La lettre volée

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Le Monde et l'Euro, leçon de maljournalisme

Un titre du Monde au siècle dernier (le 10 novembre 2007, précisément), m'avait beaucoup irrité :  "L'ascension de l'euro accuse les faiblesses de la France".

Ben voyons ! Comme si, à l'époque, les signes du poids croissant de la mauvaise gestion de l'euro n'étaient pas déjà  visibles, et pas seulement pour la France. Même Quatremer s'en était alarmé au moins quinze jours avant  (le 2 novembre, tout seul, en fin d'article, il suggérait que peut-être la BCE devrait devenir raisonnable et ne plus toucher les taux. Le 9, il signale que Trichet a appelé à une stabilisation de l'euro).

Ca ne fait jamais que 12 à 24 mois que tous les signes sont là pour montrer que l'économie américaine est surendettée, déficitaire, mais que le gouvernement américain ne fera rien contre ; que l'euro n'a aucun rôle politique sur la scène monétaire internationale (même le Monde titre sur "L'euro, une monnaie dépolitisée" le 31 octobre dernier) et que donc ça ne va pas s'arranger aisément.

(pour un exemple très concret, un billet de blog sur les délocalisations soft de Michelin aux USA, et de BMW. Ca date déjà d'août.)

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Mais non, comme il convient toujours et encore de rappeler
aux français l'inéluctabilité des réformes (toujours dans le même sens d'une vie plus dure aux faibles, rapport aux chinois etc...), il fallait que Le Monde titre sur la nullité de l'économie française même pas foutue de s'adapter à l'euro fort.

Petit problème, le Monde du samedi 24 novembre titre "Berlin s'inquiète, à son tour, de l'euro fort"... Et là, pas de commentaire condescendant sur la nullité de nos voisins.

Une question que l'on peut d'ailleurs se poser, est la suivante : ce retournement subit des allemands n'en dit-il pas plus long sur l'inanité d'une Europe politique que sur l'économie allemande ? Si la France et l'Allemagne ne sont pas foutues de s'accorder à deux sur une communication monétaire, n'est-ce pas, a fortiori, l'indice qu'à 15, et plus tard à 27, ça ne peut pas marcher ? Si les hommes politiques nationaux font des déclarations à usage interne, que ces déclarations sont en décalage temporel fort les unes par rapport aux autres, n'est ce pas le signe qu'il n'y a pas une opinion publique européenne, mais bien des opinions nationales, qui ont chacune une vie, un rythme, un tempo propre ; que la construction européenne a brusqué en voulant aller trop vite ?

Je referme la parenthèse. L'editorialiste du Monde du 24, qui, lui, est plus intelligent que la France et l'Allemagne réunies, conclut son papier par "l'euro fort n'a pas que des inconvénients" (la surdité n'a pas non plus que des inconvénients, elle isole assez bien des bruits du monde réel).

Bref, entre le 10 et le 24 novembre, le gros paquebot qu'est le Monde, commence à changer de direction sur l'euro. Encore 24 mois et il nous expliquera comment l'euro fort a continué à ralentir la croissance européenne dans la période 2003-2007...












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