La lettre volée

Notes et idées : Politique, Bandes dessinées, Polars, Media, Actualité, Europe...

Le rituel de l'ombre, d'Eric Giacommetti et Jacques Ravenne

Un polar longuet, sur fond de franc-maçonnerie. Un journaliste ayant enquêté sur la franc-maçonnerie et un maçon sous pseudonyme ont écrit ce polar un peu ramolli.

L'intrigue oppose des franc-maçons à une société secrète crypto-nazie, qui rivalisent pour la découverte d'un secret explosif (qui de révèle de faible ampleur assez rapidement).

Le sens de l'ouvrage est plutôt une présentation à but pédagogique de la franc-maçonnerie contemporaine – avec lexique en fin d'ouvrage, bibliographie et liste de sites internet à l'appui.

De ce point de vue « initiatique » si l'on ose dire, le but est atteint, mais de façon très délayée. On comprend, à l'issue de ces pages, que la franc-maçonnerie est diverse, avec des affairistes et des hommes d'une certaine noblesse, et qu'elle a connu des heures glorieuses. Au delà de ce j'en connaissais aupravant, j'ai découvert que les obédiences regroupaient des loges spécialisées par thématiques, ce qui peut constituer un gage d'efficacité.

On ne sent pas complètement cependant l'actualité de ces groupes, divisés entre obédiences diverses, qui ont l'air, faute d'être animés d'un but évident, de se réfugier dans l'observation assez plate des rituels et la justification par un passé glorieux.

On suit tout à fait les auteurs lorsqu'ils protestent, par la bouche de l'un de leurs personnages, contre les projets de déclaration obligatoire d'appartenance à la franc-maçonnerie pour les magistrats par exemple. Après tout, pourquoi ne pas demander cela aussi aux catholiques, aux membres des différents paris politiques etc...

La description qui est faite des cérémonies d'initiation prête à rire. Comme tout rituel ésotérique, le plus grand danger risqué par les franc-maçons en dévoilant leurs rites, est surtout le ridicule. Les auteurs décrivent des cérémonies lourdingues avec des phrases extatiques, comme si le propre de tous les rites, depuis le bizutage d'étudiant en médecine jusqu'aux rites maçons apparemment, n'était pas de créer un clivage artificiel entre initiés et profanes. Dans les débats, abordés par l'ouvrage, entre rationalistes peu soucieux du rituel, et traditionalistes plus sourcilleux, les auteurs se placent plutôt dans le camp des traditions.

Sur le style enfin, c'est un peu long, l'intrigue est un peu plate, et quelques scènes sont d'un érotisme facile. Une trouvaille malgré cela assez réussie, le personnage du jardinier tortionnaire, relance l'intérêt en milieu d'ouvrage. De quoi tuer le temps dans un voyage en train.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article