Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...
1 Octobre 2014
Pendant vingt ans, j'ai eu l'impression d'apprendre à jouer un jeu. De construire un monde autour de moi. D'édifier morceau par morceau, pièce par pièce, d'abord le milieu qui m'entourait, le monde de tous les jours avec ma chambre et la maison, la ville, le lycée, l'université, leurs passés et leurs histoires. Puis de comprendre le pays, la République avec ses institutions et ses lois, son armée et sa justice. Et tout l'édifice vient justement de s'effondrer. Tout ce en quoi je croyais, tout ce que je croyais croire pour la vie, tout ce qui me paraissait constituer la base même de notre existence, former l'armature qui nous protège, guider le regard que nous portons sur le monde, tout cela, en un instant, s'est écroulé. En un instant, le pays a fait naufrage. En un instant, malgré ses grands hommes et ses grandes écoles, ses généraux et ses institutions, ses professeurs et son Sénat, il a sombré corps et âme.
François Jacob, la statue intérieure
Je lisais ce passage hier, qui décrivait juin 1940. Je l'ai trouvé étrangement actuel.
Sur le thème du délitement, je lis ainsi que l'Etat n'a plus la majorité de blocage dans GDF Suez.
Tout récemment le directeur général de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie vient de rejoindre la branche santé d'un assureur privé.
Je lis dans Les Echos, sous la plume d'un chroniqueur régulier du quotidien économique de référence, que l'Etat serait bien avisé de vendre ses participations dans toutes les entreprises. Le chroniqueur en question vient de prendre la tête d'un think tank financé par la fondation Soros.