Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...
9 Mai 2007
Celle qu'on a osé présenter comme symbole de la modernité politique n'avait-elle pas été plébiscitée lors du vote interne par tout ce que le vieil appareil socialiste compte de ringardise ? [...] Quant au fond du discours, la place exacerbée du JE laisse songeur. Je veux, je ferai, je déciderai. Dire qu'il fut un temps où la gauche s'opposait au pouvoir personnel au nom d'une volonté collective qu'elle jugeait consubstantielle à l'idéal démocratique. [...] Il est temps de hâter le mouvement en débranchant le respirateur artificiel qui maintenait encore un semblant de vie dans un parti fossilisé. Et de dire à Ségolène Royal, et à quelques autres, qu'elle n'est pas habilitée à l'assumer. Car, désormais, grâce à elle, il reste le plus dur : à vivre concrètement cinq ans dans la France de Sarkozy.
Le procès fait à Royal en inconséquence est ridicule. Non seulement, elle a des convictions, mais elles sont bien ancrées et si elle a su en masquer certaines le temps de la campagne, il suffit de revenir aux origines pour en dépister les invariants. Pour faire court, Royal a toujours été social-libérale en matière économique et néo-autoritaire dans le registre sociétal. Blairiste et pudibonde, si vous préférez. [...] Elle est étonnante, cette époque, qui méprise les organisations collectives et sacre les soi-disant rebelles, ces individus du sérail qui se mettent en dehors pour mieux pleurnicher qu'on ne veut pas d'eux. Ce qui, dans une société émotive, leur permet de déclencher la compassion et de rafler la mise. Les adhérents à 20 euros aimaient cette historiette bébête de la pauvre bergère méprisée, bottant les fesses des éléphants aux idées moribondes. En récompense, Royal leur a offert sa démocratie participative, vaste entourloupe pailletée de jérémiades, qui n'a modifié en rien la vision des choses d'une candidate au corpus d'idées déjà très structuré.