La lettre volée

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Le retour des Sudètes ?

Discutant par courriel avec un lecteur au sujet du livre de Sloterdijk, il m'écrit que au moins, grâce peut-être à l'Europe (c'était avec un peu d'ironie), on n'entendrait plus parler des Sudètes.

Par curiosité, je vérifie, tape "revendication allemagne sudètes" dans google actualités, et tombe sur un article de l'observatoire de l'Europe après le non.

Il se trouve que le parlement Tchèque est en train de s'interroger sur les bienfaits du TCE et de la charte des droits ethniques qui l'accompagne. En effet, il est fort vraisemblable, la Cour de justice des communautés ayant tendance à s'asseoir sur les droits nationaux, que les revendications allemandes sur les biens des allemands expulsés par Benes en 1945 soient jugées recevables par ladite CJE. Ce qui inquiète fort la république Tchèque, qui jusqu'ici rendait seule la justice en cette matière.



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B
A ceci près, et j'aurais du le préciser, que la Yougoslavie n'était pas membre de l'UE, alors que la plupart des pays d'Europe centrale et orientale le sont aujourd'hui. On n'a donc à proprement parlé jamais vu la réction de l'UE à une flambée de revendications nationalistes en son sein. Mais peut-être les surprises viendront-elles plutôt de Belgique !
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F
"La vraie question est de savoir comment l'UE réagirait à une grosse flambée de régionalismes/irrédentistes à l'Est "Je croyais qu'on avait déjà vu sa "réaction" à la "flambée de régionalismes/irrédentistes" en ex-Yougoslavie...Mais peut-être la guerre de Yougoslavie, comme celle de Troie, n'a-t-elle pas eu lieu...
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B
Etant le lecteur dont parle edgar, je me permets d'apporter une précision. Ma remarque ppartait du livre de Sloterdijk et des crainets exprimées par le taulier à l'égard d'un renouveau du nationalisme allemand. Voici ce que je lui répondais:<br /> "Je ne crois pas qu'il faille redouter une résurgence du nationalisme allemand. C'est en tout cas ce que prétend Sloterdijk lorsqu'il dit que cinquante ans de pénitence ont effacé toute potentialité négative dans la culture germanique. Au pire on s'achemine vers une sorte de nationalisme des riches : comme en Catalogne ou en Italie du Nord, les Allemands, nombreux, besogneux et prospères (mais jusqu'à quand ?) en auront assez de payer pour les autres et soumettront leur contribution au budget européen à des exigences "égoïstes". Ou nationalistes, ce qui dans ma bouche n'est pas une insulte. <br />  <br /> Bref, les prochaines années verront peut-être l'avènement d'un nationalisme allemand plus bavarois que prussien. Dans l'imaginaire européen, je suis persuadé que les paisibles retraités en short buvant une bière en terrasse ont déjà remplacé les casques à pointes et autres uhlans. <br />  <br /> En plus les Allemands ont tous été chassés de Prusse Orientale et, s'il en reste encore dans les Sudètes, on imagine mal Berlin revendiquer un rattachement de cette région au "nouveau Reich". Peut-être une vertu positive de l'Union européenne ? ;-)"<br /> D'où la remarque d'edgar sur les Sudètes, à laquelle je répondais :<br /> "L'Union européenne responsable d'une remise en cause des frontières entre ses Etats membres ? C'est un argument un peu limite et je suis sûr que tu n'y crois qu'à moitié ! Je préfère mille fois que les questions de ce genre soient réglées entre technocrates/diplomates, en recourant aux règles de droit, plutôt qu'en pratiquant la diplomatie du coup de menton ou la "politique des nationalités" en vogue à l'époque des communistes.  <br />  <br /> La vraie question est de savoir comment l'UE réagirait à une grosse flambée de régionalismes/irrédentistes à l'Est (il ya quelques minirités hongroises virulentes un peu partout et le cohabitation n'est pas toujours facile apparemment...). Je crois me souvenir que les critères d'adhésion réclamaient des nouveaux membres qu'ils traitent convenablement leurs minorités. Pour le reste, on n'a effectivement pas vu grand chose à l'époque des guerres de Yougoslavie. Essentiellement parce que la France et l'Allemagne n'étaient d'accord sur rien, accrochées qu'elles étaient à des alliances vieilles d'un siècle... <br />  <br /> Mais je ne suis pas du tout connaisseur du dossier "minorités", très intéressant au demeurant."J'attends ta réaction, cher edgar.
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F
Est-ce l'Europe où la loi du plus fort ? En décembre 1989, le responsable des amitiés franco-tchécoslovaques avait publié une tribune dans Le Monde qui disait en gros "Français investissez en Tchécoslovaquie et épousez des tchécoslovaques, ne laissez pas l'Allemagne occuper seule le terrain dans ce pays". Aujourd'hui je me demande quelle est  la part respective de l'Allemagne et de la France dans les investissements en République tchèque.D'un point de vue géopolitique, il y a deux visions de l'Europe centrale : une vision française qui y soutient les peuples slaves, et la formation de fédérations respectables sous leur égide (la Tchécoslovaquie, la Yougoslavie), et la vision allemande selon laquelle tout ce qu'il y a entre l'Adriatique et les Carapathes constitue une sorte de "Galilée des nations" dans laquelle les Allemands ont leur place (et qui soutient aussi les revendications des non-slaves Hongrois, des Turcs, des Albanais).Evidemment le souvenir du nazisme permet de dénigrer le point de vue allemand mais plus pour très longtemps. Mais sur la question de l'Europe centrale je ne suis pas convaincu que le souverainisme "classique" (c'est à dire la défense de l'héritage de 1945 qui reproduisait celui de 1918 favorable à la France) soit complètement réaliste, sauf à considérer qu'un peuple déraciné (les Alllemands des sudètes) doit faire le deuil de sa mémoire et se recréer une identité ailleurs.Il y a autour de ces questions mémorielles des difficultés considérables : les Sudètes veulent revenir en Tchéquie, les Juifs sionistes en Palestine, les Pieds-noirs en Algérie. Des tas d'enjeux coloniaux se greffent là dessus (car Pieds noirs et Sudètes par exemple étaient des colonisateurs là où ils vivaient). Le progressisme du 20 ème siècle (la foi en l'avenir), justifiait que les peuples opprimés expulsent les colons pour créer un avenir meilleur. Le pessimisme écolo-conservateur de notre époque qui fétichise le passé, valorise le droit au souvenir et ouvre la voie au retour des colons partout
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