Des langues régionales aux communautés ethniques...
26 Juin 2008
Rédigé par Edgar et publié depuis
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Petit détail amusant, quand on clique sur le site Viamichelin, il vous demande votre langue. En face de votre drapeau, se trouve la ou les langues usuelles : français, deutsch, italiano pour le drapeau suisse.
En face dudrapeau marial de l'Union européenne : english...
Pour un grand groupe du CAC40, les suisses ont le choix d'avoir trois langues. Les "européens", eux, sont à la toise unique. La vérité sort de la bouche des commerçants...
Sur le même sujet, en moins drôle, une sélection d'articles sur Communautarisme.net, très bon site sur les dérives du communautarisme, comme son nom l'indique - je recommande l'abonnement à leur lettre d'information.
Le premier, Langues régionales et identité nationale, par Daniel Lefeuvre, professeur d'histoire contemporaine, Université Paris VIII-Saint-Denis, rappelle "la filiation d'un arrêté vichyste du 12 décembre 1941, qui autorisait l'enseignement facultatif des « parlers locaux » dans les écoles primaires".
Quelques chiffres : "Au cours de l'année scolaire 2001-2002, 252 858 élèves, tous niveaux confondus, ont suivi un enseignement de ce type. Ils étaient 404 351 en 2007-2008, soit une hausse de 60 %. Ainsi, non seulement ces langues ne paraissent pas menacées, mais encore, contrairement à ce qu'on veut faire croire, la République a mis en place un dispositif d'enseignement leur donnant une vigueur nouvelle."
L'amendement est donc inutile pour favoriser l'enseignement des langues régionales, qui se portent déjà fort bien.
En réalité, l'amendement est là pour préparer l'adhésion à la charte européenne des langues régionales et minoritaires. Charte qui précise "de manière la plus nette, que les langues régionales ou minoritaires en question définissent des « groupes » au sein de la nation, distincts « d'autres groupes du même État pratiquant des langues différentes. » [article 7, alinéa 1, paragraphe « e »)."
Beurk et rebeurk donc.
Autre papier, de François Taillandier cette fois-ci. Bonne question : "Donnera-t-on demain au basque, au catalan, au breton ces heures d'enseignement, ces postes que l'on s'obstine à retirer au latin et au grec deux langues anciennes qui constituent le socle historique et culturel de la maison Europe ? Faut-il constitutionnaliser le grec et le latin ? Si l'on veut aller par là, ils le mériteraient bien autant."
Autre conséquence rappelée par Taillandier, de la politique ethniciste promue par l'Europe. S'il faut compter les groupes distincts en fonction de leurs langues, "ll faut savoir que les idéologues de cette tendance font leurs comptes (tant de Basques, tant d'Auvergnats…) et n'hésitent pas à mettre les juifs à part."
Même registre finalement, un article sur un championnat d'Europe de football pour « les minorités linguistiques et les nations sans Etat » : l'Europeada. Les "allemands de Pologne" y ont battus les "allemands de Hongrie" 4 à 0. Les Occitanians ont été battus par les Sorbs (?). Tout ça pue à plein nez. C'est naturellement co-organisé par l'Union Fédéraliste des Communautés Ethniques Européennes, avec les encouragements du Président du Parlement européen, Hans-Gert Pöttering, qui a souligné dans une lettre au comité d'organisation le « rapport particulier » que le Parlement européen entretient avec le « dialogue des cultures » et « la protection des minorités nationales dans des sociétés majoritaires ».
Rappelons que c'est ce Parlement qui est censé représenter une avancée démocratique de l'Union...
Et puis, en archive de Communautarisme.net, je tombe sur cette brève : le Conseil régional d'Alsace, en 2006, a fait passer son site internet en region-alsace.eu, pour être "fidèle en la démarche des fondateurs de l'Europe, Jean Monnet et Robert Schuman, [...] dans une démarche de construction européenne du quotidien. "
Deux ans après, le site alsacien promeut«l'Alsace dans l'Europe gothique»:
Pour briller en société, j'aime bien sortir de temps à autre l'idée selon laquelle l'échec électoral de Jospin a eu pour conséquence d'inciter nos politiciens à une approche histrionique de la politique : toute entière basée sur la séduction électorale.Prenons l'exemple des taxis et des pêcheurs : eux affichent haut et fort qu'ils voteront Sakozy si le gouvernement prend les "mesures qui s'imposent" comme par exemple abolir les impôts et le gazole à 40 cts. Comme ils répondent à la stratégie de séduction électorale, ils sont flattés et écoutés : tout ce qui ne coûte rien leur est concédé ; comme par exemple massacrer la loi : car plus la loi est mauvaise, mieux les avocats vivent, et puisque les autres juristes sont de sales fonctionnaires sinistres insensibles à la politique histrionique, donc, sans intérêt,peu importe qu'ils pleurent.Pour les langues régionales, c'est un peu la même chose : il y a de l'argent public à ramasser, on ramasse : que les pisse-froids s'émeuvent du procédé retenu comme par exemple le graffiti constitutionnel améliore l'efficacité du procédé en ridiculisant ces lugubres contempteurs, toujours prompts à réagir à la provocation. Pendant ce temps, l'histrion continue ses "réformes" sous les applaudissements, érigeant le sans-gêne en audace, l'impréparation en génie, l'improvisation en méthode, la désorientation en pédagogie, et, enfin, l'ignorance en vision.
J'aime beaucoup ce qu'écrit Authueil sur l'origine de la démarche : très éclairant sur les objectifs réels poursuivis tant par les initiateurs de la démarche que le gouvernement. Et en tant que fier quoique médiocre locuteur d'une langue régionale, je vous l'affirme : ceux de ma famille à qui ces choses sont encore chères n'attendent plus rien et depuis longtemps d'une France qui voulait imposer l'Allemand première langue vivante enseignée en collège à leurs enfants tout en leur interdisant d'étudier leurs racines. Mais bon : les subventions n'ont pas d'odeur.
L'indifférence consiste en effet à ne pas placer au sein de notre constitution des engagements qui sont au choix démagogiques s'ils ne sont pas suivis d'effets ou tout à fait détestables s'ils donnent lieu à des réalisations concrètes.
Disons que flatter les langues régionales, c'est un peu comme vanter le transport fluvial : ça rapporte des électeurs pour pas cher, à condition de ne jamais aller au bout : tout simplement parce qu'il ne faudrait pas épuiser le fond de commerce. Et puisque la chose est bien connue, c'est aussi la raison d'être de quelques organismes parasites vivant aux crochets de l'impôt et donc, employant moult communicants passant leur année à fabriquer de l'argumentaire en kit pour périodes creuses de l'actualité politique : rares auront pourtant été ceux à savoir aussi bien valoriser les cultures locales qu'Asterix ou "Bienvenue chez les Chtis".Les europhiles ont donc bien raison à l'approche des élections de jouer la carte de l'europe aux côtés des cultures oppressées par les états. Le débat français du moins sur cette question mériterait au mieux l'indifférence, mais on peut toujours compter sur quelques réponses à une provocation toute aussi généreuse, prononcée la bouche en coeur.