’a pas fait son Bad-Godesberg et n’a pas voulu assumer sa mue social-démocrate. C’est vrai, mais le PS a choisi l’Europe. Or, cela revient strictement au même.
[…]
Comment, face à ces risques d’éclatement de la cohésion nationale, reconstruire du nous ?
Nulle part, sauf en France, le nationalisme n’est stigmatisé. Le mot nous choque. Le mot « patriotisme » nous fait sourire. Je parlerai donc d’indépendance nationale. On la permet aux pays émergents ; pourquoi serait-elle interdite aux pays vieillissants ? Le mot « national » sonne désagréablement, mais tant pis : il faut cesser de tenir l’affirmation nationale et l’indépendance nationale pour des péchés.
Pourquoi ?
Car il y a une manière non excluante de s’affirmer comme nation : les Allemands l’ont prouvé en menant à bien leur réunification. […] L’articulation de la dimension nationale et de la dimension étatique va devoir être réinscrite au cœur de nos préoccupations.
De l'ensemble de l'entretien, on peut retenir ceci : un intellectuel français de premier plan (pas au sens d'intellectuel qui passe à la télé, au sens d'intellectuel qui réfléchit) relie très clairement l'anomie politique actuelle, la crise des banlieues et la montée du FN à l'abandon européen.