26 Juillet 2015
Un entretien de l'Obs avec Jean-Claude Milner. Milner, y commente les récentes propositions de Hollande et DSK sur l'Union européenne. Ce qui est intéressant est que Milner est un invité régulier des séminaires de la Règle du jeu, revue dirigée par BHL. Milner entend limiter les pouvoirs de l'Union européenne par une réhabilitation des Etats-Nations. Rien à ajouter.
Quelques bonnes lignes :
"...François Hollande propose de disjoindre l'eurozone et l'Europe des traités. L'eurozone serait régie par un directoire d'Etats-nations, où la décision reviendrait en dernière instance au couple franco-allemand. En fait, il refonde l'Europe en la recentrant sur le continent européen. Même si la Grande-Bretagne, contre toute attente, adoptait l'euro, elle serait appelée à se soumettre au couple franco-allemand. Quand on laisse de côté les ritournelles sur la réconciliation et la paix, le couple franco-allemand tire sa légitimité de sa complémentarité: la France est l'Etat militairement le plus fort et le plus actif de l'eurozone, alors que son économie, sans être sous-développée, connaît des difficultés; l'Allemagne est l'Etat économiquement le plus fort de l'Eurozone, alors que son armée, sans être faible, ne dispose pas de la puissance nucléaire et limite volontairement sa capacité d'intervention.
Sur ces bases, le couple franco-allemand a vocation à devenir un acteur géopolitique économiquement et militairement fort; sous son impulsion, l'eurozone peut et doit s'étendre à de nouveaux territoires. Parlons net: il s'agit d'un programme de type impérial."
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"la lettre de DSK s'achève sur trois références littéralement impériales. Je le cite:
Alexandre, Napoléon, nos folles ambitions coloniales ont cru construire cette unité par la force des armes. La méthode, cruelle et détestable, a échoué mais l’ambition était fondée. Elle le demeure."
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"Il est clair que l'Europe est confrontée au retour des Etats-nations. Nié, condamné, mais constatable. Je dirais même que face aux deux morts-vivants que sont devenues l'Europe des traités et l'eurozone, les Etats-nations apparaîtront bientôt comme porteurs d'avenir. Leur retour ne produira pas nécessairement une montée des nationalismes; au contraire, il permettrait, s'il était accepté et bien conduit, de contrer les nationalismes agressifs."