La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Je ne suis pas européen

C’est la conclusion logique d’un constat qui se confirme jour après jour : l’Europe est inutile, nuisible et récupère toutes les critiques qu’on veut bien lui porter.

Il ne sert à rien de réclamer une « autre Europe », les praticiens de la chose ont tôt fait d’en tirer argument pour poursuivre leur tâche, en promettant de microscopiques inflexions. Je crois qu’il est temps d’être logique, explicitement, et de tirer un trait : l’Europe comme projet politique doit être abandonnée.
 

Dans un monde fragile et incertain, l’Europe est un sacré de substitution. Derrière elle, nombre de citoyens abusés veulent se protéger du grand large, à coup de protectionnisme européen et de lutte fantasmée contre l’envahisseur turc.

L’Europe ne sera pourtant jamais efficace à l’échelle mondiale, d’abord parce que les Etats-Unis y veillent. L’Europe est un projet en grande partie américain. On lira avec intérêt les comptes rendus de lecture de deux ouvrages passionnants à ce sujet. Le livre de Zbygniew Brzezinski, le Grand échiquier, apporte une perspective historique. Celui de Florence Autret l’actualise : à chaque étape de la construction européenne, les américains sont présents et veillent à ce que cet ensemble soit le plus lourd, le plus inefficace et le plus stérilisant possible.

Pour continuer à défendre l’Europe, il faut, comme Jacques Delors, s’habituer à avaler chaque jour une couleuvre un peu plus grosse.

Le Parlement européen, en qui certains fondent de grands espoirs, vient de voter dans le plus grand silence, une intention de démanteler les derniers opérateurs énergétiques européens. Et ce alors même qu’il apparaît que le résultat direct du début d’ouverture du marché est une hausse des tarifs nuisible à nos industriels. Pas grave, de toute façon ils sont assez occupés à se défendre contre la hausse de l’Euro pour ne pas songer à protester trop ouvertement.

Pour le reste, la Commission ressemble à un repaire d’obsédés de la concurrence, mâtiné de démagogie absurde dès qu’ils en ont les moyens (ainsi de cette intervention pour réguler les tarifs du roaming téléphonique, qui aurait été taxée d’interventionnisme vulgaire venant de n’importe quel état européen et qui, en plus, a toutes les chances d'être défavorable au consommateur).

Dans tout cela, le Conseil européen regarde passer les balles. Sarkozy a été se faire tirer les oreilles à Bruxelles et en est reparti content - sans doute guigne-t-il la future présidence stable du Conseil européen.

Après ses quelques rodomontades, Sarkozy aura à cœur de faire profession de foi européenne pendant les mois qui viennent, il a déjà commencé lors du défilé du 14 juillet.

L’Europe n’est pourtant pas notre seule planche de salut. Sans elle, nous ne serons pas plus faibles, mais bien plus forts, si nous savons rester réellement ouverts sur le monde (pas ouverts fictivement à une Europe tout à la fois camisole et couverture).

En matière agricole, le groupe de Cairns, qui réunit des pays aussi petits que le Costa Rica ou les Philippines, réussit à faire entendre sa voix face aux Etats-Unis ou aux USA. Et les pays qui en sont membres n’ont pas éprouvé le besoin d’adopter une monnaie commune ou une devise copiée sur celle des Etats-Unis.

En matière sociale, la Cour de Cassation vient de rappeler que le droit international, en l’occurrence des textes de l’Organisation internationale du travail, peuvent défendre, contre le CNE, les travailleurs français bien plus efficacement que ne le feront jamais l’ensemble des institutions communautaires.

La Cour européenne des droits de l’Homme rend des arrêts qui font parfois progresser les droits de la Défense, mais, précisément, elle n’est pas une institution de l’Union européenne, elle est placée dans le cadre, très différent, du Conseil de l’Europe (qui inclut la Turquie et la Russie).

Enfin, en matière internationale, même si c’est difficile, les accords de Kyoto montrent qu’une coopération internationale est possible sans intervention de l’Union européenne, puisque ces accords émanent très largement de l’organisation des nations unies et de ses satellites.

 J’arrête là cette conclusion provisoire sur l’Europe d’aujourd’hui : elle est inutile et peut être remplacée par d’autres instruments de coopération internationale, mieux choisis, et chacun plus adapté à son objet. La seule question qui se pose à son sujet est de savoir ce qu’il faut éventuellement préserver de ce projet obsolète.
 
En attendant, je me définis explicitement comme non-européen, c'est-à-dire défavorable à la poursuite du projet communautaire : plus d'approfondissement, on tire un trait.

Mon logo dit assez bien qu’il ne s’agit pas d’une position violente, juste le souhait que la France reprenne, seule, le chemin du grand large, qu’elle a largement les moyens d’affronter. Cela ne veut pas dire qu’elle ne trouvera pas, en chemin, toute sorte d’appuis et de soutiens. Je ne l’imagine pas rester plus longtemps dans une voie aussi servile, mesquine et renfermée.
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E
salu a toie ami defrai. reviain aprai un kour d'ortograf et des zarguman plu konvaican
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D
ARF, ARF! ARF!   C' est marrant jvien de lire ce texte et tous les commentaires qui suivent et jtrouve ke sa ressemble beuacoup a des gens ki savent pa koi fair, a des gens ki étalent leur culture , surtout certains commentaire qui ressemble a une recitation d'un cour sur le communautaire ou je ne sait koi, enfin bon ce pettit texte ressemble plus a de la masturbation intelectuel plutot ka un coup degeul reflechit...
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E
Ds, la démocratie c'est la possibilité d'être différent, donc désunis, tout en conservant quelques régles communes. Rester unis à tout prix c'est de la névrose, et l'Europe me paraît bien être parvenue à ce genre de stade.La hausse du prix de l'énergie induite par la libéralisation profitera bien plus certainement aux actionnaires de Poweo (qui projette des centrales à charbon en France) qu'à l'environnement - sans même parler des clients.
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L
@Jean-Michel,Quels leviers utiliser ?Nous n'avons rien à attendre de nos gouvernants dans ce domaine. Ils feront la sourde oreille et preuve de la plus parfaite mauvaise foi car c'est leur intérêt (personnel). N'attendez donc rien d'une nouvelle éventuelle convention ou des futurs traités, c'est à nous de pousser à la roue. Il ne reste que l'action politique directe pour pousser à la démocratisation de l'Union européenne.  1°) Soit au sein de partis existants en jouant des coudes -de préférence d'opposition car ils seront forcés d'être plus réceptifs- soit via des partis européens à naître ou encore au stade embryonnaire.2°) En faisant savoir autour de nous la nature réelle de l'actuelle construction européenne et en soulignant ses dangers à la fois pour la démocratie et pour l'Europe elle-même.
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D
Revenir au nationalisme, c'est revenir à 15 siécle de guerre ! Comment peut-on refuser l'europe et ne pas voir cet énorme danger pontentiel ! Il faut rester uni et négogier sans cesse une position commune pour échapper aux maux du passé.Quand à la hausse du prix de l'énergie ( essentiellement l'électricité, la seule forme d'énergie sur laquelle le pouvoir politique français peut un peu peser ) elle est évidement necessaire du point de vue écologique, ce n'est que la traduction économique des problèmes écologiques et de la raréfaction des sources d'hydrocarbures les plus faciles à exploiter. Les industriels s'y adaptent sans arret, le problème est le meme dans le monde entier.
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A
@Edgar,Tes propositions commentaires n° 31 me semblent le bon sens. Et - paradoxalement - le meilleur moyen pour faire avancer une vraie coopération et estime entre pays européen. Le vrai projet européen (et sur ce point je suis sensible à l'aspiration de certains) ne peut se faire que sur ces bases. L'hyper-centralisme de l'UE ajouté à son anti-démocratisme fodamental (comme l'a bien analysé Laurent) soumet les peuples à une violence juridique que je trouve très préoccupante ("garder la substance et changer les mots" "faire disparaître les symboles qui risquent de faire prendre conscience au peuples que nous allons vers super-Etat", symboles par ailleurs utilisés malgré l'absence de fondement juridique, "empire non impérial"...).Ce centralisme mortifère, empèche toute initiative, toute créativité. Au détriment de la richesse commune et des libertés.Je lis des critiques de notre politique française. Nul ne peut nier que le politique, comporte un risque mais :- ce risque est la grandeur du politique et le principe de responsabilité de la démocratie ;- cette défense de l'UE est ambigue. Car, il me semble que c'est admettre que l'UE se veut un projet technique, qui se pense en dehors du politique (fin de l'histoire, gouvernance mondiale...). Une sorte de déspotisme éclairé en sorte, une défense de la rationalité a priori. Or, je pense qu'Aristote et Hayek (c'est à mon sens le meilleur aspect de sa pensée) on montré chacun à leur façon les limites de la pensée constructiviste et rationnelle de quelqu'uns au profit de la défense de l'expérience de plusieurs ;- enfin, cette volonté de se croire affranchie des erreurs politiques des Etats nationaux, me semble fausse (l'état économique de l'UE par comparaison le démontre). Car ce présupposé est lui-même politique (voir par exemple, la PAC et l'OMC). Et par la-même soumis au risque du politique après en avoir retiré l'élément démocratique. En vacances, je ne peut retrouver les références mais un Ministre Italien a dit tout récemment et en substance : "l'UE est une tentative orginale pour fonder une démocratie moins liée au suffrage populaire". Croire qu'une décision même à un niveau supérieure est forcément rationnelle me semble peu convainquant.
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E
La Commission est bien bonne d'être allée défendre Airbus à l'OMC. On lui en a donné la compétence, je vois mal comment elle aurait pu ne pas l'exercer.Pour la CEDH, c'est sans lien direct avec l'UE au sens ou ça se passe fort bien sans l'UE.Pour la question de la majorité qualifiée, c'est comme si on envisageait que le conseil des ministres français vote en fonction du poids électoral de chacun de ces membres. on ne peut pas diriger un état de cette façon. or l'europe fonctionne comme un état qui ne dit pas son nom. je ne souhaite pas confier à une entité politique dont la constitution est si boiteuse des pouvoirs sur un trop grand nombre de champs de compétences. je ne suis pa convaincu qu'elle en fasse bon usage.par exemple, en matière d'immigrations, je pense que les oritentations majoritaires ne sont guère progressistes, et ce le bénéfice de ta double coque habilement choisi est annulé par ce qui pourrait sortir d'autres domaines (avec une pesc à la majorité qualifiée nous serions en Irak)...
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J
La charte des droits fondamentaux est bien une création de l'UE : rédigée pour Nice mais simplement "proclamée" alors, rendue contraignante dans le TCE et à nouveau dans le plan Merkel - sauf pour l'Angleterre.C'est la CEDH - à laquelle l'UE va adhérer - qui est une initiative parallèle à l'UE ; mais ces initiatives européenes parallèles tout comme le conseil de l'Europe (très bien ! mais les droits de l'homme ne sont pas les seuls problème transfrontalier à résoudre) ou d'autres plus douteuses comme l'Office Européen des Brevets ne sont jamais sans lien avec l'UE, qui en tant qu'émanation démocratique de l'ensemble de la zone dont elles-mêms sont issues est évidemment un partenaire privilégié pour ces instances. Tu connais l'exemple de Jean Quatremer : si Airbus a bien été créé par un assemblement d'entreprise et d'États européens, c'est ensuite la commission européenne qui est allé défendre devant l'OMC le principe des avances étatiques remboursables.Commment se fait-il le problème des pavillons poubelles n'a pas été réglé ? Après l'Erika, la volonté était là et le sujet a été sur la table du conseil de l'UE ; la présidence française et Jean-Claude Gayssot avaient la majorité qualifée requise pour interdire rapidement les bâteaux à coques simples. Mais ils avaient besoin du soutien de gouvernements opposés à cette réforme sur un autre sujet où l'unanimité était requise. Bilan qui montre bien les conséquences néfastes du droit de véto ou de sa variante soft du droit d'opting-out : Jean-Claude Gayssot a tergiversé et repoussé l'interdiction à 2015, et c'est comme ça qu'entre-temps la façade atlantique d'Espagne et du sud de la France s'est à nouveau recouverte d'un noir gluant, puant et cancérigène.
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E
Cher Jean Michel,merci pour cette longue liste.Mon point est que ce n'est pas en donnant compétence à bruxelles sur les anchois qu'on règlera les problèmes du paradis fiscal luxembourgeois : s'il y a des avancées à conquérir dans certains domaines, attelons  nous à ces domaines précis et cherchons des solutions.Nous sommes, dans cet emplâtre européen, together depuis 1957, et le Luxembourg est toujours un paradis fiscal. En revanche c'est dès l'arrêt costa contre enel qu'un état n'a plus eu le droit de procéder comme il l'entendait à une nationalisation : il y a un biais libéral dans la construction européenne que tu n'enlèveras pas.Sur la suisse, jene vois pas en quoi l'Europe a le moindre poids sur le sujet, et le Luxembourg est un paradis fiscal de bien plus grande importance.Sur Clearstream et les transferts financiers, sache que l'Europe laisse les USA espionner les transactions SWIFT et que tout le monde s'en fout. sur ce sujet comme sur mille autres, l'europe ne sert à rien (il en dit quelque chose le si honnête lipietz, occupé à chasser le stal ?). si l'on veut vraiment faire quelque chose sur clearstream, on peut contraindre les banques françaises à respecter certains critères. les mêmes raisons qui font qu'on ne le fait pas au niveau français font qu'on ne le fera pas au niveau européen.pareil sur les nitrates dans nos rivières : que croit-on ? que les technos bruxellois sont plus soucieux de nos rivières ? non, ils sont justes plus loin des problèmes que l'application trop rapide de normes élaborées entre quelques associations et lobbyistes ne manquera pas de créer. (bon exemple la chasse : je ne crois pas que les dates théoriques européennes soient appliquées en france. quelque chose résiste apparemment...)sur les anchois, je ne sais pas grand chose des compétences de la commission en matière halieutique. en matière agricole, qui est pourtant un gros sujet européen, la clairvoyance de la commission ne lui a pas permis de dégeler à l'avance les terres en jachère qui nous manquent aujourd'hui pour calmer les tensions sur les cours.sur la Pologne, la charte des droits fondamentaux n'a RIEN à voir avec l'Union européenne, il s'agit du cadre de la CEDH. J'aime beaucoup le Conseil de l'Europe et la CEDH. Je remplacerais bien le parlement européen par le conseil de l'europe, par exemple.pour le pavillon maltais enfin, que fait l'europe sur ce sujet ? la france ne peut-elle pas refuser d'accueillir dans ses ports les pavillons de complaisance ? il y a, sur chacun des sujets que tu évoques, des réponses qui ne passent pas forcément par le déshabillage des compétences nationales au profit d'une organisation de plus en plus imbécile au fur et à mesure qu'elle accroît ses ambitions.
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J
D'accord sur l'idée qu'on pourrait réorganiser la répartition des compétences dans un sens comme dans l'autre.Par contre, c'est triste que le rêve d'Edgar soit de sanctuariser définitivement :* le droit du gouvernement luxembourgeois à permettre à Clearstream de lessiver les transferts fiscaux colossaux du capitalisme mondialisé* le droit du gouvernement suisse de faire du dumping fiscal en discriminant ses propres nationaux plus imposés que les mercenaires genre Johnny quand bien même ils gagneraient autant* le droit du gouvernement xxx à ne pas respecter Kyoto* le droit du gouvernement polonais à réintroduire la peine de mort par opting-out à la charte des droits fondamentaux* le droit du gouvernement maltais à accorder des pavillons poubelles qui polluent les plages de Bretagne* le droit du gouvernement français à conserver indéfiniment des rivières polluées par les nitrates* le droit des députés clientélistes de la chasse à permettre la chasse des oiseaux migrateurs pendant les périodes de reproduction* le droit du gouvernement espagnol à laisser exterminer les anchois dans le golfe de Gascogne* ...
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