La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

L'État-Nation défendu par Jean-Claude Milner

C'est un entretien dans Marianne du 4 septembre, dont j'extrais quelques passages. Il faut lire l'ensemble (post-scriptum : l'entretien est en ligne sur le site de Marianne). 

J'en retiens qu'un intellectuel dont la position est très particulière (il est régulièrement invité à parler à la Règle du Jeu, dont le principal soutien est BHL), y défend très clairement un retour à une vision politique bien plus nationale qu'européenne.

Les questions, en rouge gras, sont du journaliste :

 

"… le doute s’est inspiré dans l’esprit des français sur le caractère national de leurs gouvernements.

Que voulez-vous dire ?

Aujourd’hui, l’esquisse même de réalisation d’un programme de type Front Populaire serait tout bonnement impossible. A cause de l’Europe. Même le programme qui avait été défini par François Hollande lors de la dernière élection présidentielle ne serait complètement applicable qu’à la condition de rompre avec plusieurs principes posés par l’Europe – je pense à la règle de libre concurrence qui interdit à l’Etat de soutenir des entreprises en difficulté. Or, la possibilité que l’Etat soit un acteur économique faisait partie de l’identité nationale.

L’Union Européenne fonctionne-t-elle comme une machine à dépolitiser ?

Oui, et les conséquences de cette dépolitisation sont particulièrement aigues pour la gauche française. Elle tient à garder dans sa rhétorique une référence aux précédents de 1936 et de la Libération mais, à supposer qu’elle veuille s’en inspirer, elle se heurte, dans le réel, aux empêchements nés de traités qu’elle a elle-même ratifiés. On soutient que le Parti Socialiste, à la différence de son homologue allemand, n’a pas fait son Bad-Godesberg et n’a pas voulu assumer sa mue social-démocrate. C’est vrai, mais le PS a choisi l’Europe. Or, cela revient strictement au même.

[…]

Comment, face à ces risques d’éclatement de la cohésion nationale, reconstruire du nous ?

Nulle part, sauf en France, le nationalisme n’est stigmatisé. Le mot nous choque. Le mot « patriotisme » nous fait sourire. Je parlerai donc d’indépendance nationale. On la permet aux pays émergents ; pourquoi serait-elle interdite aux pays vieillissants ? Le mot « national » sonne désagréablement, mais tant pis : il faut cesser de tenir l’affirmation nationale et l’indépendance nationale pour des péchés.

Pourquoi ?

Car il y a une manière non excluante de s’affirmer comme nation : les Allemands l’ont prouvé en menant à bien leur réunification. […] L’articulation de la dimension nationale et de la dimension étatique va devoir être réinscrite au cœur de nos préoccupations.

 

De l'ensemble de l'entretien, on peut retenir ceci : un intellectuel français de premier plan (pas au sens d'intellectuel qui passe à la télé, au sens d'intellectuel qui réfléchit) relie très clairement l'anomie politique actuelle, la crise des banlieues et la montée du FN à l'abandon européen.

 


 

 

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G
<br /> Bonjour Edgar, je pense qu'il est important de lier aussi l'indépendance nationale aux aspects positifs qu'ils pourront y trouver :<br /> <br /> *Pour l'indépendance nationale, le Trésor Public qui emprunte à la Banque Centrale sans intérêts contrairement à la dépendance aux banques privées et à leur taux intérêts dans la soumission<br /> UE<br /> <br /> *Pour l'indépendance nationale, le contrôle des capitaux pour éviter le chantage aux délocalisations et le maintien de l'emploi en France<br /> <br /> *Pour l'indépendance nationale, des décisions prises ici en faveur des gens d'ici et non uniquement en faveur des investisseurs étrangers<br /> <br /> <br /> Même aux États-Unis, il y a des gens liés au mouvement Occupy Wall Street qui ont compris tout cela et en ont fait une bande dessinée dont une version est traduite en français :<br /> <br /> <br /> http://economixcomix.com/home/tpp-French/<br /> <br />
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E
<br /> internaciulo : à ma connaissance je ne t'ai jamis connu pro-quatar. pro-frontex, pro-européen pardon, en revanche, ça me semblait acquis non ?<br /> <br /> <br /> à mon avis les citoyens ont plus de pression sur leur gouvernement au niveau national qu'au niveau européen. il n'est pas mauvais qu'un peu de supranationalisme crée un contre pouvoir, la cedh y<br /> suffit. pas besoin d'union européenne. l'état-nation n'est pas forcément un isolat.<br />
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I
<br /> Je ne sais pas et je ne crois pas que ce soit la bonne question<br /> <br /> <br /> (l'étape d'après, c'est de faire une comparaison avec le Qatar ?) <br /> <br /> <br /> Je pense qu'il faudrait mieux comparer avec ce qu'on devrait faire, et quand je vois ma propre expérience avec ma compagne étrangère depuis deux ans, ou quand je lis la mésaventure d'Alice,<br /> j'estime qu'on est loin du compte <br /> <br /> <br /> Alice<br /> au pays des droits de l'homme <br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br />  <br />
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E
<br /> Internaciulo, tu crois que l'UE traite mieux les étrangers refoulés par Frontex ?<br />
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I
<br /> "Il y a une manière non excluante de s'affirmer comme nation"<br /> <br /> <br /> Idée intéressante mais la voie n'est pas simple.<br /> Comme premier test pour tester la crédibilité à mener à bien cette idée, je propose que la France se donne comme défi de traiter correctement les étrangers qui vivent au sein de la société<br /> française.<br />
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G
<br /> Pensez-vous qu'un serpent en bute à la disette chercherait sa mue pour s'y enfiler ?<br /> <br /> <br /> Et si le FN était tout simplement devenu le parti qui va remettre la politique à l'origine des décisions collectives, qui va redoner du "nous", reprendre le cours de notre trajet national ?<br />
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