25 Décembre 2005
Un très bon livre pour comprendre non seulement un juge qui s'en va, mais aussi comment c'est aussi un monde simplement humain qui chaque jour recule. Laurent Leguevaque est apparemment entré dans la magistrature pour se mettre au service de la justice. Il en sort après s'être rendu compte qu'on ne lui demandait guère que d'être obéissant.
Ceci résume à gros traits son parcours. Mais le livre est très précis dans la démonstration, et bien écrit. Il démonte intelligemment comment, par petites touches successives, gauche et droite se sont entendues pour réduire les pouvoirs des juges, en faveur de ceux du parquet (pour les profanes complets, les juges sont plus indépendants que les membres du parquet, « l'accusation », même si l'un et l'autre appartiennent au même corps).
Apparemment très sensible (à la connerie et au conformisme), cet ex juge a dépassé la dénonciation des mesquineries quotidiennes de sa hiérarchie pour brosser un état de la justice en 2005 qui n'est pas reluisant. Il aborde à la fin des suggestions pour rendre un sens, et une dignité, à la fonction de juge : recourir à l'élection de ces magistrats si particuliers. Cela paraît provocant au début, mais l'auteur explique bien en quoi c'est une proposition différente de ce qui existe dans le monde anglo-saxon. Un peu rapide et certainement à creuser, mais vraiment intéressant. Un très bon livre.
A lire vite, par parenthèse, avant que l'Union Européenne n'ait réfléchi à notre place, cf. l'intitulé d'un colloque à venir en 2006 :
"La procédure pénale en quête de cohérence, L’avenir : vers une justice européenne ?
M. Robert Badinter - Sénateur, Ancien Président du Conseil Constitutionnel, Ancien Garde des Sceaux, Ministre de la Justice"