La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Un enfant sur la plage

Un enfant sur la plage

"...son envie d'agir naissait toujours en réaction à l'impuissance qui le submergeait systématiquement à la vue d'un cadavre sur une scène de crime."

Batya Gour, Meurtre sur la route de Bethléem

 

Il y a un cadavre, mais qui est coupable ?

A lire l'éditorial du Monde, on ne le saura pas, mais on se demande si ce n'est pas l'Europe la victime. Et la victime devra obtenir réparation, sous forme de nouveaux pouvoirs.

Titre du journal : "réfugiés, l'Europe sous le choc après un nouveau drame".

L'édito : "L’exode ne fait que commencer, il ne s’arrêtera pas de sitôt. Et l’Union européenne est sa destination naturelle." C'est une pétition de principe, qui fait fi de la réalité, notamment celle du fait que la famille du petit Aylan comptait partir au Canada. L'éditorialiste du Monde n'a pourtant pas craint quelque arrangement avec les faits, pour les besoins de sa démonstration : "C’est un enfant syrien qui fuyait la guerre, avec sa famille. Ils voulaient gagner l’Europe, en l’espèce la Grèce, par la Turquie."

Toujours pour les besoins de la démonstration, il ne faut pas de coupables dans cette situation, ce qui compte c'est la victime européenne. Ainsi, "une partie du Proche-Orient s’effondre à nos portes. Des Etats qui étaient des piliers de la région se décomposent – la Syrie et l’Irak, notamment. Les pays voisins immédiats croulent sous une masse de réfugiés qui représentent souvent près du quart de leur population – en Jordanie et au Liban." Le Proche-Orient s'effondre tout seul, et personne ne l'a aidé ?

Ce qui compte est de terminer par un appel presque explicite à plus d'Europe : "Tellement décriée, ici et là, notre Union européenne nous a tout de même appris à gérer ensemble des politiques complexes et difficiles. Nos Etats-providence savent faire face à des situations d’urgence. Nos sociétés civiles sont tissées de liens associatifs qui ont fait leurs preuves, dès lors que l’opinion était convaincue de la justesse de telle ou telle cause. Il ne faut pas se tromper. Dans quelques années, les historiens jugeront les Européens sur la façon dont ils ont accueilli ceux qui fuyaient la mort sous les bombes,..."

Je déteste ce nombrilisme européen qui tourne au provincialisme, ramène toujours toute situation à l'Union européenne.

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Le lecteur pourra légitimement me faire le reproche symétrique, de profiter de l'occasion pour taper sur l'UE. Il suffit pourtant de lire d'autres titres que notre pravda du soir pour complexifier un peu le tableau de notre éditorialiste.

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Sur Vox.com, on trouve un long papier qui rappelle qu'une des raisons des départs de réfugiés est le financement insuffisant des camps qui les accueillent. Les Nations Unies estimaient à 5,5 miliards de dollars le financement nécessaire, l'UE, les USA et le Koweit en ont promis 2,2, même pas la moitié. L'article poursuit en précisant que les USA ont accueilli 1434 syriens dans les quatre dernières années.

Contrairement au titre du Monde, il n'y a pas que l'Europe qui est sous le choc. France 24 rapporte que sur twitter, un hashtag en arabe réclame que les pays du golfe persique accueillent plus de réfugiés syriens.

Et sur le site du journal suisse le Temps, un universitaire spécialiste des migrations avance que l'Europe a bien peu de raisons de se trouver "sous le choc" : "un nombre très important de personnes sont arrivées en Europe pour y demander l’asile en 2014 (environ 660 000) et en 2015 (plus de 400 000 durant les six premiers mois), mais nous sommes trop aveuglés par notre européocentrisme pour mettre ces chiffres en perspective internationale. Soixante millions de personnes sont actuellement déplacées de force à l’échelle mondiale et plus de 80% d’entre elles se trouvent dans les pays en développement. L’Europe n’est donc touchée que très marginalement par ce phénomène".

A en croire l'auteur, ce n'est probablemement pas, d'ailleurs, avec plus d'Europe, que l'on améliorera le sort des réfugiés : "Une étude récente a montré que les 28 membres actuels de l’UE ont dépensé depuis 2000 au moins 13 milliards d’euros dans des dispositifs visant à interdire aux demandeurs d’asile l’accès à leur territoire. Or, cette stratégie coûteuse s’est révélée largement inefficace – de nombreuses personnes ont réussi d’une manière ou d’une autre à pénétrer sur les territoires dont on voulait les exclure – et a engendré de surcroît les phénomènes contre lesquels elle prétendait lutter. En forçant les individus en fuite à utiliser des routes dangereuses, cette politique a permis le développement d’un marché juteux et incontrôlable, celui des passeurs, que tous pointent du doigt comme étant les principaux responsables de la «crise migratoire» que nous sommes en train de vivre."

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Mon intention n'est en rien d'écrire qu'il n'y a pas de problème et qu'il convient de fermer les yeux sur le sort des réfugiés. Je suis au contraire favorable à l'idée de Raffarin, que je découvre avec retard. Je rejette la tentation permanente de régler tout problème par une réforme accroissant les compétences de l'Union européenne. Surtout pour une question qui concerne l'ensemble de la communauté internationale. On peut toujours se demander ce qu'aurait fait Jésus, ou de Gaulle. A mon avis un président gaullien aurait annoncé un plan d'accueil important et appelé d'autres pays, USA et pays du Golfe compris, à en faire autant. L'éditorialiste du Monde, qui ne m'intéresse qu'en tant qu'il reflète la température des élites de notre doux pays, se soucie apparemment surtout de sauver l'UE, et de ne froisser personne d'autre. 

 

 

 

 

 

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O
Outre votre propos lui-même, ce qui est intéressant dans votre article, c'est qu'il ne fonctionne pas. La photo interdit de penser. Toute pensée devient presque scandaleuse. C'est une photo aliénante. Elle a clos tout débat, et plus on en parlait, moins on débattait - tout pas de côté, comme celui que vous avez tenté - était impossible.<br /> Je me souviens de Philippot qui avait tenté de dire quelque chose de parfaitement rationnel - à savoir que plus on favoriserait ce canal d'immigration, plus il y aurait de victimes. Il était inaudible. Totalement.<br /> On a donc eu droit à "c'est une honte pour l'Europe" suivi de l'éternel "il faut maintenant plus d'Europe".<br /> "Maintenant", j'aime beaucoup ce maintenant, renouvelable à l'infini.
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E
si je vous avais su armé j'aurais pris des précautions !
O
Et mon commentaire portait sur cette tentative de pas de côté, et mon sentiment de lecteur(Il arrive que l'homme au couteau entre les dents sache lire... on murmure même qu'il aurait parfois des sentiments).
E
Mon article portait peu sur la photo mais plus sur la réaction du Monde à la photo.
E
http://www.arcinfo.ch/articles/monde/allemagne-des-milliers-de-manifestants-anti-migrants-a-dresde-438545
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O
Tout le monde n'ayant pas l'entraînement de Démosthène, cet "armement" vous laissait en tout cas le monopole de la parole. Ce n'est pas rien.
J
"On peut toujours se demander ce qu'aurait fait Jésus, ou de Gaulle. A mon avis un président gaullien aurait annoncé un plan d'accueil important et appelé d'autres pays, USA et pays du Golfe compris, à en faire autant. L'éditorialiste du Monde, qui ne m'intéresse qu'en tant qu'il reflète la température des élites de notre doux pays, se soucie apparemment surtout de sauver l'UE, et de ne froisser personne d'autre. "<br /> <br /> Remarque évidente: Faire unilatéralement ce qui est juste, mettant ainsi les pays qui ne font rien en porte-à-faux, c'est exactement ce qu'a fait l'Allemagne, qui aurait pu difficilement mieux se rattraper après l'épisode grec. <br /> <br /> Cependant je n'en attribuerais pas le mérite à cette De Gaulle des temps modernes que serait Merkel. Pour avoir partagé la vie d'une non-europénne à Paris et le faire depuis un an à Berlin, je peux difficilement échapper au constat que la xénophilie et la culture démocratique sont davantage ancrés dans la culture allemande (ok, modulo quelques bastions bavarois et ex-communistes)<br /> <br /> L'épisode du Monde est donc effectivement totalement à côté de la plaque. La question n'est bien entendu pas "Que fait l'Europe?" mais bel et bien : "Que fait la France?". Et la réponse est sans doute trop connue et déprimante pour être verbalisée : <br /> <br /> Dans notre doux pays, on n'en finit pas de briser les mêmes tabous anti-immigrés.
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J
"Je prends les paris que si la situation économique allemande était comparable à la nôtre, les frontières germaniques seraient moins ouvertes. Mais la croissance ne sera pas éternelle outre-Rhin. On mesurera l'hospitalité allemande lorsque le chômage commencera à monter dangereusement."<br /> <br /> C'est une bonne question, et figurez vous que l'histoire récente nous y apporte des réponses.<br /> Vous êtes au courant n'est-ce pas que sur les 20 dernières années, l'économie francaise s'est mieux portée que l'économie allemande? On parlait même de l'allemagne comme l' "homme malade de l'Europe" à une certaine époque.<br /> Bon et bien pendant ces années difficiles, il y a eu une vague de migrations largement supérieure à ce qu'on connait en France du fait des guerres de Yougoslavie.<br /> Que se passe t'il aujourd'hui ? Les croates et leurs voisins sont l'une des minorités les mieux intégrées d'Allemagne.<br /> Je parlais de ca un jour lorsqu'un italien me regarde avec des grands yeux? Ah bon? Chez nous, on ne les aime pas, ils ont la réputation de rester entre eux, de former des mafias ("au lieu de rejoindre les mafias italiennes?" ai-je demandé?).<br /> De deux choses l'une donc: soit le bon grain est parti vers le nord et l'ivraie vers le sud, soit l'attitude de la population et les structure mises en place jouent un grand rôle pour prédire le succès de l'intégration.<br /> Vu comment s'est déroulé avec succès l'intégration des boat people des années 70 en France, je pencherais pour la seconde explication.
J
@nationalistejacobin<br /> <br /> Je ne crois pas le moins du monde aux catégories "humanisme" vs "réalisme" qui dominent en France. Dans la pratique les pseudo-humanistes ne font même pas leur part du boulot, s'attribuer un tel qualificatif est donc usurpé ; quand aux pseudo-réalistes ont un dédain pour la réalité tout à fait stupéfiant. <br /> <br /> Dernier épisode parfaitement grotesque: s'écharper autour de migrants sensés venir nous submerger, en ignorant la nouvelle qui devrait les réjouir que ceux-ci évitent d'eux même la France<br /> <br /> http://www.24heures.ch/signatures/reflexions/politiciens-veulent-ignorer-migrants-evitent-france/story/15630603
N
@ Jean-Michel,<br /> <br /> La densité n'a rien à voir avec le profil démographique: l'Allemagne a une natalité en berne, un vieillissement rapide de la population et une économie demandeuse de main-d'oeuvre.<br /> <br /> La France a une natalité plus favorable, un vieillissement moins rapide et un chômage de masse, donc aucunement besoin d'un apport de main-d'oeuvre. On ne parle pas de "remplir" un pays pour augmenter sa densité, on parle de permettre le renouvellement des générations et de pourvoir aux besoins de l'économie.<br /> <br /> Vu son profil démographique, la France n'aura pas un besoin pressant de travailleurs immigrés dans les prochaines années (même si la croissance finit par montrer le bout de son nez). L'Allemagne, si. Je trouve d'ailleurs très naïf de croire que les Allemands accueillent tous ces migrants par pur humanisme, sans tenir compte de leurs intérêts (à court terme à mon avis)... Je prends les paris que si la situation économique allemande était comparable à la nôtre, les frontières germaniques seraient moins ouvertes. Mais la croissance ne sera pas éternelle outre-Rhin. On mesurera l'hospitalité allemande lorsque le chômage commencera à monter dangereusement.<br /> <br /> Mais je pense que l'attitude face aux immigrés n'est pas seulement dictée par l'économie. Les attentats de janvier dernier poussent de plus en plus de Français à s'interroger sur le bien-fondé de la société "multiculturelle" et sur l'état du "vivre-ensemble". Des questions que se posent aussi bien des Allemands, malgré le consensus affiché.<br /> <br /> "Dans une société qui parvient à éviter cette tentation,"<br /> C'est sûr. Surtout quand ladite société a réussi à imposer sa monnaie, sa conception de l'orthodoxie budgétaire et l'hégémonie de son industrie à tous les pays voisins, n'est-ce pas?
J
@edgar un bien bel argument en faveur de Berlin :)<br /> @nationalistejacobin l'argument démographique s'il était valide devrait s'appliquer avec deux fois plus de force en France où la densité de la population est comparablement si faibe. Si le campagnard Raffarin émet cette idée, c'est pas pour rien.<br /> <br /> Je pense en effet que l'attitude face aux immigrés est lié à l'état de l'économie... mais qu'li ne s'agit pas du lien que donne le discours dominant dans mon pays natal.<br /> <br /> En gros c'est simple : à partir du moment oú une société va mal et qu'elle n'arrive pas à régler ses problèmes, elle se met à chercher des boucs émissaires, et les étrangers sont évidemment un bon candidat. Dans une société qui parvient à éviter cette tentation, à se serrer les coudes et à commencer à corriger ses problèmes, les étrangers contribuent à l'essor économique.
E
jean-michel, hitler détestait berlin la rouge, ça n'est peut-être pas l'endroit le plus représentatif de l'allemagne.
N
Excusez-moi mais les "ex-bastions communistes", c'est l'ancienne RDA, non? Même si on laisse de côté la métropole berlinoise (qui ne reflète que très imparfaitement le visage de l'Allemagne, comme on l'a vu dans les années 20), ça représente pas loin du tiers du territoire allemand. Alors si on y ajoute la Bavière...<br /> <br /> Par ailleurs, Angela Merkel a émis dans le passé des réserves sur la "société multiculturelle", tandis que le bouquin de Thilo Sarrazin s'est très bien vendu en son temps, aussi bien que celui de Zemmour.<br /> <br /> Je veux bien que, au vue de la démographie catastrophique et des besoins en main-d'oeuvre de la florissante économie allemande, les Allemands soient tout sourire. Mais, à mon avis, on aura l'occasion de reparler de l'hospitalité allemande dans quelques années, lorsque l'économie se ralentira... ou que les tensions communautaires s'attiseront.
J
Pegida c'est Desden et le sale héritage du communisme auquel je faisais allusion. Effort sans doute vain. <br /> Il n'est pire sourd que cleui qui ne veut pas entendre comme le dit la Fable.
N
C'est vrai qu'en France les néonazis brûlent régulièrement des centres d'accueil pour réfugiés. Et ne parlons pas de Pegida...
D
Mon cher Edgar, je dois dire que je suis surpris de votre réaction à l'idée de Raffarin. Je dois dire qu'en écoutant sa proposition, je me suis demandé s'il fallait sourire devant tant de naïveté, ou pleurer devant tant d'irréalisme. Derrière sa proposition on trouve une conception bureaucratique de l'être humain, exactement la même en fait qu'on trouve derrière l'idée de Junker de "quotas". Tous ces gens semblent croire qu'on peut traiter les gens comme on traite ses bibelots: on peut choisir de les mettre sur la cheminée ou bien dans la bibliothèque, mais si on les met à un endroit, ils y restent. On peut toujours décider qu'on installera le migrant dans tel ou tel pays, dans tel ou tel village. Mais si ce n'est pas la destination qu'il aura choisie, pourquoi resterait-il ? Croyez-vous vraiment que vous arriverez à convaincre le migrant qui rêve de Francfort ou de Munich de poser ses pénates en Bulgarie - façon Junker - ou au fonds de la Lozère - façon Raffarin ? Croyez-vous qu'après avoir traversé les mers et les terres au prix de tous les dangers pour aller vers la destination qu'il s'est choisi il craindra de défier un ordre administratif de rester là où il est ? <br /> <br /> Il faut arrêter de prendre les migrants pour des choses. Ce sont des hommes et des femmes, doués de libre arbitre. Ils feront ce qu'ils voudront sauf s'ils se trouvent devant une autorité décidée à utiliser la force pour faire respecter les règles. C'est donc là qu'est la question: sommes nous prêts à utiliser la force pour marquer les limites entre ce qui est permis et ce qui est interdit ? Non ? Alors pas la peine de parler de "quotas" ou d'imaginer qu'on assignera à résidence les migrants dans les petits villages français.
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E
cher rené, je n'ai rien contre un peu de fermeté. mais je pense que raffarin a en tête les nombreux villages où l'on attend quelques enfants pour éviter de perdre l'école de la commune. et ça ne paraît pas idiot de proposer d'y accueillir des réfugiés. je n'ai pas suggéré de leur offrir pour autant un visa schengen. cela ne me choquerait pas de les voir contraints de résider là où on les accueille deux, trois ou quatre années.
O
Salut Edgar, <br /> <br /> Je crains en effet qu'il ne faille faire le deuil du journal de référence. Du temps où le clivage était essentiellement droite/gauche, Le Monde pouvait apparaître comme étant au dessus de la mêlée, mais maintenant qu'il se situe entre libéraux et antilibéraux, ce n'est clairement plus le cas. Interestingly enough, ce rôle échoit maintenant plutôt au Figaro qui accueille dans ses colonnes tant libéraux qu'anti-libéraux. Il n'est d'ailleurs pas anodin que les francs-tireurs de gauche tels que Sapir, Onfray, Polony ou JF Kahn choisissent cette tribune pour afficher leurs opinions.<br /> <br /> Sur un tout autre sujet, je suis en train de lire Figures de proue de René Grousset. C'est un petit livre comme on n'en fait plus, désuet pour tout dire, mais tout à fait passionnant sur la construction, depuis Périclès, de notre Continent. Je te le conseille, c'est en poche et ça se lit très vite.
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E
bien noté le grousset. a l'air intéresssant
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Edgar, peux-tu lire cet article du journaliste Nafeez Ahmed ?<br /> <br /> Comment la CIA a fabriqué Google - How the CIA made Google<br /> <br /> https://medium.com/insurge-intelligence/how-the-cia-made-google-e836451a959e<br /> <br /> <br /> L'ensemble de l'article est trop copieux pour quelqu'un qui n'est pas anglophone de naissance et explore pleins d'autres sujets autres que les liens entre la création de Google avec la CIA. C'est surtout dans la partie 1 que Nafeez Ahmed traite des liens entre la création de Google avec la CIA. Bonne lecture.
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E
je l'ai copié sur word, ça fait 60 pages. résultat des courses pas tout de suite ! mais merci gilles :-)
N
Il y a une bonne solution, Gilles: désarmer les pays de l´U.E. et faire un juste échanges commercial avec tous. À chacun de se comporter selon cette ligne de conduite à l´échelle de sa responsabilité personnelle faute de mieux.
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G
Pour une fois, je suis assez d'accord avec l'analyse de Jean Bricmont sur le problème des réfugiés. Il n'y a pas de bonne solution, l'accueil est humainement indispensable, mais politiquement impossible :<br /> <br /> https://youtu.be/kU_ppUgmZ7Y
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G
Guerres des Gaules (librement de mémoire) : " les chefs Celtes considérèrent alors qu'a la vue de femmes et d'enfants affamés et mourrant de soif, les légionaires appitoyés les laisseraient passer ; Il [César] interdit non seulement de leur laisser le passage mais même de leur jeter de quoi subsister. Au bout du troisième jour les plus agueris ne supportaient plus les cris et les lamentations, les mères montrant leurs petits décharnés. Il fit battre de verge un valeureux optio qui, par mégarde peut être, avait laissé choir un morceau de pain du haut du mur. Sans cesse des groupes allaient entre les murs Celtes et nos fortifications ; pour les guerriers ennemis c'était encore plus dur, car il s'agissait des leurs femmes et de leurs enfants qu'il devaient abandoner pour avoir de quoi tenir un peu plus.Au dixième jour un homme ouvrit la porte et les survivants furent à nouveau dans l'opidum." (en écrivant je me demande si ce n'est pas dans la guerre d'Afrique du pseudo-César ... mais cela n'a pas d'importance).<br /> Il n'y a aucune obligation, d'aucune sorte, à acceuillir ces envahisseurs, personne en vérité, ni rien ne les contraint à venir, la guerre est plutôt moins vive qu'elle ne le fut, et le temps plus clèment qu'en plein hiver.<br /> La solution c'est de commencer à parler du rapatriement, par la force si besoin ; c'est aussi de commencer à le préparer afin de s'éparger de la violence inutile dont ils seront les victimes. Mais la seule solution à long terme c'est le développement des pays exportateurs, ou nous devons déverser des sommes considérables (ça sera toujours moins cher que ce que cela nous coute et nous couretra si rien n'est fait).<br /> Mais Edgar serait dèçu si je ne disais qu'a moyen terme, c'est la lutte contre l'islam, ferment de sous-developpement, de régession intellectuele et de violence, qui est prioritaire.
E
et puis gouverner c'est choisir, on le sait depuis un moment. si les solutions les meilleures étaient évidentes, ça se saurait. (désolé mais bricmont m'énerve)
E
bricmont commence par parler à la place de l'extrême-droite (l'extrême-droite pourrait dire ceci ou cela). je pense que l'extrême-droite n'a pas besoin de bricmont comme porte-parole, et qu'il ferait mieux de dire ce que lui souhaite.
N
De Gaulle, Edgar, car il s´agit d´une particule rattachée à un nom propre. On écrit Charles De Gaulle et Giscard D´Estaing. Ou bien?
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E
sir, yes sir!
N
Concernant l'idée de Raffarin (qui est aussi celle d'Aznavour), deux remarques:<br /> 1) On se garde bien de demander l'avis aux migrants: si, comme tout le monde nous l'explique, ce sont des cadres (ingénieurs, médecins, enseignants), ils doivent avoir vachement envie d'aller vivre au fin fond de la Corrèze ou de la Lozère.<br /> 2) On se garde bien de demander l'avis des habitants de nos campagnes: vue la progression du vote FN dans les secteurs ruraux, nul doute que les Français des campagnes ont hâte de voir arriver des milliers de Syriens musulmans (même s'il y a quelques chrétiens dans le lot) avec leurs enfoulardées et les prescriptions alimentaires que l'on connaît. Ah bah, si je vivais dans un petit village, je serais impatient de découvrir la vie en société cosmopolite qui marche si bien dans nos villes.<br /> <br /> Mais il est vrai que cette proposition présenterait deux avantages quand on y réfléchit:<br /> 1) On porterait un coup à ce qui reste de la France moisie, arc-boutée sur son identité en déliquescence, on détruirait un réservoir de voix frontistes et, si le temps le permet, on sauverait les églises rurales en les transformant en mosquées.<br /> 2) Les bobos seraient satisfaits: on aurait accueilli les migrants chers à leur coeur, l'honneur de la patrie des droits de l'homme serait sauf... Et on laisserait les bouseux gérer les problèmes de non-intégration, de "vivre-ensemble" comme on dit pudiquement, loin des quartiers où habitent les donneurs de leçon. Que rêver de mieux, n'est-ce pas? Se montrer généreux et laisser les autres payer le coût de cette générosité.<br /> <br /> Mais c'est une illusion de croire qu'on va arriver à répartir sur le territoire national une telle masse de migrants, sauf à porter atteinte à la liberté de circulation. Les Syriens ne sont pas les couillons que certains imaginent: ils voudront se regrouper (c'est humain, ça rassure) et vivre dans les espaces urbains dynamiques où il y a des perspectives d'emploi et de promotion sociale. Les espaces ruraux qui se meurent sont désertés à cause du manque d'activité et de services publics, et non pas le contraire. De plus, la plupart des migrants sont probablement des urbains. Qui peut croire qu'on va les obliger à vivre dans des trous paumés? <br /> <br /> Ce genre de proposition traduit une grande naïveté, une déconnexion inquiétante avec le réel, en plus d'un mépris pour les migrants comme pour les Français des zones rurales.
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E
je n'ai pas dit qu'il fallait accorder la citoyenneté européenne ou française aux réfugiés. si on leur dit de rester dans un village x ou y, ça n'est pas forcément une atteinet aux droits de l'homme, au moins dans un premier temps.
N
@ Axelzzz,<br /> <br /> Mais... moi aussi j'aime bien la naïveté. Sauf qu'en l'occurrence, je me pose une question, certes indécente et bassement matérialiste, mais fondamentale: qui va payer? Parce qu'il ne vous aura pas échapper que cette proposition naïve a un coût. Et je ne parle pas seulement du coût financier, mais aussi du coût en terme de tensions "identitaires" et de dégradation du "vivre-ensemble" comme on dit.<br /> <br /> "La grande différence est qu'au moins les deux premières générations seront redevable à la communauté (nationale)"<br /> Et après ces deux générations? J'ai tendance à penser que les enfants et petits-enfants de ces réfugiés deviendront des "wesh" comme on en compte déjà pas mal. Les riches pays du Golfe ne sont guère disposés à accueillir leurs "frères" syriens, mais on pourra compter sur eux le moment venu pour financer des mosquées et expédier des imams fondamentalistes à leurs coreligionnaires exilés en Occident pour les réislamiser (comme ils le font déjà). Après tout, cet apport de Syriens ne peut que renforcer le poids démographique des musulmans dans nos pays. Je suis sûr que l'Arabie Saoudite ne voit pas cela d'un si mauvais oeil...<br /> <br /> "Il s'agit aussi d'aider les ennemis de nos ennemis (ou plutôt leurs victimes)"<br /> Je ne pense pas. Pour aider "les ennemis de nos ennemis", il aurait fallu soutenir el-Assad dès le début, en partant du principe qu'il valait mieux une dictature à tendance laïque que le chaos dont profitent invariablement les islamistes. Cela a toujours été ma position, et il y a quelques années on nous traitait d'imbéciles et de poutinistes. Je refuse aujourd'hui de payer pour les erreurs d'un gouvernement naïf et incompétent. Je veux bien qu'on accueille quelques chrétiens d'Orient. Mais les musulmans peuvent aller se faire voir...<br /> <br /> "Ce serait un moyen de briser une forme de communautarisme musulman anti-français car il est peut probable de trouver beaucoup de pro-salafistes et d'anti-pays d'acceuil parmi ces personnes."<br /> Beaucoup d'Algériens sont venus en France dans les années 90 pour fuir les exactions des GIA. On observe pourtant une forte réislamisation chez tous les enfants issus de l'immigration maghrébine (rapport Keppel).<br /> Par ailleurs, pour briser le communautarisme, il faudrait empêcher les gens de se regrouper. Or, une fois que vous aurez dispersé les réfugiés dans toutes les campagnes de France, comment les empêcherez-vous de quitter certains villages pour se regrouper? Comment les empêcherez-vous de rejoindre les grandes villes, où une partie d'entre eux se retrouvera dans les quartiers difficiles, faute de mieux? Il n'y a pas de réelle volonté politique d'assimiler les populations immigrées aujourd'hui en France. Dans ce contexte, je ne vois pas bien ce que l'arrivée des Syriens changerait. De plus, qu'est-ce qui permet d'affirmer que l'emprise de l'islam est moindre en Syrie qu'au Maroc par exemple?<br /> <br /> "Au surplus, ce serait aussi une occasion de feindre d'organiser des événements qui nous dépassent."<br /> Désolé, l'illusion d'influer sur le cours de l'histoire ne me suffit pas... Et je trouverais dommage que les Français se résignent à cela.
A
Contrairement à vous, j'aime bien la proposition de Raffarin, précisément pour sa naïveté et sa relative fraicheur.<br /> <br /> Par ailleurs, il y a à mon avis une très forte différence entre une immigration syrienne qui concerne des gens peut-être qualifiés, mais qui partent pour éviter un danger de mort et l'immigration post-coloniale maghrébine. La grande différence est qu'au moins les deux premières générations seront redevable à la communauté (nationale) qui les aura accueillis et aidés à survivre à travers cette crise. Il s'agit aussi d'aider les ennemis de nos ennemis (ou plutôt leurs victimes) ce qui n'est pas non plus de mauvaise politique, malgré toute la naïveté qu'elle contient.<br /> <br /> Ce serait un moyen de briser une forme de communautarisme musulman anti-français car il est peut probable de trouver beaucoup de pro-salafistes et d'anti-pays d'acceuil parmi ces personnes.<br /> Le dernier avantage, et non des moindres, serait de pouvoir dire oui au nom de nos 'valeurs' universalistes tout en justifiant d'une capacité d’accueil limitée quant il s'agira des migrants arrivant par la Libye et venant d'erythrée, somalie ou autres endroits où nos 'ennemis' civilisationnels sont bien plus puissants. <br /> Au surplus, ce serait aussi une occasion de feindre d'organiser des événements qui nous dépassent. Ce qui ne peut pas faire de mal en soi...<br /> <br /> En revanche, je note aussi qu'edgar a commencé par mentionner l'insuffisance coupable de financement des camps de réfugiés du HCR. C'est là une question assez étonnante, voire très préoccupante, qui mériterait plus que quelques lignes dans ce beau journal français dont le rayonnement mondial ne se dément pas. <br /> <br /> Accueillir au nom de la République française des Syriens pour pallier le fonctionnement multilatéral de l'ONU mais aussi les couacs assez ridicules de l'UE sur le sujet (cf. la métaphores Sarkozienne du plombier, qui si elle reste de mauvais goût démontre que l'avantage d'être à plusieurs pour gérer ce type d'affaires est finalement assez faible) devrait donner le sourire aux souverainistes dont l'amour patriotique n'aurait pas épuisé toute générosité. <br /> <br /> Axelzzz<br /> <br /> PS. Pour ajouter à la complexité du débat, précisons que je perçois plus de spiritualité dans une église vide que dans une mosquée pleine d'hommes qui se prosternent dans une sorte de flashs totalitaires stroboscopiques pour reprendre les termes du bien-aimé E. Todd. Mais cela reste question de subjectivité évidemment...