24 Novembre 2005
L'ouvrage de Dominique Reynié n'est pas sans intérêt : son principal mérite est de révéler à quel point les tenants du non de gauche ont été calomniés, et continueront de l'être.
Il faut commencer par le titre de l'ouvrage, qui annonce la conclusion du livre : la gauche du non est proche du nazisme ! Elle commettrait en réalité les mêmes erreurs que celles qui ont mené, dans les années 30, Marcel Déat et Adrien Marquet de la SFIO au pétainisme.
Il faut comprendre comment Reynié parvient à ce diagnostic infamant, pour mieux rejeter cet amalgame. L'auteur commence par accumuler les citations de tenants du non, pour relier antilibéralisme et xénophobie, notamment à travers l'affaire du « plombier polonais ». Dans sa démarche, il procède cependant avec une extrême légéreté. Henri Emmanuelli est ainsi accusé de prononcer des phrases « dénuées de sens » car il affirme que figurent dans cette constitution « les bases juridiques de la directive Bolkestein ». Reynié n'a pas dû lire les articles III-144 et III-145, entre autres, qui, s'ils ne résument pas la directive, lui confèrent une base juridique solide. Plus loin, Reynié consacre près de dix pages à une nouvelle assimilation abusive. Partant de la boutade sur la constitution-Dracula (qui craint la lumière), il aboutit à la conclusion qu'il s'agit là d'une dénonciation antisémite – entre-temps, Jésus, Tertullien, Origène, Voltaire et Goebbels auront été convoqués pour les besoins de la démonstration. Pour se donner l'air d'un enquêteur, il n'hésite pas à accumuler les détails les plus inutiles (on apprend ainsi au sujet d'une intervention télévisée de Marie-Georges Buffet, qu'elle intervient « en duplex » !)
On aurait aimé que Dominique Reynié enquête cependant avec la même acuité sur les erreurs et approximations des tenants du oui de gauche. A commencer par François Hollande qui lâche le 26 mai, trois jours avant le scrutin : « si Chirac avait mis en jeu son mandat, le PS aurait naturellement appelé à voter NON, comme pour De Gaulle en 69 ». Tout les arguments en faveur du oui ne pèsent donc rien ! Quid des déclarations de Jack Lang : « Je souhaite qu’on fasse une Europe pour sauver le monde. » (France 3, 26.04.05) ou à droite, de Pierre Lellouche : « Si vous votez "non" au référendum on s'expose à un risque de guerre. » (France 2, 26.04.05).