La lettre volée

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L'Europe abolit les visas, pas les frontières

A travers le monde on abolit progressivement les visas d'entrée. Mais pas les contrôles d'identité. On a toujours besoin du passeport - et peut-être plus que jamais - pour démêler la confusion créée par l'abolition des visas : en séparant ceux pour le confort desquels le visa a été supprimé, de ceux qui auraient dû rester chez eux, qui n'auraient même pas dû songer à voyager. La situation actuelle, qui combine la suppression des visas d'entrée et le renforcement des contrôles d'immigration, a une signification hautement symbolique.

On peut y voir la métaphore de la nouvelle stratification qui est en train de se mettre en place. Elle met en lumière le fait que c'est l'"accès à la mobilité mondiale" qui constitue aujourd'hui le premier des facteurs de stratification. Elle révèle aussi la dimension mondiale de tout privilège et de tout désavantage, même au niveau local. Certains d'entre nous jouissent de la nouvelle liberté de se déplacer sans papiers. D'autres, pour les mêmes raisons, n'ont pas le droit de rester où ils sont.

Cette citation de Zygmunt Bauman, dans Le coût humain de la mondialisation, n'est pas liée à l'Union européenne.

Comment ne pas y voir pourtant une description parfaite de l'escroquerie européenne relative à la liberté de mouvements : le quidam est ravi de pouvoir aller "librement" à Rome, Berlin ou Madrid, sans papiers et sans opération de change. Il oublie d'une part qu'au nom de la lutte contre le terrorisme c'est la compagnie aérienne, s'il prend l'avion, qui lui demandera ses papiers. Il oublie d'autre part que la liberté dont il jouit est payée - par d'autres - d'une fermeture
renforcée des frontières, opérée de façon très discrète (qui connaît Frontex ?).


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