Kouchner donne un blanc seing à Israël pour attaquer l'Iran
11 Octobre 2008
Rédigé par Edgar et publié depuis
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Dans un entretien à Haaretz, Bernard Kouchner, ministre français des affaires étrangères, malgré un langage qui se veut équilibré, absout par avance Israël de futures frappes sur l'Iran.
Il ne fait que réitérer des propos de novembre 2007 que le journal Haaretz interprétait comme un feu vert donné à Israël à une attaque pour empêcher l'Iran de se doter de l'arme nucléaire.
Pour ma part, j'estime que l'Iran a droit au nucléaire, même militaire.
Lucien Poirier, l'un des concepteurs de la dissuasion française, a plaidé en ce sens ("je crois en la vertu rationalisante de l'atome"). Et le général américain Abizaid, commandant de la zone Moyen-Orient jusqu'en février 2007, estimait que le monde pourrait parfaitement supporter un Iran doté de l'arme nucléaire.
Kouchner n'est pas obligé de défendre une position aussi hardie en apparence, mais je trouve choquant de le voir s'aligner sur les positions les plus conservatrices et guerrières. En tout cas, ses déclarations ont beaucoup plu à l'ambassade d'Israël en France, qui en reproduit le meilleur passage dans sa newsletter hebdomadaire, n°283:
Citation de la semaine : "Israël a toujours dit qu’il n’attendra pas que la bombe soit prête. Je pense que les Iraniens le savent ". Bernard Kouchner, interview du 5 octobre 2008, journal Haaretz
C'est pourquoi notre monde a besoin de passeurs. De gens qui montent des sites internet, achètent des billets d'avions (pour Moscou, pour Pékin, pour Damas, pour Téhéran, pour Caracas), écrivent des textes, si possible en se fédérant (pas chacun dans son coin) pour dire aux gens murés dans leur peur "ceux d'en face ne sont pas ce que vous croyez, et le Bien n'est pas forcément dans votre camp". L'Union européenne, le "monde occidental" etc ne sont pas des valeurs en soi. Rechercher l'universalité par la définition d'un discours qui intègre les similitudes et les différences qu'il y a entre les peuples, entre leurs intérêts (pas seulement les différences folkloriques), réfléchir à un ordre mondial qui soit enfin moralement à la hauteur des moyens technologiques qui nous sont donnés pour le construire
Je pense qu'il y a plusieurs dimensions; Il y a le vieillissement d'une génération. Il ya aussi le fait que souligne Chomsky depuis longtemps : que depuis le 15 ème siècle l'Occidental veut que le monde lui appartienne.Et puis il y a le cas particulier e l'affaire sioniste (car c'est e ça qu'il s'agit dans la guerre d'iran). Les sionistes n'ont jamais été aussi puissants militairement (comme leur allié américain) et pourtant ils ont peur, peut-être plus peur encore que dans les années 60. Très étrange cette peur, qui les conduit à vouloir bombarder des sites nucléaires en activités... (quand on pense l'horreur que cette notion représente)la peur conduira-t-elle l'Occident à l'escalade, voilà la questionquant à l'histoire de la philanthropie qui se fait guerrière, c'est une vieille histoire... déjà au 19 ème siècle... déjà aussi les souverains hellénistiques, qui prenaient "philanthropos" comme épithète royale étaient les pires bellicistes...rappelez-vous de l'exergue de Zinoviev dans Homo sovieticus en 1982Vieille sagesse russe "qui aime bien châtie bien"Vieille sagesse soviétique "nous nous battrons pour la paix jusqu'à ce qu'il ne reste plus pierre sur pierre"Vieille sagesse occidentale "l'amour est un combat"
Vous voulez parler du professeur Alain Finkielkraut quand vous utilisez ce sobriquet (l'audience sera alors de votre côté, rieuse et ravie) ?-Je vous ai par ailleurs écrit que j'étais d'accord avec la césure historique des guerres anti-yougoslaves (l'avez-vous lu plus haut ?),mais que je maintiens qu'on est passé d'un humanitarisme à un militarisme, et que, même si l'un préparait l'autre, l'un ne peut s'assimiler à l'autre,et qu'à trop vouloir mettre dans le même sac le sac de riz et la bombe à fragmentation, par confort idéologique,on finit par oublier que la bombe à fragmentation pulvérise la chair et les os humains, qu'elle tue, broie, défonce, déchire, qu'elle anéantit. -Sur leur maoïsme : tout le monde sait que le gauchisme était d'abord un anti-communisme.
Je crois plutôt que ces gens - Kouchner, Funky, BHL - étaient au faite de leur militarisme dans les années 1990. Maintenant l'âge venant (après 60 ans), ils se crispent sur cette dimension, sans se rendre compte que le monde est moins favorable à leurs visées qu'il y a 15 ans.Un mien ami a connu ces gens du temps temps où ils étaient de jeunes maoïstes écervelés (Finky faisait exception je crois). Ils étaient déjà partis sur de mauvaises bases.
Fréderic : Paul, forcément. Bien d'accord là dessus. (à ce sujet la Revue d'études lévinassiennes publie le travail du fils de Benny Lévy sur le sujet, sur les trois dernières années et donc ses trois derniers numéros).Mais je crois que ça fait sens, la militarisation effective du "me-voilà" kouchnérien, son passage à l'acte comme solution d'une tension.Dire : "de toutes façons, c'était déjà..." prive de la mesure de ce qui se passe maintenant.
De toute façon, le débat ici n'était pas sur la question de savoir si un individu peut changer ou pas, mais de savoir si factuellement M. Kouchner était devenu un va-t-en-guerre, et à quel moment. J'ai essayé de montrer qu'il l'était déjà en 1999, et on peux même le soupçonner de l'avoir été en 1990. Et je crois qu'objectivement nos guerres "civilisatrices" étaient mieux acceptées hier qu'aujourd'hui. Le fond du problème est en fait un problème de rapport à l'Autre. L'Occident et l'altérité...
Je ne parlais pas pour vous, mais bien pour 99 % de l'opinion publique. Et je maintiens tout à fait ma position à son sujet.<br />
Sur Kouchner, je veux bien admettre que les individus soient accessibles à la Grâce. La preuve étant que moi même je suis un Paul de Tarse (puisqu'il faut parler chrétien sous nos cieux, "aqui se habla cristiano" disait-on à Barcelone) . Mais je vous rappelle que M. Kouchner patronnait des affiches Milosevic=Hitler en 1993... et qu'il fut dans le gouvernement qui participa au trépas de 300 000 Irakiens par les bombes en 1998, et 1,2 millions par l'embargo. Mais je ne suis pas kouchnérologue, et laisse à d'autres le soin de dresser l'acte d'accusation.
Pan sur le bec... Je ne suis pas en dehors de l'opinion publique, et je ne suis pas certain que mon propre changement vis-à-vis de ces questions (l'Occident, le non-Occident et l'Orient), soit uniquement une couardise (pardonnez-moi, mais tout de même...) dûe à une supposée défaite de l'Occident - c'est un peu tôt, encore.On peut voir des continuités chez Kouchner, on peut aussi voir des ruptures ou des évolutions : d'Ile de Lumière à la destruction programmée des fermes d'Afghanistan, il n'y a pas QUE de la continuité. Il n'y a pas qu'une nature des choses, une espèce de code génétique d'un camp au sein duquel rien, jamais, n'émergerait.(à voir dans Laval un collabo dès 1925, on se prive de pas mal de choses)Mais si vous voulez marquer l'entrée en guerre de l'OTAN contre la Yougoslavie comme rupture, de préférence à 2001/09/11, je crois que vous auriez raison.Et peut-être devrions-nous essayer de comprendre pourquoi nous avons voulu cette destruction des Yougoslaves.