La lettre volée

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François Hollande souverainiste (européen)

Le 7 octobre dernier, Marine le Pen et François Hollande se sont interpellés à Strasbourg (cf. la vidéo). Marine le Pen a dénoncé, sans grande finesse, une Europe allemande. L'événement a été beaucoup commenté. Ce qui l'a peu été, c'est la réponse de Hollande.

 

 

Notre bon président, improvisant sous la charge, conclut ainsi : "La souveraineté n'a rien à voir avec le souverainisme, la souveraineté européenne, c'est d'être capable de décider pour nous-mêmes et d'éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes qui nous imposent aujourd'hui d'aller dans un chemin que nous n'avons pas voulu."

Je passe sur la fin de sa phrase, qui n'est pas claire du tout (sur quel chemin allons-nous que nous n'avons pas voulu prendre mais que nous sommes forcés de prendre pour éviter les extrêmes ? La construction européenne elle-même?) Je relève surtout que Hollande défend le principe d'une souveraineté européenne. Certes, il écarte un "souverainisme", mais c'est pour mieux lâcher que sa tâche réelle est de construire une souveraineté européenne.

Cela fait un moment que, ça ou là, l'aveu en est fait. J'avais notamment relevé un article de Guillaume Duval en ce sens, en 2012 ("Des nouvelles du souverainisme européen").

Mais enfin, de la part du président français, c'est assez nouveau. Alors qu'officiellement le bien de la nation est toujours la tâche principale du chef de l'exécutif, il apparaît plutôt ici, assez crûment, qu'il s'agit de défaire la souveraineté nationale au profit de la souveraineté européenne. Le débat n'est jamais présenté en ces termes, car on pourrait alors débattre rationnellement des avantages et inconvénients de ce changement d'échelle (sur le mode: gagne-t-on en efficacité à l'échelle européenne ce que l'on perd en capacité de décision ?)

Il est plus facile de vendre un débat artificiel où l'on renvoie la souveraineté dans le camp du mal (souverainisme), le camp de la construction européenne étant paré de toutes les vertus.

En réalité, les partisans de la construction sont des souverainistes européens. Hollande pourrait être plus clair en ce sens. Il a fallu, pour ce demi-aveu, qu'on le fasse sortir de ses gonds. C'est en cela qu'il n'est pas un homme d'Etat : il mène une politique qu'il n'assume pas.

 

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O
Bonjour. Bientôt les socialistes nous expliqueront que l'atlantisme est un souverainisme... (et ce qui est grand, vraiment grand, c'est que ce genre d'assertion "passe").
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G
Laisse tomber ton blog, tu te fatigues pour rien.
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A
D'accord avec vous, sauf la fin. Les européistes veulent défaire la nation, mais pour la remplacer par la loi du marché : l'Europe n'a jamais eu pour but de devenir une nation, ce qui serait impossible d'ailleurs pour des tas de raisons, à commencer par celle de la langue
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E
Je crois que les familles européennes sont multiples, et qu'il y a d'authentiques partisans d'une nation européenne, qui soit écartent l'obstacle de la langue, soit voient l'anglais s'imposer (et l'UE s'unir aux USA, cf. le livre l'Euramérique.) <br /> L'UE est libérale de fait pour plusieurs raisons : 1. il lui faut détruire les systèmes de protection sociale nationaux pour s'imposer à la place (en versant un RMI européen, ou imposant un SMIC européen symbolique) ; 2. Ses modalités de fonctionnement ineptes lui interdisent d'être efficace, donc les décisions de ne rien décider se prennent plus facilement 3 . dans tout ça la place des vrais ultralibéraux est faible, car même les libéraux pas trop ravagés savent qu'un marché se construit et s'adosse à des institutions.