Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...
1 Juin 2007
Craignant que les violations répétées des droits de l’homme ne finissent par alarmer, les Etats européens cherchent parallèlement à repousser toujours plus loin les frontières de leur violence institutionnelle. Dans la ligne de la Commission européenne qui préconise le partenariat avec les Etats frontaliers pour la création de « zones de protection régionales » pour les exilés, le ministre français de l’Intérieur vient de proposer une cogestion tripartite (Libye-UE-HCR) de camps de réfugiés installés dans le désert saharien. Le tri des candidats à l’asile ou à l’immigration pourrait ainsi se faire très en amont des frontières européennes, loin des regards des opinions publiques et de médias. Plutôt que de s’appuyer sur les droits fondamentaux pour œuvrer à « l’insertion harmonieuse des pays en développement dans l’économie mondiale », comme le prévoit leur traité fondateur, les Etats de l’UE ont choisi de les contourner pour se protéger des plus pauvres. Les morts de Ceuta et Melilla sont ainsi les victimes emblématiques d’une Europe gérant les rapports Nord-Sud dans une perspective essentiellement utilitariste, reniant les valeurs qu’elle déclare « universelles », et confiant, derrière le nouveau mur de la honte, le sort de milliers de personnes au désert du Sahara.
Qu'est-ce que je veux prouver avec cela ? Juste que l'Europe-plus-forte-parce-que-unis-on-est-plus-forts est aussi et surtout forte contre les faibles : camps d'internement en Afrique, suspension de l'aide en Palestine.
Ensuite, sur le point précis de l'immigration, comme l'UE est un espace, précisément, de libre circulation, plus cet espace est grand, plus il est attractif et plus l'intérêt d'en franchir les frontières est grand pour un plus grand nombre de gens. En conséquence, sa frontière doit être d'autant plus étanche, et, disons le, doit être plus sauvagement défendue, que s'il s'agissait de frontières entre nations.
Là encore, qui veut faire l'ange fait la bête...