La lettre volée

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Retour sur les Spartacus

Je ne suis pas complètement d'accord avec les arguments des Spartacus, ces haut fonctionnaires socialistes qui vont voter bayrou, mais je les rejoins dans leur conclusion.

Et j'ai été atterré par la condescendance étonnante laquelle on a voulu en faire des poujadistes.

(Cf. chez Frédéric Rolin, professeur de droit administratif, son premier billet, suivi d'explications peu convaincantes).

Chez Frédéric Rolin, justement, j'ai laissé le commentaire suivant :

"Il me semble que vous vous défaussez à bon compte. Non seulement vous avez employé le terme poujadiste abruptement, mais vous avez quand même écrit que Bayrou était le "le Pen" des hauts fonctionnaires.

L'analogie est presque injurieuse.

Ceci pour la forme. Sur le fond, votre réaction consiste à dire qu'il conviendrait d'écarter cette bande de déclassés qui entrave le char de la modernité.

Il faudrait peut-être s'interroger deux minutes pour savoir ce que nous avons fait de notre pays pour que nous puissions nous permettre de balayer d'un revers de main l'opinion de nos élites (comme la pétition des 30 professeurs agrégés de droit, qui n'a pas fait plus de lignes dans Le Monde qu'en leur temps les escarpins de Ségolène).

Par ailleurs, il me semble que ces professeurs agrégés comme ces haut fonctionnaires, sont confrontés à un même problème : la France n'est plus, de fait, qu'une grosse collectivité locale pour laquelle les décisions sont prises à Bruxelles et Francfort.

La seule chose que ces hauts fonctionnaires n'ont pas vu, c'est que Ségolène n'est pour rien dans cet état de fait : nos présidentiables peuvent habiller les oripeaux de la république comme ils l'entendent, le président de la république française a un rôle de plus en plus symbolique.

Voilà. Je sais depuis longtemps que votre blog est une référence de la blogosphère sérieuse, et, manque de chance, le premier billet que j'y lis me fait bouillonner par l'énormité des arguments employés, à tel point qu'il m'a fallu une journée pour me décider à laisser un commentaire un peu pondéré.

J'ai l'intuition que vous avez mis le doigt sur un problème véritable, mais plombé votre argument pour le plaisir d'un bon mot.

S'il est certes vrai que les Spartacus peuvent paraître exprimer un vote protestataire plus qu'une adhésion réelle au programme de François Bayrou, on peut, avant de les assimiler à un mouvement connu pour ses positions rétrogrades, se demander si véritablement les positions sont comparables. Toute protestation n'est pas poujadiste, ou sinon mai 68 l'était !

On peut aussi imaginer qu'il protestent avant tout et aussi contre l'indigence navrante du programme de leur candidate officielle.

Sur une question aussi importante, il aurait été intéressant d'ouvrir le débat, au lieu de le refermer par des analogies blessantes."

Voilà. Au fond, je m'étonne juste du conformisme extraordinaire des bien-pensants, et de leur aptitude à la surdité totale.

Un exemple : ni Libé, ni Le Monde, n'ont fait état de la pétition de 30 professeurs agrégés contre l'extension indéfinie du droit européen...

Et, contrairement aux autres, Bayrou a l'air de vouloir se faire attentif à ce qu'expriment les français, hauts fonctionnaires ou non, plus que d'autres qui ont pourtant mis à toutes les sauces la "démocratie participative".


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O
1/ le jour où l'on interdira moralement le vote protestataire, mauvais objet politique par excellence, ne devrait-on pas d'un même mouvement interdire le vote tout court, du moins tout ce qui ne serait pas vote d'acquiescement bruyant et sonnant, voire tout ce qui signerait un enthousiasme insuffisant ; bref, plus ça patine dans le réel, plus il faut terroriser les consciences, refrain connu et je ferai attention à éviter, selon ton mot exquis, les analogies blessantes ; <br /> 2/ quand cessera-t-on de nous faire croire que la politique du parti socialiste n'est pas, depuis le début d'une longue pause, une politique centriste ?<br /> Spartacus rappelle que le roi socialiste est nu et que son ennemi est dangereux entre tous.
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