Le Telegraph se faisait écho, la semaine dernière, de l'opinion pessimiste d'économistes de Morgan Stanley sur la gestion de l'euro.
Les pays les plus faibles de la zone (Espagne, Italie, Europe de l'est...) risquent, avec des déficits de leurs comptes courants dépassant les 10% de leur PIB (23% pour la Lettonie), d'être tentés de se diriger vers la sortie.
Pour enfoncer le clou, le Financial Times ce matin cite trois entreprises, et pas des moindres, qui expriment, plus ou moins directement, leurs inquiétudes sur le niveau des taux d'intérêt : Adidas, Siemens et l'autrichien OMV.
Qu'est-ce qu'une monnaie de réserve ?C'est simplement une monnaie abondante d'une part, et couverte par une contre-valeur plausible d'autre part.Il suffirait que la Chine, qui compte bien assez d'universitaires parfaitement formés pour comprendre cela, choisisse d'émettre autant d'emprunts qu'elle le souhaiterait pour financer sa croissance interne pôur devenir ce que les théoriciens nomment une monnaie de réserve : concept qui devient immédiatement obsolète lorsque l'épargne n'est plus abondante, mais recherchée.
"Quand aux américains, drogués qu'ils sont au crédit depuis quarante<br />
ans, ils ne se rendront à l'évidence qu'une fois réduits à la<br />
mendicité, et on en est encore loin." Malheureusement, on n'en est plus si loin que ça. Certaines prévisions font état d'une baisse de moitié de leur richesse dans les 10 ans...Et avant que l'Inde et la Chine aient des monnaies de réserve, il passera de l'eau sous les ponts. Venez les visiter, vous verrez un dynamisme extraordinaire (une population beaucoup plus jeunes que la notre, ça doit aider je pense), mais aussi beaucoup de problèmes sociaux à côté desquels nos banlieux en feu font figure de havres de tranquillité.
Les chinois ? Je pense honnêtement qu'ils n'ont vraiment rien à fiche de l'europe : rien de ce qu'on trouve en europe ne leur est vitalement nécessaire. Quand aux américains, drogués qu'ils sont au crédit depuis quarante ans, ils ne se rendront à l'évidence qu'une fois réduits à la mendicité, et on en est encore loin.Ceci dit, la seule véritable raison qui ait jamais poussé la gauche comme la droite française à faire l'Euro était de réduire le coût des crédits nécessaires pour financer des déficits publics qui ont (je crois) sextuplé depuis 1990. Maintenant, avec la roublification en cours du dollar, les gouvernements européens ne devraient pas avoir de problèmes à trouver des prêteurs jusqu'en 2011-2015, dates auxquelles j'imagine que la Chine, l'Inde et peut-être le Brésil auront rendu leurs monnaies suffisamment attractives pour que la roublification de l'euro se fasse d'elle-mmême./
Pas tout à fait d'accord : l'euro aurait pu être employé politiquement pour réclamer, tant aux américains qu'aux chinois, un système de régulation des parités internationales.c'était la seule utilité du système.en dehors de cela, continuer l'euro tel quel est une faute qui incombe autant aux administratifs qu'au politique. après tout, il n'est pas interdit à trichet d'avoir des idées, et de démissionner s'il estime qu'il applique une politique idiote.pas la peine d'accabler les politiques si les administratifs qui comprennent se cachent derrière leur petit doigt en sacrifiant l'intérêt général (sic, terme ringard, aïe) à leur carrière.
J'ai souvent évoqué une hypothèse : l'audace dont a su faire preuve à l'époque François Mitterrand dans le grand débat télévisé face à Philippe Seguin. Il n'esquivait pas les nombreuses critiques fondées énumérées par Seguin et y répondait. Je n'arrive pas à croire être le seul à m'en souvenir... : cette émission figure certainement dans les archives de l'INA
...ou qu'il y avait encore à l'époque une -courte- majorité d'électeurs qui se fiait à nos dirigeants et à leurs conseils. Je me demande ce qui a bien pu les faire changer d'avis.
Tout à fait d'accord avec Laurent_K : ne pas oublier que notamment en France, cette politique monétaire, elle, a été approuvée par référendum : peut-être les souvenirs de 1983 avaient marqué les esprits ?
Le titre du billet est juste : ça va tanguer car appliquer une politique uniforme à des économies très différentes ne peut que faire des mécontents. Fallait y penser avant de signer nous dirait l'ineffable Valéry. Par contre, là où je ris (jaune), c'est lorsque je vois la légende de la photo du président de la Fed : "Ben Bernanke is reported to be irked by the ECB's approach". Il pourrait commencer par se remettre en question avant de reprocher à la BCE son attitude. C'est en effet l'absence de volonté réelle des US de mettre fin à l'inflation et au dollar faible qui a conduit les autres banques centrales à jouer au chacun pour soi (les possesseurs de dollars US ayant un peu l'impression de se faire avoir par tonton Sam) . Le père Trichet n'a pas le choix en l'occurrence : la mission de la BCE est de combattre l'inflation. Point barre. Quelle que soit son opinion sur la question, il doit la juguler. Et ceux sur qui il faut taper, ce sont les politiques qui lui ont fixé cette mission sans moyen d'intervenir. Et nous qui avons approuvé par référendum. Ca nous apprendra à les écouter lors du prochain référendum. Le dollar va donc continuer sa dégringolade et notre croissance avec. Cette dernière se remettra pourtant plus vite que l'économie US qui est dans la panade pour très longtemps : ils vont devoir perdre de mauvaises habitudes chroniques comme le surendettement et le sous-investissement dans l'éducation et les infrastructures publiques. Il leur faudra au moins une dizaine d'années selon moi. Bref, c'est rose pour personne.