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17 Juillet 2007
Dans un monde fragile et incertain, l’Europe est un sacré de substitution. Derrière elle, nombre de citoyens abusés veulent se protéger du grand large, à coup de protectionnisme européen et de lutte fantasmée contre l’envahisseur turc.
L’Europe ne sera pourtant jamais efficace à l’échelle mondiale, d’abord parce que les Etats-Unis y veillent. L’Europe est un projet en grande partie américain. On lira avec intérêt les comptes rendus de lecture de deux ouvrages passionnants à ce sujet. Le livre de Zbygniew Brzezinski, le Grand échiquier, apporte une perspective historique. Celui de Florence Autret l’actualise : à chaque étape de la construction européenne, les américains sont présents et veillent à ce que cet ensemble soit le plus lourd, le plus inefficace et le plus stérilisant possible.
Pour continuer à défendre l’Europe, il faut, comme Jacques Delors, s’habituer à avaler chaque jour une couleuvre un peu plus grosse.
Le Parlement européen, en qui certains fondent de grands espoirs, vient de voter dans le plus grand silence, une intention de démanteler les derniers opérateurs énergétiques européens. Et ce alors même qu’il apparaît que le résultat direct du début d’ouverture du marché est une hausse des tarifs nuisible à nos industriels. Pas grave, de toute façon ils sont assez occupés à se défendre contre la hausse de l’Euro pour ne pas songer à protester trop ouvertement.
Pour le reste, la Commission ressemble à un repaire d’obsédés de la concurrence, mâtiné de démagogie absurde dès qu’ils en ont les moyens (ainsi de cette intervention pour réguler les tarifs du roaming téléphonique, qui aurait été taxée d’interventionnisme vulgaire venant de n’importe quel état européen et qui, en plus, a toutes les chances d'être défavorable au consommateur).
Dans tout cela, le Conseil européen regarde passer les balles. Sarkozy a été se faire tirer les oreilles à Bruxelles et en est reparti content - sans doute guigne-t-il la future présidence stable du Conseil européen.
Après ses quelques rodomontades, Sarkozy aura à cœur de faire profession de foi européenne pendant les mois qui viennent, il a déjà commencé lors du défilé du 14 juillet.
L’Europe n’est pourtant pas notre seule planche de salut. Sans elle, nous ne serons pas plus faibles, mais bien plus forts, si nous savons rester réellement ouverts sur le monde (pas ouverts fictivement à une Europe tout à la fois camisole et couverture).
En matière agricole, le groupe de Cairns, qui réunit des pays aussi petits que le Costa Rica ou les Philippines, réussit à faire entendre sa voix face aux Etats-Unis ou aux USA. Et les pays qui en sont membres n’ont pas éprouvé le besoin d’adopter une monnaie commune ou une devise copiée sur celle des Etats-Unis.
En matière sociale, la Cour de Cassation vient de rappeler que le droit international, en l’occurrence des textes de l’Organisation internationale du travail, peuvent défendre, contre le CNE, les travailleurs français bien plus efficacement que ne le feront jamais l’ensemble des institutions communautaires.
La Cour européenne des droits de l’Homme rend des arrêts qui font parfois progresser les droits de la Défense, mais, précisément, elle n’est pas une institution de l’Union européenne, elle est placée dans le cadre, très différent, du Conseil de l’Europe (qui inclut la Turquie et la Russie).
Enfin, en matière internationale, même si c’est difficile, les accords de Kyoto montrent qu’une coopération internationale est possible sans intervention de l’Union européenne, puisque ces accords émanent très largement de l’organisation des nations unies et de ses satellites.