La lettre volée

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Le PS mérite-t-il de survivre à la défaite ?

Les six questions de l'après-présidentielle, 2/6

De nombreux scénarii sont possibles, qui peuvent conduire à un éclatement de la gauche « de gouvernement » en un, deux ou trois partis. J’inclus dans ces trois partis le futur « mouvement démocrate » de François Bayrou. S’il arrive à se maintenir et à compter, ce ne sera qu’en s’opposant à Sarkozy. Il gagnera là, s’il survit, une teinture « de gauche » certes trop pâle à certains yeux, mais avec laquelle il faudra compter. Une rapide étude des possibilités que un à trois partis de gouvernement émergent dans les mois qui viennent :

- un parti, si le PS arrive à se doter d’une direction stable, et à limiter le champ de ses partenaires à des partis protestataires éclatés. Il lui faut pour cela empêcher la formation d’une union des partis d’extrême gauche – ils s’en sont jusqu’ici fort bien chargés tout seuls. Sarkozy, de l’autre côté, se chargera de liquider le Mouvement démocrate naissant. Pour consolider ce scénario, le PS peut proposer l’organisation de primaires systématiques, sur le modèle de celles (sic) de novembre dernier, devenant un parti démocrate à la française : une assise large, une orientation idéologique édictée par le dirigeant du moment, choisi par des primaires. Si la solution des primaires n'est pas retenue, il faut, en sens contraire, dire très clairement que le Premier secrétaire du PS est le candidat du parti à l'élection présidentielle, on économisera pas mal de querelles internes ;

- deux partis, si, aidés ou non par une fraction de la gauche du PS, la gauche anti-libérale (ou anti-capitaliste, pour reprendre une distinction fondée d’Etienne Balibar) s’unit en un parti qui peut prétendre atteindre 12% à 15% de l’électorat, soit à peine moins que le PS résiduel. La dynamique du PS pour rester le premier parti de gauche consiste alors à récupérer les dépouilles de l’électorat bayrouiste et à pencher au centre, ce qui revient à continuer les jeux existants : un premier tour à gauche, un deuxième au centre ;

- autre hypothèse pour une configuration à deux partis : le PS récupère les voix de la gauche critique, et le Mouvement démocrate se maintient. Le PS se retrouve dans la position du PC, occupant le siège gauche d’un attelage nouveau, dans lequel François Bayrou conduirait à droite. Cette situation était plus crédible avant la dissipation des troupes bayrouistes, trop vite parties à droite pour un tel scénario. Les Farid Taha et autres bayrouistes ayant annoncé leur vote blanc ou Royal suffiront-ils à renverser la vapeur ?

- trois partis si le Mouvement démocrate arrive à obtenir un score correct en juin - un groupe parlementaire au minimum - que la gauche anti-libérale fait de même, et que le PS se maintient à des niveaux équivalents. Ici, le PS aura fort à faire pour conserver un cap et son unité, tout en tâchant de conserver sa prééminence à gauche. Les déterminants de ces évolutions seront la vitesse d’organisation pour les législatives et les résultats obtenus : c’est à partir des scores de juin 2007 que les futurs rapports de force à gauche seront établis. Pour la suite, ce sera, s’il reste dominant, la capacité du PS à s’ouvrir aux courants et opinions minoritaires qui lui permettra de dissuader certains de faire scission. Lorsqu’on lit chez Jean-Luc Mélenchon qu’il est persona non grata
sur les plateaux télé du fait non des télés mais de l’équipe de campagne, on voit là à l’œuvre de puissants mécanismes centrifuges.

Pas mal de ces questions de partis s'expliquent par des considérations de personnes, ce sera l'objet de la troisième question.

 

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F
Pour faire un parti, il faut au moins une idée ; ou un leader crédible, et il ne l'est que s'il a une idée. "Le social" ne peut plus faire l'affaire, personne ne sait ce que c'est.<br /> <br /> "L'idéologie de gauche ... était d'abord fondée sur l'anticapitalisme. Puis, pendant les 20 dernières années, [sur l'] étatisme. Pour l'instant, personne n'a encore pu formuler les nouvelles valeurs de cette idéologie".<br /> Etienne Schweisgut (Cevipof) dans 20 minutes.<br /> <br /> Il peut rester une gauche anti-capitaliste et pro-étatique : c'est exactement la charte Bové. Mais elle est vouée à l'échec.<br /> <br /> Il peut y avoir un parti démocrate / écologiste. C'est le positionnement du Mouvement démocrate ou de la campagne Royal (aux promesses étatistes près, justement).<br /> <br /> Trois partis, je vois mal.
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E
moralement tu as raison.<br /> <br /> Le problème c'est que le mouvement démocrate va avoir du mal à décoller : il semble intéresser plus les socialistes que ses propres membres supposés.<br /> <br /> J'aurais tendance à penser qu'il faut que Hollande, puisqu'il en a la légitimité institutionnelle, et uniquement pour cette raison, conduise la campagne législative, et remette son mandat en jeu après.<br /> <br /> Que le bilan de la campagne se fasse à froid.<br /> <br /> L'entrée en Sarkozie fait bizarre. J'ai entendu hier des amis me dire que Séguin pourrait hériter du ministère de l'immigration et de l'indetité nationale, j'étais tellement habitué à considérer cette idée comme grotesque que d'entendre que ça allait se concrétiser m'a fait tout bizarre...
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O
Sur la cuisine, je n'ai pas d'avis particulier. Sur la morale de l'histoire, un peu plus.<br /> Un parti qui a joué la victoire de Sarko ne mérite pas, à mon sens, de s'en remettre.
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