La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Quelques liens...

Peu de temps en ce moment. Quelques liens quand même, pour tenir le rythme :

Chez Guy Birenbaum, un très beau billet compte rendu d'entretien avec un enseignant découragé. Je reprends la fin, mais lisez le reste, qui décrit bien les conséquences du climat de marche ou crève qui s'est instauré depuis longtemps, et dont l'arrivée de Sarko n'est qu'un aboutissement logique :

Il faut surtout l'entendre en parler de ces ses mômes, François.

Voir ses yeux pétiller et irradier toute la terrasse du café, à Montparnasse, lorsqu'il évoque modestement son sentiment d'avoir réussi à leur expliquer un tout petit truc. Rien. Un machin modeste. Juste à la fin d'un film qu'il leur a projeté la veille. Ils ont compris. Il est heureux.

L'écouter s'inquiéter pour l'un d'entre-eux qui va plus mal ou juste moins bien que d'autres.

Lire simplement l'humanité qui tient presque toute entière au fond de ses yeux fatigués. Et dans son sourire aussi...

Le regarder refaire le geste qu'il a du accomplir, quelques semaines plus tôt, quand un gamin s'est trouvé mal dans la classe. Là, au café, devant moi, François ne me raconte pas l'histoire banale d'un malaise. Il revit complètement la scène. Il l'a vu tout d'un coup, ou il l'a senti peut-être, qui tombait de sa chaise, le gamin. Il a réussi tout doucement à amortir sa chute pour l'empêcher de se fracasser la tête sur le sol.

Là, au café, François, sa tête penchée, en face de moi, vient d'ouvrir grand ses deux bras et d'embrasser le vide ; certainement très exactement comme il les a ouverts puis refermés ce jour-là, pour protéger l'enfant... Il accompagne toujours la chute. Il le serre fort. Il allonge l'enfant. Il le rassure. Il prévient.

Tout va bien se passer.

Ils ont quand même de la chance ces nos mômes d'avoir des gars pareils pour leur tendre les bras et les rattraper. Juste avant qu'ils ne tombent.



Un autre billet de Sébastien Fontenelle, qui fatigue du blabla sur "quel rôle pour Fillon" pendant que Sarko réforme en vitesse et en silence.

Au passage, 20 minutes est un gratuit mais c'est quand même chez eux que j'ai le sentiment de lire des journalistes humains, pas des robots formatés pour rentrer dans la ligne du journal (chic et décontracté chez Libé, sérieux et documenté au Monde...)


Dernier lien, un compte rendu d'interview de Malek Boutih, chez Aphatie. Extrait :

 

Une histoire courte à ce propos.
Lors de la préparation des élections législatives, le parti socialiste a cherché à promouvoir la candidature de Malek Boutih, ancien président de SOS-Racisme, né en France dans une famille venue de Kabylie, en Algérie. Il lui a été proposé de se présenter dans la 4° circonscription des Charentes, une terre ancrée à gauche où le député socialiste sortant avait décidé de ne pas se représenter.
Malgré l'approbation de la direction nationale, le parachutage de Malek Boutih se passe mal. Une responsable socialiste locale s'oppose à lui. Elle s'appelle Martine Pinville, se présente en candidate dissidente et se trouve, logiquement, exclue du parti socialiste. La campagne se passe. Martine Pinville arrive devant Malek Boutih lors du premier tour des élections législatives et remporte le siège de député au second. La suite est racontée dans un article de la Charente, le journal local, à la date du 20 juin dernier. Cet article raconte l'arrivée de Martine Pinville à l'Assemblée nationale. En voici un extrait:

François Hollande est venu l'accueillir à bras ouverts et lui faire la bise. A l'heure de la réunion de groupe du «Parti Socialiste et apparentés» au deuxième sous-sol de l'Assemblée nationale, en fin de matinée, oubliée l'incartade de la dissidence. Oubliée l'exclusion effective du parti pour désobéissance. Oublié l'épisode Malek Boutih.

Pris sur le vif, voilà bien un PS sans beaucoup de foi dans la représentation des "minorités visibles" et sans beaucoup de loi dans la vie interne.


Je ne connais pas Aphatie mais j'ai l'impression en lisant son blog qu'il a pris le bon côté de ce format d'expression, qui est de permettre une expression un peu moins surveillée. On n'a pas l'impression, à le lire, qu'il écrirait ou prononcerait exactement les mêmes choses dans un média classique.





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